Où trouver le récit de « La comtesse Zizette chez le maréchal de Castellane » ?
Question d'origine :
Bonjour,
Aperçu dans la Revue du Lyonnais sur Google Books (1899, page 287) une phrase qui dit "Sous le titre « La comtesse Zizette chez le maréchal de Castellane », M. Joseph Vingtrinier fait le récit d'une piquante mystification dont fut l'objet une vieille demoiselle du quartier Saint-François, à l'occasion de la naissance du prince impérial". Où se procurer ce récit (pas dans la Revue du Lyonnais ni les deux autres revues savantes où j'ai cherché) s'il a été publié quelque part ?
Merci.
Praline
Réponse du Guichet
Nos recherches ne nous ont pas permis de retrouver ce récit. Il est possible qu'il ait été uniquement oral, ou lu durant une réunion de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon mais non publié, bien qu'il puisse également se trouver dans deux ouvrages que nous n'avons pas pu consulter, car ils sont conservés par les Archives du Rhône.
Bonjour,
Nous ne trouvons aucune trace de cette anecdote dans les oeuvres de Joseph Vingtrinier que nous conservons. De leur côté, ni Google ni Gallica ne donnent de réponse satisfaisante. https://catalogue.bm-lyon.fr/permalink/P-10293445-018f-4968-9edb-94c2c09deda Vingtrinier
On peut faire connaissance avec la comtesse Zizette, figure lyonnaise passablement excentrique du mitan du XIXè siècle, dans le livre de Clair Tisseur Les oisivetés du Sieur du Puitspelu, Lyonnais » sur la Comtesse Zizette :
LA MÈRE PIGEON-VOLE OU COMTESSE ZIZETTE faisait un peu plus tard [vers 1850] l'ornement de nos rues. Elle était toute petite, si bien que, pour appuyer le coude sur le dos d'un fauteuil, il lui fallait lever le bras quasi jusqu'à la hauteur de l'épaule. Fort vieille, une petite loupe sur la joue droite ; sur la tête des dentelles, des floquets, des rubans, des roses à n'en plus finir, tout un attirail ; sur les épaules un petit tartan à fond blanc ; une belle robe de soie brochée, noire, cadeau d'une dame charitable, et à laquelle on avait fait une large baigneuse dans le milieu pour l'approprier à la taille de la comtesse. Au bras un cabas ; à la main une petite ombrelle de couleur claire, à bec d'os. Lorsque venait la Fête-Dieu, elle échangeait sa robe de soie contre une robe blanche, et figurait ainsi dans la procession de Saint-François, sa paroisse, à la grande joie des gones. La robe blanche faisait contraste avec le visage décrépit, que l'eau ne paraissait pas avoir souillé depuis le baptême de la comtesse.
Elle se nommait du nom tout lyonnais Mlle Bugnard ; fort honnête et s'énonçant passablement. Elle s'habillait avec les dons des dames aumônieuses, notamment de Mme Yéméniz. Elle n'était pas précisément folle, elle avait seulement un quartier de lune dans la tête. Du reste sans malice ; pourtant un jour une bande de sales gones de Saint-Jean lui en firent tant, qu'elle leur fonça résolument dessus, tenant son ombrelle en façon de pique. Ils se sauvèrent... pour recommencer.
Elle logeait en rue Saint-Joseph, en face de la rue de Jarente. Un jour elle tomba malade. On la conduisit à l'hôpital, où elle fut inscrit sous le nom courant de comtesse Zizette, les voisins officieux ne sachant que son nom officiel. Elle avait en ce moment pour tout avoir une pièce de vingt francs. Elle lui fut volée.
Elle vivait encore vers 1855. Une personne charitable lui fit faire un jour sa photographie, très ressemblante et très bien faite. Façon d'aumône déguisée. On lui en remit un assez grand nombre d'exemplaires qu'elle colportait dans des maisons connues, où on les payait grassement.
Je suppose que la mère Pigeon-Vole a dû mourir de sa belle mort, car les honnêtes personnes qui l'aidaient à vivre ne l'auraient point laissé mettre au Dépôt de mendicité.
Joseph Vingtrinier est l'auteur d'une Légende de Castellane, une monographie sur le maréchal de Castellane, général posté à Lyon à partir de 1851 et par la suite sénateur de cette ville. Ce livre étant conservé aux Archives départementales, nous n'avons malheureusement pas pu le consulter, mais aucun des extraits lisibles sur Gallica n'évoque la comtesse. Si vous avez l'occasion de vous déplacer aux archives, vous y trouverez peut-être des éléments.
De même, Vingtrinier a préfacé l'édition de 1928 des Oisivetés de Tisseur. Se pourrait-il qu'on trouve notre anecdote dans cet ouvrage ? Ce n'est pas exclu mais cette édition, également conservée par les archives, est la seule qui n'ait pas été numérisée... impossible donc de vérifier.
https://catalogue.bm-lyon.fr/ark:/75584/pf0000035331.locale
A bien lire le passage cité de la Numéro 28 de la Revue du Lyonnais, paru en 1899, il nous appert qu'il s'agit d'un compte rendu de réunion de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon, séance du 19 avril. Vu la tournure employée, il n'est pas impossible que le récit de la mystification dont Zizette a fait les frais ait été soit oral, soit écrit et lu en séance mais non publié par son auteur.
Quoi qu'il en soit, les archives de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon (aujourd'hui Société d'histoire de Lyon) sont elles aussi conservées aux Archives du Rhône.
Bonne journée.