Bonjour,
Voici tout d'abord une présentation proposée sur le site de l'inventaire général Auvergne-Rhône-Alpes :
Le pont est construit au XIe avec de nombreux remplois de monuments antiques : les mentions de son édification s´échelonnent dans les 2e et 3e quarts du siècle. Les tours à chaque extrémité du pont sont mentionnées en 1208, mais disparaissent dans le courant du 13e siècle. Des maisons figurent sur le pont, à chaque extrémité, sur un sceau de 1271. A la fin de 1492 ou au début de l'année suivant, le Consulat fait réparer la première pile de la rive droite et l´orne d'un lion peint par Jean Péréal. Les réparations sont constantes au cours des siècles, parmi lesquelles celle de 1712 par les architectes Jean-Joseph Ampère et Degérando père et fils. Les maisons bordant la rive droite en amont sont détruites à la suite de l'écroulement de deux d'entre elles en 1744. Celles d'en face disparaissent lors de la création des quais à partir de 1795. En 1806, la 1ère arche est noyée dans le nouveau quai. Du côté de Saint-Nizier les maisons bordant le pont et sa montée en amont sont démolies de 1822 à 1837. Le projet d'un nouveau pont est arrêté en 1842 ; la première pierre est posée le 25 septembre 1843 par le duc de Nemours, fils de Louis-Philippe ; les travaux sont réalisés de 1844 à 1846 sur les plans de l'ingénieur Auguste Jordan ; le pont est ouvert à la circulation en mars 1846 ; il prend le nom de Nemours jusqu'à la révolution de 1848, date à laquelle il reprend le nom de pont du Change. Les démolitions de l'ancien pont sont réalisés après l'achèvement du nouveau. De 1859 à 1862, les rochers occupant la partie centrale du lit de la Saône sont enlevés pour faciliter la navigation. Légèrement endommagé par les bombardements allemands du 2 septembre 1944, le pont est rouvert à la circulation le 9 décembre suivant. Il est démoli en 1976 à la suite de la construction du barrage de Pierre-Bênite qui a fait monter le niveau de la Saône et rendu impossible le passage des bateaux sous les arches du pont.
source : Pont de Saône, de Pierre ou du Change, puis de Nemours
Les documents que nous avons consultés confirment ces propos. En voici quelques extraits :
p. 29
"Le pont de Saône fut le signal du renouveau de la ville. On sait qu'il fut construit à partir du milieu du XIe siècle et qu'il fut consacré en 1076 par l'archevêque de Lyon, Humbert Ier. On le décrira plus loin, mais on peut dire déjà qu'il s'appuie sur les rochers et l'île des rapides de la Mort qui Trompe, et constitué d'arches rapprochées pour faire des voûtes solidement arqueboutées. Les matériaux furent largement empruntés aux monuments antiques : au cours de la démolition de 1842, on y retrouva un taurobole (autel qui servait au sacrifice du même nom et au cours duquel on sacrifiait un taureau dont le sang aspergeait le prêtre ou le fidèle) du règle de Septime Sévère en 194. [...]
Quoiqu'il en soit, il défia toutes les crues de la Saône et ne céda qu'aux efforts des hommes qui le détruisirent à partir de 1846, pour permettre la navigation moderne qu'il interdisait par son étroitesse et les roches qui le supportaient. Il demeura seul pendant plusieurs siècles et fut au Moyen-Âge comme le coeur de la cité dont il unissait les deux parties souvent ennemies : Saint-Jean-Saint-Georges, domaine de l'évêque et la Presqu'île dominée par le pouvoir civil des Consuls. [...] "
p.111 :
" Le premier pont du Change [...] fut en effet construit entre 1050 et 1074, date à laquelle il fut consacré par l'archevêque Humbert Ier, comme nous l'avons déjà exposé au début de cet ouvrage. [...]
