Quel est le rôle de la France dans la construction de la Grande Muraille Verte ?

Bonjour,

Le 7 février 2022, le leader international de la lutte contre le changement climatique, Eco act, publie sur son site : 

Lancée en 2007 par l’Union africaine, la Grande muraille verte est une initiative visant à limiter les effets de la désertification du Sahel et répondre aux enjeux de développement durable en Afrique.

Répondant à 15 des 17 Objectifs de développement durable définis par l’ONU, ce projet de grande envergure a pourtant pris du retard dans les avancées prévues initialement. Le 15 janvier dernier, le One planet summit dédié à la biodiversité a permis de relancer les financements pour la continuité du projet.
 

Pourtant, en janvier 2021, "le Président français, Emmanuel Macron, avait fait cette annonce lors du One Planet Summit pour la biodiversité organisé conjointement par la France, les Nations Unies et la Banque mondiale" :

De nouveaux financements à hauteur de 14,2 milliards de dollars ont été alloués lundi à l’Initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahel et le Sahara. Le financement donnera l’impulsion nécessaire à la restauration des terres dégradées, à la sauvegarde de la diversité biologique, à la création d’emplois verts, et au renforcement de la résilience des communautés sahéliennes.

Déjà en décembre 2021 Macron qui s'adressait aux participants, mettait l'accent sur les fondations philanthropiques, les investisseurs privés, la mise en œuvre qui se fera au niveau local mais aussi au niveau politique. Il ne manquait pas non plus de saluer la Mauritanie, le Nigéria et le Président Issoufou à qui il promettait "le soutien continu de la France", d'exprimer l'appui de la France pour "des projets d’ampleur et en particulier le développement de filières stratégiques" et de finir sur : "Vous savez la détermination de la France..."

Près de la moitié de ces fonds sont aujourd’hui engagés et la mobilisation internationale autour de ce grand dessein se renforce. Les fondations de philanthropie se mobilisent également, à l’instar de la fondation Bezos qui a annoncé un milliard de dollars pour la restauration des terres en Afrique lors de l’événement que nous avons monté ensemble à la COP 26 à Glasgow. Car lorsque l’on présente des projets concrets, nous parvenons à convaincre des investisseurs privés. Oui, l’agriculture au Sahel et dans les territoires de la Grande Muraille Verte recèle des opportunités économiques déterminantes.

Les défis sont nombreux, mais les attentes suscitées par cette dynamique le sont encore davantage. Aussi je salue la tenue de la réunion ce jour qui contribuera à renforcer la mise en œuvre concrète de cette initiative dans vos pays, au niveau local, mais également au plus haut niveau politique.

Je tiens tout particulièrement à saluer le rôle majeur joué par la Mauritanie. En votre qualité de présidence de l’Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte, vous avez réussi, en quelques mois, à renforcer le dialogue politique entre les Etats membre de la Grande Muraille Verte, en réunissant les ministres concernés au mois de juillet dernier, puis en organisant aujourd’hui cette rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement.

Je souhaite également remercier le Nigéria, qui a choisi de reprendre le flambeau de cette présidence. Vous aurez, Monsieur le Président, cher Muhammadu, à poursuivre cette dynamique, et vous pourrez compter sur le soutien continu de la France.

Je veux aussi remercie le Président Issoufou qui à titre personnel, a mis tant et tant d’énergie pour accompagner cette initiative, donner sa crédibilité politique dans la région, et je crois qu’il sait combien il a notre confiance à tous pour être cette espèce de présidence permanente et ce représentant tout particulier.

 

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Dans les mois qui viennent, la France va prendre la présidence de l’Union européenne, et nous aurons à mobiliser l’ensemble des Etats membres, en lien avec les africains. Dans ce cadre, des travaux conjoints pourraient être menés pour appuyer des projets d’ampleur et en particulier le développement de filières stratégiques, dans le cadre d’un dialogue entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Je voudrais en particulier vous proposer de travailler ensemble à l’élaboration d’une vaste initiative en faveur de la production protéines végétales au sein de la Grande Muraille Verte. Ce projet permettrait de mettre en œuvre notre vision d’une agroécologie qui crée des emplois et des compétences, fournit à la population locale des aliments de qualité et s’intègre à des chaînes de valeur internationales – sans oublier bien sûr les bénéfices pour le climat et la biodiversité.

