Le garage Citroën à Lyon 7ème a-t-il failli être un petit Lingotto ?
Question d'origine :
Bonjour.
J'ai bien consulté vos réponses concernant l'histoire du Garage Citroën à Lyon 7ème. Très enrichissant.
Je cherche à savoir si la légende suivante est vraie concernant ce magnifique édifice de la Guillotière : André Citroën aurait voulu faire de ce garage, un petit Lingotto, usine de Fiat à Turin avec une piste d'essais sur son toit. Citroën aurait revu son ambition à la baisse en suite du krack boursier de 1929 et opté pour un toit "normal" (même si, il me semble, la toiture est exceptionnelle).
Merci beaucoup pour votre travail et vos réponses.
Réponse du Guichet

Nous n'avons pas pu confirmer la validité de cette légende, pas plus que nous n'en avons trouvé trace ailleurs que dans votre question.
Prouver l'existence d'une "légende" n'est pas une mince affaire. On peut en chercher indéfiniment confirmation, n'en trouver aucune trace, et ne pas pour autant pouvoir affirmer que cette légende n'existe pas. Et chercher indéfiniment n'est pas un luxe que nous pouvons nous permettre, malheureusement. Votre question a plus de chance d'aboutir si elle consiste à vérifier une allégation sourcée: "j'ai lu dans tel ouvrage..." ou "d'après Untel...", fournissent un point de départ à la recherche, autant qu'un contexte.
En l'état, notre recherche tout azimuth n'a pas croisé d'information qui pourrait laisser supposer le projet d'un circuit installé sur le toit du garage Citroën à Lyon.
Les ouvrages suivants ont été consultés, en vain, même quand certains consacraient quelques lignes au garage lyonnais :
- Citroën, succursale de Lyon
- Citroën, un parcours architectural (qui consacre un chapitre entier au garage Lyonnais)
- André Citroën
- André Citroën
- André Citroën
- Citroën
- Quai de Javel, quai André Citroën...
André Citroën: le risque et le défi cite l'ambition qu'André Citroën nourri quant à l'évolution de ses garages :
« On devrait chercher à faire quelque chose qui, à notre connaissance, n'a pas encore été mis en pratique jusqu'à présent. Nous pourrions créer une espèce de " ville-Citroën " où le client, arrivant pour faire réparer sa voiture, puisse pendant ce temps-là se faire raser, acheter les journaux, se restaurer, etc. On créerait un mouvement d'intérêt et de curiosité générale envers nos locaux, chose qui est évidemment à rechercher puisque cette curiosité serait liée à notre intérêt commercial. Il est évident que ces magasins ne seraient pas exploités par nous-mêmes, mais concédés et qu'ils se trouveraient dans une espèce de couloir dans le genre du couloir central des Champs-Élysées à Paris. Il y aurait peut-être lieu de prévoir également une salle de cinéma, pour donner des séances de projection aux écoles, etc. Éventuellement, nous pourrions faire une terrasse où nous pourrions, à certains moments de l'année, faire soit des présentations de voitures, soit des réunions mondaines. »
Source: AN B 32346, présentation du rapport Richard, 2 mai 1934.
Cette citation, datée de deux ans après l'inauguration du garage Citroën, a le mérite de rendre plausible l'idée que le constructeur ait pu envisager l'installation d'un circuit sur son toit, même si, au moment où il écrit ces mots, l'époque n'est déjà plus à ces monumentaux garages dont l'exemple lyonnais fournit un des derniers fleurons.