Comme bien des ponts médiévaux, celui-ci était hérissé de superstructures diverses. Pendant le Moyen-Âge, il comportait deux tours fortifiées à chacune de ses extrémités pour contrôler le passage. [...] Les deux tours disparaissent d'ailleurs, au début du XVIe siècle, mais l'encombrement du pont n'en est pas fini pour autant. Au milieu, en 1659, on édifie un petit bâtiment en forme de niche pour abriter une statue de la Vierge de 1,60 mètre de haut [...]
Mais ce sont surtout les maisons qui donnent leur marque au passage. Leur mise en place est ancienne, puisque le premier acte de permission donné à leur construction remonte à 1309 lors des recherches d'archives exécutées par la municipalité à la demande de l’État au début du XIXe siècle. L'acte rédigé en latin accorde cette permission au sieur d'Albon, sous condition de l'entretien ou de la reconstruction en cas de dégâts de l'arche sur laquelle la maison est située, en l'occurrence celle des Merveilles. Mais d'autres actes cités par le document s'échelonnent jusqu'au XVIIIe siècle. Même le 9 octobre 1833, le Conseil municipal autorise deux propriétaires à rétablir un pavillon, rue du Pont n°6, à l'aval de la culée du pont du Change. En fait, les maisons se situent des deux côtés du pont et pas en continu, comme sur le Ponte Vecchio à Florence, il est vrai près de trois fois moins long, mais elles étaient plus hautes et au moins aussi belles.
Ces maisons furent construites et reconstruites plusieurs fois parce que les incendies y furent nombreux, tant on avait l'habitude d'y adjoindre des balcons et diverses superstructures pour gagner de la place (le consulat l'interdit, mais sans grand succès en 1639, après un très gros sinistre malencontreusement survenu lors d'une des nombreuses visites du roi Louis XIII) et parce que la mode architecturale évoluait en même temps que les besoins d'espace croissaient dans la ville. La plupart des maisons dataient du XVIIe siècle et surtout du XVIIIe siècle. [...] "
Les Conseil municipal de Lyon finira par donner son accord le 12 mai 1842 pour la construction d'un nouveau pont.
source : Ponts et quais de Lyon / Jean Pelletier
Un autre historien n'est pas tout à fait d'accord avec la thèse de Jean Pelletier sur l'historique des tours :
Les tours apparaissent dans les documents en 1208, pour en disparaître aussitôt. Cette année-là, éclata le premier conflit entre l'archevêque, détenteur du pouvoir seigneurial, et les bourgeois, qui réclamaient de droits municipaux. Au bout de plusieurs mois, une transaction y mit fin en septembre, assurant la défaite des citoyens, sous la garantie du duc de Bourgogne, qui devait prendre possession et tenir la garde des remparts et des clefs de la ville "outre Saône", c'est-à-dire sur la presqu'île. Était précisément désignée, en plus de la tour Saint-Marcel, au pied de la Grand'Côte, "la tour du pont qui regarde Saint Nizier", donc sur la rive gauche, du côté des bourgeois. Passée la quinzaine de Pâques, au bout d'environ sept mois, le temps de laisser les esprits se calmer, les clefs de ces ouvrages, portes et tours, devaient être remises à l'archevêque, et les citoyens n'y pourraient prétendre à aucun droit de garde qu'aurait justifié une quelconque coutume. Quant à la seconde tour du pont (altera turrium pontis), celle de rive droite, elle devait être incontinent démolie. En clair, avec la tour de rive gauche, l'archevêque assurait le moyen de contenir le quartier adverse, et pouvait dès lors, sans inconvénient détruire celle de rive droite, sa rive, dont il n'avait plus besoin pour se protéger.
Plus jamais, par la suite, les tours n'apparaissent dans aucun document écrit, même dans ceux où elles auraient dû être citées, si elles avaient existé. [...]