Plus concrètement, en France, parmi les partenaires publics de la Grande muraille verte, il y a l'AFD, agence française de développement qui lance l'appel à projets auprès des organisations de la société civile pour soutenir les filières protéines végétales, le Ministère de la Transition écologique qui gère le site de One Planet Summit où est dédiée une page à la Grande Muraille Verte et le cirad, centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. 

[Le Cirad] promeut des travaux de recherche appliqués à des problématiques de terrain, coconstruits avec les populations bénéficiaires, afin de répondre à leurs besoins et de les  accompagner vers des futurs souhaitables. Le Cirad et ses partenaires travaillent ainsi sur des solutions de différentes natures (biologiques, techniques, organisationnelles,  institutionnelles) et ce, dans une multitude de domaines, afin de répondre aux contraintes spécifiques des pays au sein de la GMV. Pour ce faire, il privilégie une approche inclusive qui se construit à partir des questions posées localement par les partenaires et garantit l’articulation avec les autorités nationales et locales.

Le Cirad s’engage avec ses partenaires nationaux dans la mise en œuvre des programmes de recherche et développement, concrétisés notamment à travers des « Dispositifs de recherche et de formation en partenariat » (dP). Ces dispositifs permettent aux centres de recherche et aux universités de travailler en réseau en s’appuyant sur des équipes dédiées aux programmes scientifiques définis en commun, notamment sur des thématiques liées à l’initiative GMV. À titre d’exemple, il existe aujourd’hui cinq dP (Asap, Divecosys, Iavao, ISA, PPZS) dans les pays de la GMV, qui regroupent 13 partenaires sur des thématiques diverses (pastoralisme, intégration agriculture-élevage, systèmes alimentaires, amélioration variétale, agroécologie, etc.).

 

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Le Cirad mène une recherche contextualisée qui prend en compte la diversité des socio-écosystèmes de la zone couverte par la GMV dans l’objectif de répondre aux enjeux propres à chaque territoire et à la demande sociétale correspondante.

 

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La recherche menée par le Cirad et ses partenaires est conçue pour évaluer les changements et impacts résultant de leurs travaux, répondant ainsi aux enjeux sociaux et économiques des populations à différents niveaux : la sécurité alimentaire, l’emploi, le bienêtre, la préservation des écosystèmes, l’accès aux ressources naturelles, etc.
Pour ce faire, le Cirad déploie des outils (en particulier la méthode ImpresS) au sein de ses équipes et de ses programmes. Ces outils permettent d’inclure l’ensemble des partenaires dans l’élaboration de solutions identifiées collectivement, tout en mettant en place des systèmes de suivi-évaluation pertinents.

 

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Pour accompagner le développement agricole et rural au Sahel et la réalisation des objectifs de la GMV, la recherche se mobilise sur les thématiques issues de la déclaration de Ouagadougou (2018).

Le cirad et les centres nationaux de recherche agronomique (CNRA), trois institutions régionales de la zone sahélienne (Comité permanent inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel - Cilss, Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles – Coraf et Centre de service scientifique ouest-africain sur le changement climatique et l’utilisation adaptée des terres - Wascal) se mobilisent sur cinq axes de travail :

1. Restauration, aménagement et récupération des ressources en terres, eaux et conservation de la biodiversité,
2. Gestion et réduction de la vulnérabilité aux aléas climatiques,
3. Développement économique et sécurité,
4. Communication, marketing et plaidoyer,
5. Renforcement des capacités scientifiques et techniques.

Vous pourrez prendre connaissance du détail de ces axes dans les parties Focus Projets de chaque pilier dans Quelle contribution du Cirad à une Grande muraille verte revisitée ?

Pour approfondir le sujet :

Agence panafricaine de la Grande muraille verte

La Grande Muraille verte, laboratoire africain de l’écologie de la santé, Le Monde, juillet 2022

La grande muraille verte, clef de l'avenir de l'Afrique, France Culture, juillet 2021

La Grande muraille verte : Géographie d’une utopie environnementale au Sahel, thèse, 2018

Grande muraille verte africaine : l’avenir passe par Poitiers, La Nouvelle République, juin 2022

L’accélérateur de la Grande Muraille verte : un nouvel élan pour cette initiative emblématique africaine, Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères, mai 2022

DIA, Abdoulaye (dir.) ; DUPONNOIS, Robin (dir.). La Grande Muraille Verte : Capitalisation des recherches et valorisation des savoirs locaux, 2012

Bonne journée.