Je cherche de la documentation sur Jean-Martin Charcot, le neurologue.
Question d'origine :
Bonjour,
je suis medecin et je m'interesse beaucoup a la vie et l'oeuvre de Jean Martin Charcot, le neurologue.
J'aimerai trouver un livre assez documenté sur ses methodes de travail, l'environnement scientifique, les collaborations qu'il a eu a l'epoque ainsi qu'un livre un peu plus romancé dans le style de la Peste et le Cholera de Patrick Deville (sur Pasteur) que j'ai adoré.
Auriez-vous des livres sur ce thème a me recommander?
Merci !
Réponse du Guichet
Malgré l'énorme influence de Charcot sur ses contemporains et ses successeurs immédiats, relativement peu de biographes se sont penchés sur lui. Voici les livres les plus récents, ainsi que deux romans où il apparaît comme personnage.
Bonjour,
Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, il n'existe pas beaucoup de biographies de Jean Martin Charcot. Peut-être, comme le suggère un article de Pour la science, parce que, célébré de son vivant et dans les décennies ayant suivi sa mort, il a pu ensuite s'attirer une certaine méfiance en raison de ses conceptions vues comme dépassées de l'hystérie et de l'hypnose ? Toujours est-il que les monographies les plus détaillées que nous ayons pu trouver sont celles-ci :
«Le vrai Charcot, parce qu'il y a un charme à rompre, un cercle de la mythification à briser. La figure du maître de la Salpêtrière reste l'objet d'une fascination aussi inépuisable qu'ambivalente. Son origine n'est pas mystérieuse : elle résulte du rôle attribué au théâtre de l'hystérie dans la découverte freudienne. Charcot, ou celui qui, le premier, a donné à voir les manifestations de l'inconscient mais n'a rien compris à ce qu'il avait sous les yeux. Un maître de vérité et le parangon de l'erreur. Excès d'honneur, excès d'indignité. C'est accorder trop de portée à des démonstrations plus légendaires que réelles, et c'est faire trop peu de cas du discernement du clinicien. Il faut se délivrer de l'emprise des spectaculaires images de l'Iconographie photographique de la Salpêtrière. Elle trompe tant sur ce qu'a été l'oeuvre de Charcot que sur les voies qu'a empruntées après lui le dévoilement de l'inconscient. C'est à une telle mesure de ce qui s'est effectivement passé de 1862 à 1893, durant les trente années de labeur de Charcot à la Salpêtrière, que le présent ouvrage voudrait contribuer. » Marcel Gauchet
Ce volume a sa source dans le séminaire animé à l'EHESS par Marcel Gauchet et Gladys Swain entre 1980 et 1985. Leurs textes sont suivis d'un essai de Jacques Gasser sur le rôle de Charcot dans la neurologie moderne, et d'un essai d'Alain Chevrier sur la mythification de l'hystérie dans l'oeuvre d'André Breton.
Un autre document, Jean Martin Charcot et les origines de la gériatrie : recherches historiques sur le fonds d'archives de la Salpêtrière d'Alain Lellouch, semble mettre l'accent sur le contexte scientifique et médical de l'époque :
L'allongement de l'espérance de vie, le vieillissement démographique, les tentatives actuelles pour apprivoiser la mort expliquent le regain d'intérêt de notre société pour les personnes âgées. C'est grâce aux découvertes d'un jeune praticien d'hospice, Jean-Martin Charcot (1825-1893), que l'on voit émerger à Paris, avant 1870, une nouvelle spécialité médicale, la gériatrie. Charcot, interniste plus que psychiatre, fit sur les maladies des vieillards un nombre important de découvertes. Cet ouvrage n'est ni une biographie de Jean-Martin Charcot ni une histoire de la gérontologie. Il passe en revue les facteurs démographiques, institutionnels et scientifiques qui permirent la constitution de cette nouvelle science. Le fonds d'archives Charcot déposé à la Salpêtrière, avec ses observations gériatriques inédites et sa très riche iconographie, offre un éclairage nouveau sur la clientèle d'hospice, les découvertes gériatriques de Charcot, sa méthode de travail et sa démarche épistémologique.
