Je cherche des informations sur la Suède entre le 16 et le 17 siècle
Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche les informations sur la Suède entre le 16 au 17 siècle :
- situation territoriale, pays convoités ou annexés,
- personnages liés à la puissance de la Suède,
- les échecs qui ont marqué la Suède à cette époque, les oppositions
Merci d'avance pour votre aide.
Réponse du Guichet
Nous vous proposons un extrait de l'universalis relatif à l'histoire de la Suède à l'époque moderne ainsi que divers documents pour aller plus loin.
Bonjour,
Voici tout d'abord un extrait de l'article écrit par Claude NORDMANN et publié dans l'encylopaedia universalis relatant l'histoire de la Suède à l'époque moderne :
L'indépendance, la Réforme et les premiers Vasa
Au début du XVIe siècle, les Danois étaient engagés dans d'interminables intrigues et des guerres pour rétablir leur souveraineté sur la Suède. En 1520, Christian II réussit à se faire couronner roi de Suède à Stockholm, grâce à l'appui du haut clergé, mais après qu'il eut fait assassiner, lors du « bain de sang de Stockholm » (nov. 1520), les chefs du parti de la liberté, une révolte éclata parmi les mineurs de Dalécarlie, fomentée par un gentilhomme, Gustave Eriksson Vasa.
Gustave Ier et la rupture de l'Union
Grâce à l'appui de Lübeck, adversaire de la collusion dano-hollandaise en Baltique, Gustave Vasa réussit à chasser les Dano-Norvégiens du territoire. Proclamé, en 1523, roi élu de Suède au Riksdag de Strängnäs, sous le nom de Gustave Ier, par les quatre ordres, noblesse, clergé, bourgeois et paysans libres, il fut le bâtisseur du royaume, le fondateur d'une dynastie qui régna jusqu'à Christine en ligne directe.
Au cours de son long règne (1523-1560), la puissance de la couronne et l'influence du protestantisme évoluèrent conjointement. [...]
Bon administrateur, Gustave Vasa réorganisa sans ménagement, avec de nombreux étrangers, les finances publiques, régularisa l'administration en nommant des baillis provinciaux, développa l'armée, la marine, et réglementa la vie économique tendant à une sorte de prémercantilisme, vendant le bois et le fer tirés de ses domaines ou perçus au titre des impôts en nature. De nouvelles terres cultivées, la dette de Lübeck remboursée, il s'efforça de dégager la Suède-Finlande de l'emprise hanséatique. En 1544, le Riksdag, à sa demande, abrogea l'ancienne loi qui rendait la couronne élective et la déclara héréditaire dans sa maison. Unie à la couronne, la Réforme évangélique était désormais le palladium de la Suède et le creuset de sa culture nationale. En revanche, la lutte de la monarchie centralisatrice contre la noblesse allait durer aussi longtemps que la puissance monarchique appuyée sur les paysans.
Le conflit pour la domination de la Baltique orientale était ouvert, où s'opposaient les convoitises et les intérêts de la Suède, du Danemark, de la Pologne et de la Moscovie. En 1558, Ivan IV le Terrible s'empara de la Livonie des chevaliers Porte-Glaive et de l'important port de Narva. Gustave Vasa lui disputa la Carélie et l'Estonie, et les vaisseaux suédois firent le blocus de Narva pour détourner le trafic vers Reval. Erik XIV (1560-1569), fils aîné de Gustave Vasa, lui succéda, plus anxieux de lutter contre Lübeck et la Moscovie. Il imposa sa suzeraineté à l'Estonie. Mais la faveur accordée à des secrétaires d'État roturiers lui aliéna l'aristocratie, et les revers qu'il essuya dans sa lutte contre le Danemark et la Pologne entraînèrent des souffrances. Ses frères, les ducs Jean et Charles, n'eurent pas de peine à renverser le monarque demi-fou (1568). Le Riksdag de 1569 proclama roi Jean III. L'épuisement des belligérants amena ceux-ci à conclure la paix de Stettin de 1570, la Suède ayant dû racheter Elfsborg, son seul port sur la mer du Nord. La guerre nordique de sept ans (1563-1570) n'avait assuré à aucun riverain la suprématie en Baltique.
L'échec de la Contre-Réforme
Jean III (1569-1592) avait déjà montré comme duc de Finlande sa volonté d'infléchir la politique suédoise dans des voies nouvelles. Son mariage avec la sœur du roi de Pologne le rapprocha des puissances catholiques. Il reçut secrètement des jésuites. Les souverains partisans de la Contre-Réforme espérèrent le retour de la Suède au catholicisme. Mais le pape Grégoire XIII, malgré l'habileté de son nonce, ne crut pas pouvoir accorder à Jean III les concessions qu'il réclamait en matière de liturgie et de doctrine. Au surplus, le clergé et le peuple, sinon la noblesse, n'étaient pas disposés à cette conversion.
