La panne de la centrale nucléaire de Tchernobyl pendant l'occupation russe a-t-elle été dangereuse ?
Question d'origine :
Bonjour, 35 jours sous occupation russe, la centrale nucléaire de Tchernobyl a été aussi privée d'électricité. Cette panne a-t-elle fait courir un grand danger à la centrale ?
Merci
Réponse du Guichet
Ce n'est pas tant à la centrale nucléaire de Tchernobyl que la coupure d'électricité du 8 mars 2022 a fait courir un danger mais plutôt au personnel présent et à l'environnement.
Bonjour,
Suite à la prise par la Russie de la centrale nucléaire de Tchernobyl le 24 février 2022, le directeur général Rafael Mariano Grossi de l'IAEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique) exprimait son inquiétude le 3 mars 2022 :
“I remain gravely concerned about the deteriorating situation in Ukraine, especially about the country’s nuclear power plants, which must be able to continue operating without any safety or security threats,” he said. “Any accident caused as a result of the military conflict could have extremely serious consequences for people and the environment, in Ukraine and beyond.”
"Je reste gravement préoccupé par la détérioration de la situation en Ukraine, en particulier par les centrales nucléaires du pays, qui doivent pouvoir continuer à fonctionner sans aucune menace pour la sûreté ou la sécurité", a-t-il déclaré. "Tout accident causé à la suite du conflit militaire pourrait avoir des conséquences extrêmement graves pour les personnes et l'environnement, en Ukraine et au-delà."
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Source : Update 8 – IAEA Director General Statement on Situation in Ukraine
Dans sa mise à jour du 9 mars 2022, l'IAEA annonçait "que la centrale nucléaire de Tchernobyl (CNP) avait été déconnectée du réseau électrique et avait perdu son approvisionnement en énergie externe".
Le directeur général s'est dit profondément préoccupé par cette évolution car « l'alimentation électrique hors site sécurisée à partir du réseau pour tous les sites nucléaires » était l'un des sept piliers indispensables de la sûreté et de la sécurité nucléaires qu'il a exposés lors d'une réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA le 2 mars, convoquée pour examiner les implications de la situation en Ukraine sur la sûreté, la sécurité et les garanties.
Dans le cas de la centrale nucléaire de Tchernobyl, cependant, il a déclaré que l'AIEA était d'accord avec le régulateur ukrainien sur le fait que sa déconnexion du réseau n'aurait pas d'impact critique sur les fonctions essentielles de sûreté du site, où se trouvent diverses installations de gestion des déchets radioactifs. En particulier, concernant l'installation d'entreposage des combustibles usés du site, le volume d'eau de refroidissement dans la piscine est suffisant pour maintenir une évacuation efficace de la chaleur des combustibles usés sans apport d'électricité. Le site dispose également d'une réserve d'alimentation électrique de secours avec des générateurs diesel et des batteries.
Néanmoins, le manque d'électricité est susceptible d'entraîner une nouvelle détérioration de la radioprotection opérationnelle sur le site et de créer un stress supplémentaire pour environ 210 experts techniques et gardiens qui n'ont pas pu effectuer de rotation au cours des deux dernières semaines, vivant là-bas 24h sur 24, a ajouté le directeur général Grossi.
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Dans son article du 19 mars 2022, À Tchernobyl, l'équipe ukrainienne travaille 24 heures sur 24 sous la menace des armes russes, le Courrier international explique les conséquences qui auraient pu découler de la coupure des lignes électriques :
Tchernobyl ne produit plus d'électricité depuis l'an 2000, mais il faut toujours assurer le refroidissement des milliers de barres de combustible usé stockées dans des "piscines" hautes de quatre étages, aux parois d'acier et de béton armé.
Les pompes qui envoient de l'eau dans le système fonctionnent désormais grâce à des générateurs au diesel. Les lignes électriques à haute tension qui relient les installations de la centrale au réseau national ont été coupées pendant les combats.
"Si les pompes ne fonctionnent pas, lit-on dans une note écrite par un membre de la Société ukrainienne de l'énergie nucléaire, l'eau des piscines risque de bouillir, ce qui pourrait entraîner l'émission de vapeur radioactive, puis la fonte des assemblages combustibles, et aboutir à un grave accident." Le 9 mars, des fonctionnaires ukrainiens ont déclaré que sept jours pouvaient suffire pour que toutes ces étapes soient franchies.