Source : Payot
N'oublions pas non plus le numéro spécial de Pour la science Charcot : à la conquête du cerveau par Jean-Paul Dupont, cité en ouverture.
Signalons également des ouvrages plus directement centrés sur le rapport de Charcot au dessin, indissociable de sa pratique scientifique :
L’art et la médecine, c’est entre ces deux pôles que la rencontre se fait avec Jean-Martin Charcot (1825-1893). Grand médecin de la Salpêtrière où Freud fut son élève, inscrit dans le monde des idées et des sciences, il occupe la première chaire de neurologie en 1882 et nous entraîne vers l’inconnu de l’hystérie et de l’hypnose jusqu’aux portes de l’inconscient. L’observation du corps et de ses pathologies appartient à son travail clinique. Qu’il soit à l’hôpital, dans son cabinet, ou en voyage à travers le monde, il examine et pense crayon à la main ; ses dessins révèlent une connaissance profonde de l’humain, un diagnostic averti des anomalies anatomiques ainsi qu’un talent indéniable sous l’inspiration d’artistes romantiques tels que Delacroix ou Ingres. Dans une époque située juste avant l’arrivée du cinématographe, l’image dans toutes ses dimensions, dessins, tableaux graphiques, croquis, planches d’instantanés, soutient ses diagnostics et appuie son regard clinique face à ses élèves et confrères venus du monde entier écouter le maître. En outre Charcot décelait dans la culture des peuples et par l’étude de tableaux de grands peintres, en partie reproduits ici, les caractéristiques de certains troubles psychiques. Tout l’objet de ce livre, richement illustré par de nombreuses oeuvres inédites tirées des archives de la famille Charcot, est de montrer, à travers le dessin, la peinture ou la photographie, le lien étroit qui unit l’image du corps et la psychiatrie.
Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles - d'un côté les idiotes et les épileptiques ; de l'autre les hystériques, les folles et les maniaques - ce bal est en réalité l'une des dernières expérimentations de Jean-Martin Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle. Premier roman ©Electre 2019
Figure médicale majeure de la fin du XIXe siècle, Charcot propose à la littérature le large spectre d'un paradigme nosologique (l'hystérie), d'un regard pénétrant ayant fondé sa pertinence sur une contemplation d'origine esthétique (la Possédée de Rubens), et d'une technique ayant vocation à s'exporter dans des domaines autres que strictement médicaux (l'hypnose). Le Maître de la Salpêtrière alimente tout autant la description littéraire qu'une pensée politique, dessine les contours d'une forme pathologique convertie en objet esthétique, et réactive le schéma mythique de la Possession qui, pour être stigmatisée, n'en demeure pas moins structurante. La diversité des interprétations littéraires du spectacle de la Salpêtrière permet ainsi d'envisager des oeuvres allant d'un naturalisme revendiqué (Zola, Bonnetain, Lemonnier, Claretie, Daudet. . . ) à la fantasmagorie clinique (Maupassant, Huysmans, Mirbeau, Villiers de l'Isle-Adam, Lermina, Lorrain, Rachilde. . . ), en passant par des oeuvres moins connues, mais livrant les clés de l'évolution d'un imaginaire scientifique (Hennique, Nizet, Trézenik, Lesueur, Germain, Dubarry, Epheyre. . . ).
La genèse de la figure sociale de Charcot, sa carrière, sa méthode, son influence, sont analysées dans le premier chapitre de la première partie. Les liens de l’école psychiatrique de la Salpêtrière avec l’idéologie positiviste, anticléricale et républicaine sont clairement dégagés. La relation progressivement établie entre la sphère de la Salpêtrière et le monde littéraire, le rôle joué par le salon de Mme Charcot, les rapports amicaux que de nombreux écrivains, Daudet, Maupassant, Goncourt, d’autres encore entretiennent avec le «maître », les prétentions esthétiques d’une méthode psychiatrique qui emprunte souvent ses exemples aux arts et aux lettres sont utilement rappelés. Ce que l’étude de Bertrand Marquer reconstruit avec bonheur, c’est un univers typiquement «fin-de-siècle », dans lequel se mêlent, sous le signe de la modernité, la science, la littérature, les arts et la politique : espace complexe, «empire » mondain sur lequel règne la figure ambiguë du maître de la Salpêtrière."
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