Y a-t-il eu un massacre à Lyon le 14 décembre 1793 ?

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Le 03/04/2022 à 18h44 933 vues

Question d'origine :

Bonjour,

Une gravure de Duplessis-Bertaux titrée : « Fusillades de Lyon, commandées par Collot-d'Herbois, le 14 décembre 1793, ou 24 Frimaire an 2eme de la République ».

Dans ma documentation je lis partout que des fusillades « commandées par Collot-d'Herbois», eurent lieu les 4 et 5 décembre aux Brotteaux. Je ne trouve aucune trace de fusillades place des Terreaux le 14 décembre.

Ais-je « raté un épisode », ou s'agirait-il d’une vue « fantaisiste » du graveur ?

Merci d'avance de votre aide.

Bien cordialement

Réponse du Guichet

Bleuet - Département : Documentation régionale

Le 05/04/2022 à 12h11

Tous les documents consultés relatifs à la Révolution à Lyon et plus particulièrement durant l’année 1793, font état d’une guillotine installée place des Terreaux entre octobre 1793 et avril 1794 mais aucun ne mentionne une fusillade, en décembre 1793, place des Terreaux.

Bonjour,

Le Guide historique de la Révolution à Lyon : 1789-1799 précise p. 35 ceci : Du 27 novembre à la mi-avril, 1684 personnes contre 212 dans la période précédente sont exécutées. Le sommet de l’horreur est atteint en décembre 1793, les 4 et 5 (14-15 frimaire an II), lorsque pour aller plus vite, on exécute au canon à mitraille plus de 200 prisonniers dans la plaine des Brotteaux près de la ferme de la Part Dieu. La guillotine, de son coté, fonctionne à un rythme accéléré place des Terreaux, ce qui oblige la commission révolutionnaire à placer autour du socle de la chaux pour éviter que le sang coule et incommode la foule. Le bourreau s’appelle Ripet. Pour avoir guillotiné Chalier, il sera le dernier guillotiné de Lyon.

Le Musée du patrimoine militaire de Lyon et sa région donne ces précisions : Les 60 condamnés du 14 [frimaire] sont mitraillés à courte distance par 3 canons; le lendemain (5/12) ce sont les 208 condamnés du 15 qui sont amenés attachés deux par deux et canonnés sur le chemin de la Part-Dieu: c’est une horrible boucherie. Des soldats sont chargés d’achever les blessés. Dans une lettre Collot d’Herbois se réjouit de cette efficacité… Pendant ce mois de frimaire le tribunal continue à un rythme soutenu : 44, 14, 39, 13, 50 condamnations à mort selon les jours. 67 condamnés le 1er nivôse (21/12) , 23 le 2… Les personnes arrêtées sont détenues dans les prisons de Roanne ou St-Joseph, transférées ensuite dans les salons de l’Hôtel de Ville, pour passer devant le tribunal dans le salon du Consulat. Les condamnés sont enfermés dans les caves, exécutés sur la guillotine place des Terreaux ou fusillés aux Brotteaux. À la mi-décembre Collot d’Herbois quitte Lyon pour défendre leur action devant la Convention.

Cependant le livre 1793: l’année terrible à Lyon présente une reproduction d’une gravure d’Idnarpila d’après Bertaux en regard de la page 25. La légende répond tout à fait à votre question, il est noté : Massacres ordonnés par Collot d’Herbois à Lyon. Gravure d’Idnarpila d’après Bertaux. Publiée à Londres en 1804. Tout est faux ou grossièrement exagéré : la date, le lieu, l’action, les commentaires. Il s’agit d’une «Estampe de propagande anti-française…» (Musée de Gadagne).

Vous pouvez voir cette reproduction sur ce fichier (14ème vue sur 22). Pour avoir de plus amples informations, vous pouvez contacter les Musées Gadagne.

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