A partir de combien de pas peut-on dire qu'un bébé marche ?

Bonjour,

Il est peu courant de poser cette question ainsi mais votre formulation a l'avantage de disjoindre âge et premiers pas chez le bébé humain.

Marie Fortier, spécialiste des bébés sur internet, remarque qu'"il serait intéressant de calculer combien de pas, de distance il [le bébé] peut effectuer dans une seule journée," mais n'aborde pas la question du nombre de pas "réglementaire" pour considérer que bébé marche.

Allons voir dans quelques ouvrages. Pour Morgane Le Peintre, dans La motricité libre et accompagnée au quotidien, pp. 41-42, le bébé se dresse grâce à des appuis de ses bras sur des meubles ou le sol. Le haut du corps se coordonne au bas en s'appuyant sur le bassin.

Les jambes et les pieds portent tout le poids du corps et permettent à l'enfant de se rééquilibrer grâce à toutes les informations qu'ils reçoivent. Le bébé teste son équilibre, il s'appuie sur un pied, puis sur l'autre, il transfère le poids de son corps à droite et à gauche comme dans la période des déséquilibres. En faisant cela, il apprend progressivement à stabiliser son bassin, primordial pour la marche.

Le bébé a encore besoin de faire des allers-retours entre le sol et le debout. Il a également un grand besoin de grimper : organisons donc des parcours moteurs faits nous-mêmes, le bébé a besoin de passer dessus, dessous, sur les côtés, de monter, descendre et faire des roulades. il a besoin de faire travailler son corps, il recherche le maximum de sensations !

Et progressivement, en faisant toutes ces expériences, le bébé en fait une autre : il lâche l'appui de ses bras, avance ses pieds et voilà il marche !

Pour Lucie Meunier dans Le bébé en mouvement, p. 58

la bipédie maîtrisée est une longue conquête. Lorsque le bébé montre son désir de se redresser, et qu'il sait se mettre debout seul, il a besoin d'avoir ses mains devant lui dans son champ visuel et dans son espace proche, ou un peu écartées afin de s'équilibrer et de se protéger le visage, lors d'une éventuelle chute. Mettre un pied devant l'autre demande toutes les dimensions et ouvertures articulaires décrites plus haut. Grâce à elles, le bébé peut porter le poids de son corps sur une jambe, puis se rassembler et enchaîner avec l'autre jambe qui prend le relais. Il a un haubanage (Bullinger) suffisant constitué de sa musculature antérieure, postérieure, et profonde pour tenir la verticalité.

Il peut ensuite marcher lorsqu'il est capable de s'arrêter, de parer ainsi à tout obstacle devant lui, de changer de direction, ou de revenir au sol.

Nous constatons que ce n'est pas le nombre de pas qui détermine si un bébé marche. Pour une autrice ce sera dès le premier pas, pour l'autre ce sera "lorsqu'il est capable de s'arrêter", ce qui implique que plusieurs pas (au moins 2) aient été exécutés.

Maintenant, récapitulons avec le site Naître et grandir, quelles sont les différentes phases de L’apprentissage de la marche :

1. Le bébé s’accroche aux meubles pour se mettre debout. [...]

2. Il commence à marcher de côté, toujours en s’appuyant sur les meubles. [...]

3. Il soulève le pied au lieu de le glisser sur le sol. [...]

4. Il parvient à se tenir debout sans appui. [...]

5. Il marche seul, mais sa démarche n’est pas encore très assurée. [...]

6. Il marche avec assurance. Ses jambes sont un peu moins écartées et il utilise moins ses bras pour garder son équilibre. Sa démarche s’accélère : il marche plus vite et trottine en faisant des pas rapides et saccadés à la limite de la course (vers 18 mois).

7. Vers 2 ans, tous les enfants sont maintenant d’excellents petits marcheurs. Ils marchent en déposant d’abord le talon puis les orteils, comme les adultes.

Là encore, rien n'est dit sur le nombre de pas. Ce qui est admis en revanche c'est qu'un bébé marche entre 9 et 12 mois pour Marie Fortier ou entre 10 et 18 mois pour l'équipe de Naître et grandir.

S'il n'y a pas de consensus sur la question, c'est en raison du développement de chaque individu car "les enfants sont tous différents et vont se développer à leur rythme. Les raisons de ces différences sont diverses" :

- Il y a le tempérament de chaque enfant : certains sont plus toniques, plus intéressés par le mouvement dans leur corps, ou bien l'envie de découvrir l'environnement qui les entoure ; d'autres sont plus calmes, plus observateurs et explorateurs des objets, à l'écoute et attentifs aux moindres petites stimulations environnantes.

 

- Il y a l'environnement dans lequel ils sont baignés, l'espace, l'entourage familial, amical. Par exemple, nous savons combien il est stimulant pour les enfants d'avoir des frères et des sœurs.

 

- Il y a aussi la santé. Vivre des douleurs dans son corps peut être un facteur influençant le développement de l'enfant. Je pense aux bébés qui ont vécu des hospitalisations, des soins invasifs ou encore ceux qui souffrent d'un reflux gastro-œsophagien, ceux qui ont présenté un torticolis congénital... Mais j'ai aussi en tête tous les bébés de la terre qui ont mal au ventre, aux dents et qui vont nous parler de ces douleurs avec tout leur corps.

 

- Et bien entendu l'histoire de vie, les petits et gros tracas du quotidien, l'histoire familiale...

Source : La motricité libre et accompagnée au quotidien, Morgane Le Peintre, pp. 41-42

A cela Naître et grandir ajoute "la grandeur, le poids et la force musculaire de l’enfant."

Si c'est le cas, ne cherchez donc pas à compter le nombre de pas de votre bébé pour savoir s'il sait marcher. Laissez-le se développer en l'accompagnant lorsqu'il en a besoin, en l'observant, en étant à son écoute. Le temps lui donnera tout ce dont il a besoin pour conquérir sa verticalité et avancer.

Bonne journée.