Quel est le symbolisme de la porte ou des trois portes pour le temple de Salomon ?
Question d'origine :
Bonjour à toute l'équipe.
Quel est le symbolisme de la porte ou des trois portes pour le temple de Salomon.
Je n'ai accès à aucune librairie ou médiathèque.Merci de m'aider.
Réponse du Guichet

Le franchissement de la porte du Temple de Salomon est important en franc-maçonnerie puisqu'il symbolise l'entrée d'un candidat à l'initiation. Le récipiendaire doit se courber en signe d’humilité pour franchir cette porte qui marque la difficulté de passer du monde profane au monde initiatique. La porte symbolise en effet le passage entre deux états, entre deux mondes, entre le connu et l'inconnu, entre le profane et le sacré, entre le matériel et le spirituel, entre les ténèbres et la lumière, le dénuement et l'abondance, entre le secret et le révélé...
Bonjour,
Voici quelques extraits d'ouvrages que nous avons pu consulter en rayon à la bml :
Porte
La porte du Temple se trouve à l’Occident, entre les deux Colonnes et, en France, entre les deux Surveillants. Le Couvreur est chargé de sa garde. […] Au Rite Emulation, c’est le «Tuileur extérieur». Les anciens rituels – et la chose s’est souvent conservée – insistent avec raison sur la notion de «porte étroite et basse». Plantagenêt a beaucoup insisté sur ce double caractère: pour lui, la «porte d’Occident» symbolise le fait que c’est à son seuil que le soleil se couche, c’est-à-dire que la lumière s’éteint. Au-delà, règnent les Ténèbres, c’est-à-dire le monde profane. Il voit dans le franchissement de cette porte par le récipiendaire un «rite de passage» tel qu’ils existent dans presque toutes les initiations traditionnelles. «Le profane est toujours censé ne pouvoir pénétrer dans le Temple qu’en passant par une porte étroite et basse qu’il ne peut franchir sans se baisser. Ce geste peut lui rappeler que, mort à une vie profane, il renaît à une vie nouvelle à laquelle il accède d’une manière semblable à celle de l’enfant venant au monde.» Il note cependant que, d’une façon générale, l’installation actuelle de la plupart des loges rend inopérant ce rite, car «la résonance des coups violents, et désordonnés dont son introducteur vient de heurter la porte» et le fracas qui entoure son ouverture témoignent du fait qu’elle est en réalité «large et haute».
D’après Boucher, la «porte du Temple» surmontée d’un triangle et d’un compas aux branches ouvertes vers le ciel, le premier étant une préfiguration du Delta Lumineux […] et le second impliquant d’après Wirth «une étude rationnelle, non de la terre ou des faits objectivement constatables, mais bien du Ciel, donc une investigation rigoureuse et précise des principes abstraits», doit figurer sur le Tableau d’Apprenti. Au Rite Emulation, le rituel insiste sur le caractère de la porte «close et bien tuilée» (par le Tuileur) et sur l’obstacle que constitue la porte et qui ne peut être ouverte que par les «trois coups» traditionnels.
Temple
[…] La porte est flanquée de deux colonnes de bronze ou d’airain […] «situées très probablement un peu en avant de la porte, à gauche et à droite de l’escalier de dix marches qui y mène. Elles sont surmontées de chapiteaux…
Source : Dictionnaire de la franc-maçonnerie / sous la direction de Daniel Ligou
Forme et symbolique de la porte du temple
Devant la porte du temple, peut naître de l’étonnement mêlé de surprise, suscités par la modestie de ses dimensions. Parfois, le premier élan vise à rechercher, après les obstacles, une porte aux dimensions imposantes. Isha Schwaller de Lubicz décrit bien cette confusion lorsque Her-Bak Pois Chiche, prétendant à l’initiation, se dirige vers un grand porche s’imaginant qu’il est la porte du temple. «Le Sage prit la main d’Her-Bak et le conduisit vers la gauche devant une porte basse, peu visible dans l’ombre.
- Voici l’entrée de ton chemin; celle-là est proportionnée à celui-ci: le sentier de la Connaissance est étroit, il ne permet ni détours ni complexités arbitraires; car la loi est rigide, le canon sans indulgence. Celui qui cherche le Réel n’accorde plus sa foi aux apparences.»
Porte des naissances
La forme de la porte est rectangulaire, figure qui se fonde sur le carré. Architecturalement, elle se compose de deux montants supportant une traverse ou linteau. Le rectangle adopte parfois le rapport de 1 sur 2. Il y a alors évocation du rectangle de la genèse ou double carré, construction géométrique retenue par les bâtisseurs à partir de laquelle ils concevaient l’édifice sacré. Ce choix ferait alors de la porte du temple la matrice de toutes les naissances en lumière.
Ternarité et rectitude
Avec ses deux montants et le linteau qui les recouvre, la porte offre une écriture du Nombre Trois. Le Trois marque l’accès au monde de l’au-delà – le divin, le sacré, le Ciel. En pénétrant dans le temple par le Trois, l’être sera mis en contact avec la connaissance dont ce Nombre est l’expression la plus synthétique. Celui qui franchira le seuil quittera le mental qui divise pour entrer dans l’intelligence qui réunit.