Son fils, Sigismond, roi catholique de Pologne, puis de Suède (1592-1604), tenta plus résolument de rétablir le catholicisme en Suède-Finlande et de créer une union suédo-polonaise. En riposte, le synode d'Uppsala (févr. 1593) abolit la liturgie de Jean III, adopta l'Écriture sainte comme base doctrinale, la Confession d'Augsbourg et le catéchisme de Luther. Profitant de son absence, son oncle, Charles de Sudermanie, organisa la révolte, soutenu par le Conseil et le parti protestant de Suède, et se fit déclarer régent par le Riksdag en 1595. Sigismond fut défait à Stångebro (1598). L'année suivante, il fut déposé et remplacé par Charles IX (1604-1611), qui écrasa l'opposition des aristocrates monarchomaques et s'appuya contre la noblesse sur les paysans, la bourgeoisie, le clergé et l'université d'Uppsala rouverte et dotée de nombreux privilèges. À l'extérieur, il dut lutter simultanément contre le Danemark, la Pologne et la Russie, léguant trois guerres à son fils Gustave Adolphe. L'héritage que constituait la monarchie des premiers Vasa, mixte et patriarcale, était menacé.
Le temps de la grandeur (1611-1721)
L'accession à la puissance
Le Danemark, exploitant le monopole du Sund, a voulu interdire à la Suède un accès à la mer libre par Gefle et Göteborg. Christian IV doit abandonner ses projets contre la Suède (1613). À la Russie en proie aux Troubles, Gustave II Adolphe (1611-1632) impose la paix de Stolbova (1617), qui fait du golfe de Finlande une mer suédoise, privant les Moscovites de leur débouché sur la Baltique. À la Pologne de son rival, Sigismond III, héritier légitime du trône de Suède, la trêve d'Altmark enlève la Livonie céréalière et les précieux droits de douane de Prusse-Orientale : la Baltique devient un lac suédois.
Aidé du chancelier Axel Oxenstierna, Gustave réorganisa les rouages gouvernementaux. Il avait dû d'abord reconnaître, par la charte de 1611, les privilèges de la noblesse, notamment la franchise d'impôt, pour obtenir le concours financier et militaire de celle-ci. De fait, malgré certaines entorses, le premier ordre fut toujours ménagé. Gustave Adolphe en fit un groupe social plus homogène (palais de la noblesse de 1626), interdisant les mésalliances, encourageant les prétentions aristocratiques, mais sous sa dépendance. Cependant, les gentilshommes jouèrent le rôle de fonctionnaires dans les cours de justice et les collèges administratifs sous l'autorité de six grands officiers du Riksråd (le Conseil ou Sénat). Surtout, ils fournirent d'excellents cadres pour la nouvelle armée, soit dans l'infanterie de milice, recrutée par conscription et cantonnée, soit dans la cavalerie, cuirassiers et dragons, volontaires ou mercenaires étrangers : cet instrument militaire avait une valeur exceptionnelle, était doté d'un caractère national et religieux et possédait une discipline rare pour l'époque ; Gustave Adolphe fut amené à l'utiliser dans la guerre de Trente Ans, pour des mobiles religieux, politiques, économiques ou stratégiques. Il redoutait en effet le pouvoir grandissant des Habsbourg et la Ligue catholique. Les armes forgées par Louis de Geer et ses forgerons immigrés de Liège et l'audacieuse rénovation de la tactique gustavienne, allégeant mousquets et canons dans des corps indépendants, manœuvrant en ordre mince, couverts aux ailes par la cavalerie, firent merveille à Breitenfeld (17 sept. 1631) et dans la région rhénane, menaçant même la Bavière, malgré les objurgations de la France de Louis XIII et de Richelieu, qui lui fournissait depuis le traité de Bärwalde (1631) d'indispensables subsides. Il entreprenait de grouper autour de lui les princes protestants d'Allemagne du Nord en une sorte d'empire protestant quand il tomba victorieux à Lützen (16 nov. 1632).
Christine, sa fille unique, était âgée de six ans ; le gouvernement fut donc assumé par Oxenstierna au conseil de régence. Après la défaite de Nordlingen (1634), l'alliance renouvelée avec la France, relayant les ventes insuffisantes de cuivre royal, permit la poursuite des hostilités. Si les ports de Prusse-Orientale furent restitués à la Pologne, le traité de Brömsebro avec le Danemark-Norvège céda à la Suède le Jämtland, l'Härjedalen, le Halland, les îles d'Ösel et de Gotland, et l'exempta des droits du Sund et des Belts (1645). La paix de Westphalie, enfin conclue à Osnabrück, en octobre 1648, consacrait la prépondérance de la Suède sur la Baltique et l'embouchure des trois fleuves allemands, avec les ports de Stettin et de Wismar, dans le Mecklembourg, les évêchés de Brême et de Verden, marquant le zénith de sa puissance ; puissance évidemment contestée par le Brandebourg et la Hollande, intermédiaire inévitable du commerce nordique, qui s'était rapprochée du Danemark.