Les tours existaient en 1208, un point c'est tout. Nous ne savons, ni quand elles furent construites, ni quand elles disparurent. Il paraît plausible qu'elles furent édifiées assez légèrement, peut-être même tout simplement en bois, à l'occasion des troubles de cette année là, vers la rive droite par l’archevêque, vers la rive gauche par les bourgeois. On ne voit pas pourquoi, auparavant, l'archevêque, seul capable d'en élever, eût éprouvé le besoin d'en avoir sur les deux rives. Selon toute vraisemblance, la tour de rive droite fut démolie sans tarder, n'étant plus nécessaire à la sûreté du cloître de Saint-Jean. Quant à celle de rive gauche, elle disparut sans laisser de trace, dès avant 1269. Si elle avait été construite à loisir et de bonnes pierres, l'archevêque eût-il eu l'imprudence de la laisser s'écrouler à ras de terre, face à des bourgeois dont les années de paix n'effaçaient ni ne dissimulaient les désirs d'émancipation ?
Quoiqu'il en soit, plus jamais le pont de Saône ne porta d'ouvrage fortifié destiné à surveiller le passage. Au XVIe siècle, le Plan scénographique n'en montre pas la moindre trace. C'est d'ailleurs ce que, au même moment, en 1560, constata le maréchal de Saint-André gouverneur de la province.
Ce document décrit également les constructions et démolissions de maisons de ce pont aux pages 39 et suivantes.
A leur propos, le document le plus ancien est aussi le plus imprécis : c'est le sceau de 1271, qui nous montre des maisons aux deux extrémités, sur la face aval. La première mention certaine est l'autorisation donnée en 1285 par l'archevêque à Mathieu de Fuer de renforcer par un arc de soutènement les ateliers ou ouvroirs qu'il possédait sur la première arche de rive droite. Nous avons déjà rencontré cette maison, de même que celle dont Henri d'Albon reçut, en 1309, l'autorisation de consolider l'assise, sur l'arche des Merveilles.
[...]
"Quand s'ouvrit le XIXe siècle, le vieux pont était donc toujours là, inchangé ou presque, tout au plus l'extrémité vers le Change était-elle maintenant complètement dégagée. Les quatre maisons qui restaient sur l'aval avaient en effet disparu en exécution des arrêtés des représentants du Peuple des 6 pluviôse an II et 9 messidor an III (27 janvier 1794 et 27 juin 1795), au cours des travaux réalisés après le Siège pour créer les quais depuis longtemps désirés au pied de la colline. En 1806 le pont, libéré sur point, ainsi que la culée, avait pu être raccordé au nouveau quai.
Vers la rive gauche, en revanche, le tablier continuait de former un bout de rue étroite, bordée de petites maisons assises sur les piles, trois en aval, cinq en amont, où s'activaient un petit monde. Quatorze boutiques : opticien, marchands de lingerie, bijoutiers, couteliers, bonnetiers, etc. [...]
Selon certaines sources, les maisons sur l'aval auraient été démolies dans le dernier trimestre de 1844. En fait, les photographies attestent qu'elles le furent seulement tout à la fin, après la mise en service du nouveau pont et pendant la destruction de l'ancien, soit en 1846 ou plus tôt, ce que confirme la lecture du recensement fiscal annuel, où elles figurent encore en 1845. Leur présence ne gênait pas, comme celles de l'amont, la construction du nouveau pont, et l'on avait pu attendre."
source : Histoire du pont de Saône : neuf siècles de vie lyonnaise autour du pont du Change / Henri Hours
Nous vous invitons à consulter ce livre à la Bibliothèque de la Part Dieu au département de la Documentation régionale (4e étage).
A lire aussi sur internet :
- Le merveilleux pont du Change
- Pont de Pierre / Rues de Lyon
Quant au rattachement de la rive gauche de Lyon à la France, " Le passage est progressif mais l'on retient généralement la date du comme le rattachement officiel de Lyon au royaume de France par le traité de Vienne par lequel l'archevêque de Lyon Pierre de Savoie abandonne au roi Philippe le Bel la souveraineté de la ville et du comté de Lyon."
Pour en savoir plus, voir Wikipedia et cette précédente réponse : Réunion de Lyon à la France en 1312
Bonne journée.