La rectitude est signifiée doublement. D’abord par la nécessité de respecter l’angle juste pour élever verticalement les montants, et ensuite par les angles droits que le linteau forme avec les deux montants. La rectitude est l’état nécessaire au franchissement de la porte. Construite par elle, la porte attend de celui qui désire la franchir, l’aspiration à se construire à son tour en fonction d’elle. Ecouter cet enseignement de la porte prépare à vivre l’illumination qui créera le Frère.
Une porte céleste
Le linteau qui vient se poser sur les deux montants stabilise la porte et assure sa pérennité. Il fait d’elle un monument durable. Il met en évidence que toute construction tient par le haut et, en vérité, trouve ses racines dans le Ciel. Il en résulte que le linteau – troisième terme de la construction – résout l’instabilité de la dualité – que représentent les montants – et s’identifie comme la clé d’harmonie de la porte.
Au Moyen Âge, le linteau prend la forme d’un demi-cercle renforçant la nature céleste de la porte. Les bâtisseurs médiévaux proposent ainsi de reconnaître dans cette clé de construction le Ciel lui-même, et fait d’elle une porte d’accès vers le monde céleste édifiée sur la terre sacrée.
A cet égard, l’étymologie du mot linteau est instructive. Le mot vient du bas latin limitaris, «limite». Compris comme limite, le linteau fait entendre que la porte du temple a pour limite supérieure le Ciel. La seule limite à la démarche initiatique est la voûte étoilée. Autant dire la promesse d’une vie en éternité.
Humilité
Les dimensions modestes de la porte obligent à se courber pour la franchir. Après la promesse du Ciel, la porte du temps exprime avec fermeté, certes, mais aussi avec prévenance, que l’humilité ne saurait manquer à celui qui désire pénétrer dans le temple. Ce dernier, demeure de la divinité, est le Grand. Celui qui se présente devant lui, à sa porte, est tout petit. Ce fort différentiel entre le temple et celui qui aspire à y pénétrer, a pour sens de développer l’humilité, indispensable pour aborder le monde de la connaissance. Elle prédispose à voir et à entendre ce qui sera rituellement révélé.
Une forme de balance
[…] la porte du temple est étroitement apparentée à une balance. La différence déterminante avec celle bien connue qui est utilisée pour la scène de la pesée du cœur est que, pour cette dernière, il s’agit de vérifier si l’initié a accompli des actes justes. Or, dans la situation qui nous occupe, il s’agit de confronter, sans préambule, le postulant à la rectitude. L’interrogatoire que fait subir la porte vise à faire prononcer son nom complet.
Ceci étant précisé, la porte du temple adopte, par conséquent, la forme d’une balance. Le linteau correspond au fléau auquel est suspendu le peson, ses deux montants sont les plateaux de la balance. De plus, sa forme intègre le mythe de création puisque chacun de ses composants se voit attribué une divinité.
A ce stade, la symbolique de la porte repose sur la rectitude, toujours elle, le mythe de création et la connaissance.
Selon la symbolique égyptienne, la balance symbolise la déesse Maât. Le nom de la déesse contient les idées de justesse, d’ordre et de rectitude. La porte du temple affirme que vivre le sacré implique de se conformer à la Règle, autre interprétation du nom de Maât.
La Règle, en tant que porte, signifie que sa connaissance passe par l’art de bâtir. La porte du temple comme balance enseigne que sa construction est juste et parfaite. Franchir la porte ne doit provoquer aucun déséquilibre au sein du temple qu’elle garde.
Devant la porte du temple, un enseignement: la conformité à la Règle implique que le cœur du postulant ait le désir de s’emplir de l’amour de la Règle. Perdurer dans cet amour montrera la volonté de construire son être comme la porte du temple: une balance toujours juste.
La porte du temple est une divinité, d’abord parce qu’elle représente la déesse Maât, ensuite parce que chaque partie de sa «personne» est en rapport avec une divinité participant du mythe de création. La porte enseigne que la perception du mythe passe également par l’art de construire. «Formuler le mythe, dit la porte du temple, consiste à construire le temple à mon image.»
Avant même que ne débute le chemin initiatique, la porte du temple transmet l’essentiel de l’initiation: la rectitude et le mythe de création.
Elle est une et multiple dans la mesure où elle annonce que la rectitude sur le chemin initiatique exigera de nombreuses épreuves qui, chacune, seront comme autant de portes à connaître et à franchir en conscience.
Source : Les portes du temple : de l'ignorance à la connaissance / Franck Zimmer
Nous vous proposons en complément la lecture de quelques planches issues du site www.ledifice.net : recueil de planches : La Porte - Les Portes. Quelques exemples :
La Porte Basse ou l’Humilité oubliée
La Porte Basse, la Porte étroite
Courbez-vous, cette porte est très basse
Quelques livres :
- Les deux colonnes et la porte du temple / François Figeac
Autres articles :
- Les deux colonnes de la Franc-Maçonnerie : la pierre et le sable / Philippe Langlet
- Pratique rituelle et forme de l’espace : le temple maçonnique : forme, type et signification / François Gruson
- La porte basse (planche maçonnique)
- Le franchissement de la Porte basse
- Le franchissement de la porte
Bonne journée.