Par quel ouvrage commencer pour découvrir Albert Camus ?

Bonjour,

Bien que décédé accidentellement à l'âge de 47 ans en 1960, Albert Camus laisse derrière lui une oeuvre considérable. Tour à tour journaliste, essayiste, romancier, dramaturge, philosophe et nouvelliste, son oeuvre comprend aussi bien des pièces de théâtres que des romans, des films, des poèmes et des essais dans lesquels il développe un humanisme basé sur la prise de conscience de l'absurde de la condition humaine et de la révolte en réponse à l'absurde.

Prix Nobel de littérature en 1957, il évoque dans son discours son instituteur Louis Germain qu'il a eu la chance de rencontrer lorsqu'il fréquentait l'école primaire communale du quartier Belcourt pendant son enfance à Alger. Peut-être est-ce ce livre que vous avez étudié pendant votre scolarité ?

Si vous souhaitez avoir un aperçu de son oeuvre et piocher dans quelques uns de ses textes, nous vous conseillons L'abécédaire d'Albert Camus qui vous permet d'accéder à une sélection de la production écrite représentative de son oeuvre.

Nous ne pouvons que vous conseiller par ailleurs la lecture de son premier roman, L'étranger, publié en 1942 par les éditions Gallimard sur les instances d'André Malraux. L'étranger est d'abord l'histoire d'un crime et de son châtiment, l'histoire simple d'un modeste employé de bureau qui commet un meurtre sans penser faire mal. C'est l'absurde. Mais le roman ne s'arrête pas là, c'est aussi l'évolution psychologique d'un caractère très particulier passant de l'indifférence à la passion inattendue pour la vérité.

Ce premier roman fait partie de son cycle de l'absurde, termes utilisés par Camus pour désigner une partie de son oeuvre regroupant ce roman, un essai, Le mythe de Sisyphe et deux pièces de théâtre, Caligula et Le malentendu.

Albert Camus qualifie ainsi cette première réflexion sur son travail. L'absurde de la condition humaine doit être analysé, concrétisé afin de pouvoir dépasser celle-ci et d'aller vers une révolte positive, qui doit déboucher sur un humanisme. Ce cycle dénonce notamment la société individualiste et la peur de l'autre. C’est dans cette confrontation décidée et incessante avec l’absurde que l’homme se découvre révolté, et c’est dans la prise de conscience de l’absurde que l'homme affirma sa dignité. 

Ce cycle est suivi de celui de la révolte. Albert Camus souhaite exprimer la révolte qu'il considère comme positive à travers ces trois mêmes formes et supports, qui sont le roman (avec La peste), le théâtre (avec L'État de siège et Les Justes) et l'essai (avec L'Homme révolté).

A propos de ce cycle, Camus disait :

L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. La révolte est donc la manière de vivre l'absurde, connaître notre destin fatal et néanmoins l'affronter. C'est l'intelligence aux prises avec le silence déraisonnable du monde.

Journaliste engagé, Camus ne s'inscrit pas dans le parisianisme littéraire. Il écrivait parce qu'il aimait écrire. Ses correspondances sont également de précieux documents sur sa vision du monde et sur ses relations avec ses proches. Découvrir le Camus épistolier, c'est découvrir un homme lucide et honnête.

Enfin, pour aller plus loin, nous vous conseillons d'écouter les excellents podcasts à propos de cet auteur, disponibles sur le site de France Culture.

Nous espérons vous avoir aidé dans votre souhait de découvrir un peu plus Albert Camus.