Les spécialistes occidentaux du nucléaire estiment quant à eux que c'est peu probable. "Les barres de combustible de Tchernobyl, stockées depuis plus de trente ans, ont eu le temps de refroidir, et elles ne peuvent plus entrer en fusion", a jugé Steven Nesbit, président de la Société américaine du nucléaire, dans un communiqué.
Les experts sont plus préoccupés par le risque que la coupure de courant à Tchernobyl empêche le fonctionnement de la ventilation, exposant ainsi le personnel à des rayonnements trop élevés.
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Cet article et consultable en BML et à distance pour les abonnés à la BML via Europresse.
Autrement dit, des substances radioactives auraient pu être libérées dans l'environnement et un nuage radioactif se promenant d'Ukraine en Russie et jusqu'en Europe n'était pas à exclure. A cela s'ajoutait une possible détérioration de la radioprotection opérationnelle sur le site, un probable arrêt de la ventilation et un stress supplémentaire pour le personnel. Si, fort heureusement, ce n'est pas ce scénario qui s'est produit, le site de Tchernobyl et d'une autre centrale nucléaire ukrainienne ont connu une interruption soudaine de données indispensables à leur sécurité, transmises au siège de l'AIEA. Le communiqué du 9 mars fait état de cela :
Dans un autre développement, il [Grossi] a déclaré que l'AIEA avait perdu ces derniers jours la transmission de données à distance de ses systèmes de garanties installés pour surveiller les matières nucléaires de la centrale nucléaire de Tchernobyl et d'une autre centrale nucléaire ukrainienne désormais contrôlée par les forces russes, la centrale nucléaire de Zaporizhzhya. Il s'est dit préoccupé par l'interruption soudaine de ces flux de données vers le siège de l'AIEA à Vienne à partir des deux sites, où de grandes quantités de matières nucléaires sont présentes sous la forme de combustible nucléaire usé ou frais et d'autres types de matières nucléaires.
La raison de l'interruption de la transmission des données relatives aux garanties n'était pas claire dans l'immédiat. L'AIEA continue de recevoir ces données d'autres installations nucléaires en Ukraine, y compris les trois autres centrales nucléaires.
La transmission à distance des données des équipements de garanties de l'AIEA situés sur les sites nucléaires du monde entier est un élément important de notre mise en œuvre des garanties, en Ukraine et dans le monde », a-t-il [le directeur général Grossi] déclaré. "De tels systèmes sont installés dans plusieurs installations en Ukraine, y compris toutes les centrales nucléaires, et nous permettent de surveiller les matières et les activités nucléaires sur ces sites lorsque nos inspecteurs ne sont pas présents.
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Finalement, le scénario catastrophe a pu être évité car l'Ukraine a pu pallier hâtivement à cette coupure électrique.
Le site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya dispose de quatre lignes électriques hors site à haute tension (750 kV) et d'une ligne supplémentaire en attente. L'exploitant a informé l'AIEA que deux ont été endommagés et qu'il y avait donc maintenant deux lignes électriques, plus celle en attente, disponibles pour la centrale. L'exploitant a également déclaré que les besoins en énergie hors site de la centrale nucléaire pourraient être satisfaits avec une seule ligne électrique disponible. De plus, les générateurs diesel sont prêts et fonctionnels pour fournir une alimentation de secours. "Néanmoins, c'est un autre exemple où le pilier de sécurité pour sécuriser l'alimentation électrique hors site à partir du réseau pour tous les sites nucléaires a été compromis", a déclaré le directeur général Grossi.
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Cependant, le problème de transmission des données ne semble pas complètement résolu. En effet, le 4 juillet 2022, l'AIEA publie :
Pour la deuxième fois en un mois, l'AIEA a perdu le 25 juin la connexion à ses systèmes de surveillance des garanties installés au ZNPP. L'AIEA a travaillé avec l'opérateur pour résoudre le problème et le transfert de données a repris le 1er juillet et s'est poursuivi pendant le week-end, a déclaré le directeur général. La fois précédente, la connexion avait été coupée pendant près de deux semaines, du 30 mai au 12 juin.
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Source : Update 85 – IAEA Director General Statement on Situation in Ukraine
Bonne journée.
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