Que dit la mythologie du sacrifice de l'agneau ?
Question d'origine :
l'agneau et son sacrifice dans la mythologie
Réponse du Guichet
C'est principalement dans les religions monothéistes qu'on trouve des mythes ayant pour motif le sacrifice d'un agneau. Mais on peut aussi citer le sacrifice d'Iphigénie dans la mythologie grecque, qui dans certaines versions fait référence à une faute d'Atrée, le père d'Agamemnon, qui a manqué à sa promesse de sacrifier à Artémis un agneau à la toison d'or.
Bonjour,
Vous cherchez des informations sur le motif du sacrifice de l'agneau dans la mythologie.
Commençons par remarquer que le sacrifice de l'agneau semble être une coutume pratiquée dans de nombreuses civilisations. Voici quelques indications que nous trouvons à ce propos dans Le Bestiaire insolite de Pierre Malrieu :
Symbole du sacrifice (symbole du Christ dans le monde chrétien), l'agneau apparaît dans toutes les civilisations et à toutes les époques en tant que victime expiatoire immolée sacramentallement en certaines circonstances...
Son sang passe pour favoriser les dons prophétiques. Dans le temple d'Apollon Diratiotès, à Argos, il était d'usage de sacrifier une fois par mois pendant la nuit un agneau. Une femme qui avait observé la règle de chasteté goûtait le sang et ainsi inspirée par le dieu elle prophétisait.
Felkin a [...] décrit la coutume des membres d'une tribu (Madi ou Moru) de l'Afrique Centrale qui sacrifient périodiquement un agneau [...].
Dans la mythologie grecque, on peut mentionner le sacrifice d'Iphigénie : dans certaines versions du mythe, la colère d'Artémis a pour origine une faute d'Atrée, le père d'Agamemnon, qui n'a pas sacrifié à la déesse un agneau à la toison d'or trouvé dans son troupeau, comme il l'avait promis.
Voici quelques ressources à consulter sur ce sujet :
Le sacrifice d'Iphigénie, Louis Séchan, Revue des Études Grecques, Année 1931 44-208 pp. 368-426
Nouveaux horizons sur l’espace antique et moderne, Marie-Ange Julia
Mais c'est évidemment dans les religions monothéistes qu'on trouve des mythes majeurs liés au sacrifice de l'agneau : le sacrifice d'Isaac et le sacrifice de l'agneau pascal dans le récit biblique de l'Exode. Pour les chrétiens, une dimension symbolique majeure de l'agneau est l'association entre la figure du Christ et celle de l'agneau sacrificiel.
L'article de l'Encyclopédie Universalis sur le symbolisme de l'agneau nous apporte certaines précisions sur le sujet. En voici quelques extraits :
Il n'y a guère lieu de distinguer entre les termes « moutons », « brebis » et « agneaux », qui traduisent presque au hasard, en grec et en latin, les nombreux mots hébreux désignant le bétail ovin. De même, la présence d'un chevreau au lieu d'un agneau dans l'imagerie chrétienne primitive était sans doute non intentionnelle, le sacrifice de ces deux victimes étant tenu pour équivalent dans la Bible (Lévitique, iii, 12-13).
L'agneau (en troupeau) est le symbole de l'homme en groupe, dont il s'agit d'assurer la survie : peuple de Dieu pour l'Ancien Testament, fidèles chrétiens après la prédication évangélique. La sollicitude du berger symbolise la tendresse de Dieu pour son peuple ou celle des « pasteurs » (d'âmes) pour leurs « ouailles ». Inversement, la docilité des agneaux est comparée à la rectitude du Juste (« suivre le droit chemin » est une expression pastorale). Lorsque Jean le Baptiste désigne Jésus comme l'« agneau de Dieu », il fait probablement allusion à la sainteté de sa vie. Néanmoins, la tradition unanime a interprété l'Ecce agnus Dei comme une annonce du sacrifice du Calvaire.
L'agneau égorgé est doublement symbolique : considéré en lui-même, il est l'image de l'innocence et de la douleur opprimées, du « Juste souffrant » ; considéré comme un bien appartenant à un maître, il est le symbole du rachat après la faute (redemptor signifie « racheteur »). Dans une société primitive, où la monnaie était quasi inexistante, la remise aux autorités d'une tête de bétail est une véritable amende « pécuniaire » (comme en témoigne le doublet latin pecu-dem, « le petit bétail », et pecu-niam, « la monnaie »).
L'égorgement et la consommation de la bête remise sont devenus de plus en plus rituels : une liturgie du sacrifice, essentiellement symbolique, a accompagné la perception de ces offrandes expiatoires. Elle a créé à son tour des symboles, notamment celui du sang de l'Agneau, qui, impropre à toute consommation, était utilisé dans des aspersions purificatrices. [...]
La représentation du Christ sous forme d'un agneau se justifiait scripturairement par le texte de Jean (i, 29) : Ecce agnus Dei. Elle a été très courante jusqu'au ixe siècle, mais elle a été interdite par le canon 82 du concile in Trullo de 692 ; il semble que les païens aient vu volontairement dans la dévotion à l'Agneau un culte animalier idolâtrique. Il semble également que le jeu de mots entre AGNUS et AS(i)NUS ait donné lieu à des plaisanteries. Le Christ, Agneau de Dieu, symbolise, dans l'iconographie chrétienne primitive, toutes les réalités évoquées par l'Écriture ; il est modèle d'obéissance et de douceur, victime, rédempteur, purificateur, aliment. On peut même, dans certains dessins des catacombes, retrouver l'image du Christ à la fois brebis et pasteur, sous la forme d'une brebis qui porte le sceau et la houlette. Le rôle de victime est signalé par la position couchée de l'agneau et par l'association du symbole de la croix. La brebis sans croix représente fréquemment l'Église, et assez souvent les apôtres.
Nous n'avons pas retrouvé d'autres mythes faisant référence au sacrifice d'un agneau dans les ressources que nous avons pu consulter au cours de cette recherche. Néanmoins voici quelques ouvrages qui pourraient vous intéresser :
Le symbolisme animal : mythes, croyances, légendes, archétypes, folklore, imaginaire.. / Jean-Paul Ronecker
Dictionnaire symbolique des animaux : zoologie mystique / Dom Pierre Miquel
Le bestiaire sauvage : histoires et légendes des animaux de nos campagnes / Bernard Bertrand
Etant actuellement en télétravail, nous n'avons pas pour l'instant la possibilité de consulter ces documents à la bibliothèque, mais nous le ferons dès que possible et ajouterons, s'il y a lieu, des éléments complémentaires à notre réponse.
Bonne journée.
Réponse du Guichet
De retour à la bibliothèque, nous avons poursuivi nos recherches mais n'y avons pas trouvé beaucoup plus d'éléments de réponse.
Bonjour,
Nous avons consulté plusieurs ouvrages à la bibliothèques, mais ceux-ci font essentiellement référence aux religions monothéistes. Notons tout de même une référence au culte de Dionysos que nous trouvons dans Le symbolisme animal : mythes, croyances, légendes, archétypes, folklore, imaginaire.. de Jean-Paul Ronecker :
Déjà les adeptes de Dionysos, pour permettre au dieu de réapparaître sur les rives du lac de Lerne, d'où il était descendu aux Enfers pour chercher sa mère, "jetaient dans le gouffre un agneau pour apaiser le Pylaochos, gardien des portes infernales".
Bonne journée.