Qu'est-ce que le code de Gortyne ?

«Le «code» de Gortyne est une source précieuse pour appréhender les relations entre droit et famille. En français, l’édition de référence est celle de H. Van Effenterre et de F. Ruzé (1995). Le document crétois, gravé sur la paroi concave d’un mur circulaire et réutilisé dans la construction d’un Odéon, propose, sur 621 lignes réparties en douze colonnes, une série de dispositions juridiques réglementant les questions de succession, de divorce, d’adoption de dot, de veuvage, de filles héritières, d’exposition des enfants, ou encore de droits et devoirs des parents. C’est l’ensemble le plus important de textes de lois que l’Antiquité ait légué. On parle par commodité de «Code», même si l’ensemble n’est pas exhaustif mais présente des mises au point précises sur des cas particuliers de droit des personnes. On date aujourd’hui le Code de Gortyne du début du Ve siècle. Ainsi que le résume M. Lajeunesse, «son contexte d’émission tout comme son rapport avec les nombreuses autres inscriptions législatives crétoises- pour la plupart très fragmentaires- demeurent inconnus et le Code doit par conséquent être considéré comme un document «autoréférentiel», pour reprendre le terme d’A Maffi». On ne sait si plusieurs individus sont à l’origine du code ou s’il faut imputer l’ensemble des dispositions juridiques à un seul législateur.» Famille & société dans le monde grec et en Italie [Livre] : du Ve siècle av. J.-C. au IIe siècle av. J.-C / Aurélie Damet, Philippe Moreau (p. 26)

«Le Code de Gortyne est la principale source d’information en ce qui concerne la grande cité de Crète ainsi que le plus grande texte législatif de l’époque archaïque et classique. Les caractères sont disposés boustrophédon sans séparation des mots, mais avec des blancs ou des ornements pour distinguer certains paragraphes. L’inscription est datée approximativement du milieu du 5ème siècle av. J.-C. : Nomima II, no. 6. Le Code peut contenir des dispositions nouvelles, ainsi que de droit antérieur qui nous permet de mentionner et d’interpréter l’époque archaïque de Crète. L’inscription contient les plus importantes dispositions juridiques pour une société. Ces dernières concernent le droit civil, pénal et la procédure. Pour un résumé du Code, le lecteur intéressé pourra lire l’introduction du second tome de Nomima. En ce qui concerne le terme Code, tous n’acceptent pas cette appellation traditionnellement employée pour désigner le document, notamment, parce que celui-ci ne réglemente pas un domaine particulier et aborde différents sujets de façon plus ou moins approfondie : H ÖLKESKAMPS (1999) ; DAVIES (1996) 56. Van Effenterre et Ruzé ( Nomima II 3, no.1) rappellent que le texte ne correspond pas à «une codification au sens moderne du terme, c'est-à-dire un document juridique traitant avec méthode de tout ou partie d’un droit existant ou prévu pour un proche avenir», mais ils pensent qu’il s’agit d’«une série de mesures de circonstance». On partage la thèse de Lévy qui défend que cela «constitue un peu un faux problème, puisque tout dépend de la définition plus ou moins large ou plus ou moins exigeante qu’on propose de la notion de code» LEVY (2000).» dans La femme Spartiate et Crétoise : Une co-interprétation, Mary Fragkari

«Située en Crète, Gortyne fut l’une des plus importantes cités de l’île. Vers le milieu du VIIe siècle, elle inaugure une tradition de codification et de transcription de ses lois, qui mena au Grand code du Ve siècle, dont les blocs furent réutilisés dans la construction de l’odéon romain à l’emplacement probable de l’ancienne agora.», Dictionnaire du monde grec antique / sous la direction de Maurice Sartre, Annie Sartre-Fauriat et Patrice Brun (p. 243)

«C’est à Gortyne, la cité crétoise, que nous trouvons la plus belle collection de lois ; mais elles ne concernent que les cas litigieux : il n’est pas toujours facile d’en déduire les situations ordinaires.»... «Au siècle dernier, une série de blocs inscrits correspondant à un mur circulaire fut retrouvée à Gortyne, en Crète. La gravure date du Ve siècle, mais le contenu est parfois antérieur. Ces lois réglementent les rapports entre particuliers, notamment à l’occasion des héritages, des unions et des séparations, des adoptions, des endettements, des contestations de servitude, etc.» H. Van Effenterre et F. Ruzé, Nomina II, 1995 dans le Le monde grec antique

Un fragment du mur a été rapporté de Crète jusqu’en France et est aujourd’hui conservé au Louvre.

Vous trouverez le texte intégral dans La loi de Gortyne, Rodolphe Dareste de la Chavannes

Vous pouvez consulter aussi :

Ce petit compte-rendu d’une table-ronde: Les Lois de Gortyne « D’une découverte archéologique crétoise au droit européen contemporain »

La mère dans le Code de Gortyne : reconnue juridiquement, mais pas autonome pour autant

Libres et non-libres dans le code de Gortyne, Edmond Lévy

Observations sur la loi de Gortyne, Louis Gernet

Repenser le rapport entre loi et famille dans la Grèce archaïque et classique : l’exemple de la descendance dans les inscriptions à caractère législatif

Bonne lecture !