Crise et reconstruction
Pour financer ses guerres et sa diplomatie, l'État avait dû affermer ou aliéner les domaines de la couronne, rendant ainsi la noblesse propriétaire de 72 p. 100 des terres, la couronne et les paysans n'en possédant plus que 28 p. 100, vers 1650, alors que, en 1550, paysans, couronne et noblesse possédaient respectivement 50,18 et 32 p. 100 des terres. Les paysans risquaient de tomber sous l'entière dépendance de l'aristocratie, qui avait emprunté à l'Allemagne une conception féodale de l'autorité, alors que la Suède ignorait le servage. Cette évolution s'accéléra pendant la minorité de Christine et sous son règne de 1644 à 1654. Héritière des dons culturels de son père, elle manquait de son puissant équilibre. Et ses goûts dispendieux de princesse baroque, protectrice de Descartes, La Vallée, ou Vossius, accrurent le déséquilibre financier. La tension sociale, l'affrontement des ordres pendant les diètes, sa conversion secrète au catholicisme la décidèrent à abdiquer en faveur de son cousin le Palatin Charles X Gustave.
Charles X Gustave (1654-1660) soutint la création de la banque de Palmstruch, devenue Riksbank, mais la première émission de billets de banque et une « réduction » partielle des biens restitués à la monarchie ne rétablirent pas la balance des comptes. La guerre, industrie nationale, s'imposa à nouveau. Après avoir ravagé la Pologne, Charles X s'empara du Danemark en franchissant les Belts glacés et contrôla le Sund. Mais l'intervention des Provinces-Unies contraignit la Suède, aux traités de Röskilde (1658) et de Copenhague (1660), à n'annexer que la Scanie et le Bleking, lui assurant ses frontières naturelles.
Les prétentions et l'accaparement territorial nobiliaires reprirent pendant la régence et la minorité de Charles XI (1660-1672), sous le gouvernement du chancelier Gabriel de La Gardie. Le traité de subsides franco-suédois de 1672 permit au royaume d'entreprendre la guerre contre le Brandebourg, marquée par la défaite de Fehrbellin (1675) et une dangereuse invasion dano-norvégienne, appuyée par des soulèvements paysans (1675-1678). La victoire de Lund (1676) et l'intervention de Louis XIV lui restituèrent presque tous ses territoires en 1679.
Le développement des exportations de blé de Scanie et de Livonie, des produits maritimes, des industries métallurgiques a provoqué celui d'une bourgeoisie de commerçants, d'armateurs, de manufacturiers ; le roi Charles XI put s'appuyer sur elle et sur sa nouvelle noblesse de service pour exclure les grands seigneurs du gouvernement et de l'administration et réaliser, avec l'approbation du Riksdag, la « réduction » qui confisqua une partie des domaines aristocratiques. La richesse foncière fut répartie également entre la couronne (35,6 p. 100), la noblesse (32,9 p. 100) et les paysans (31,5 p. 100), les revenus des domaines royaux étant affectés à la réfection de l'armée, de la marine, des routes et des ports. Le clergé fut fonctionnarisé. La paix et la neutralité favorisèrent l'essor économique, tandis que dans les universités de Lund, d'åbo, de Greilswald on faisait l'éloge de l'absolutisme et on prônait le gothicisme (exaltation du passé scandinave).
La ruine de l'empire baltique
Les guerres de Charles XII (1697-1718), pour rompre l'encerclement de l'empire baltique par la Russie, la Pologne, le Danemark, furent d'abord victorieuses (Narva, 1700). Mais la grande guerre du Nord enlisa l'armée caroline en Pologne et en Saxe pour détrôner Auguste II et imposer à Altranstädt, en 1706, Stanislas Ier. Le périple s'acheva à Poltava, en Ukraine, où l'artillerie ouralienne de Pierre Ier écrasa les Suédois. L'exil royal en Turquie permit à la coalition nordique, grossie du Hanovre et de la Prusse, d'achever le partage de l'héritage de Gustave Adolphe. Le retour et la résistance désespérée de Charles XII, sa mort en Norvège en 1718, l'imbroglio diplomatique ne purent que retarder la liquidation à Stockholm et à Frederiksborg (1719-1720). Le Hanovre gagna Brême et Verden, la Prusse Stettin et une partie de la Poméranie, le Danemark la part suédoise du péage du Sund, et Pierre le Grand annexa les provinces baltiques. La Suède-Finlande ne conservait que les îles d'Aland, Rügen et la Poméranie antérieure : c'était la fin de sa période de grandeur.
Pour approfondir le sujet, nous vous renvoyons aux documents suivants :
- Histoire de la Suède / Jean-Pierre Mousson-Lestang
- Brève histoire de Suède / Ingvar Andersson et Jörgen Weibull
- Grandeur et liberté de la Suède, 1660-1792 / Claude Nordmann
- La Scandinavie à l'époque moderne : fin XVe-début XIXe siècle / Eric Schnakenbourg, Jean-Marie Maillefer
- https://catalogue.bm-lyon.fr/ark:/75584/pf0001163085.locale=fr Christine de Suède / Bernard Quilliet
- Christine de Suède : la souveraine énigmatique / Verena von der Heyden-Rynsch
Sur internet :
- Suède : histoire / Larousse
- Histoire de la Suède / Wikipedia
- La Suède Une grande puissance européenne (1560-1720) / Julien Colliat
Bonne journée.