Pourquoi Le Louvre a-t-il déménagé des œuvres au château de St-Blancard en 39-45 ?

Bonjour,

Effectivement, durant l'Occupation, les œuvres d'art du musée du Louvre ont été déménagées du bâtiment afin de les mettre en lieu sûr car les Allemands refusèrent d'établir un inventaire des œuvres en partance.

Ce déménagement fut orchestré contre les injonctions du gouvenement de Vichy, par Jacques Jaujard et Christiane Desroches Noblecourt en lien avec les conservateurs Germain Bazin, André Chamson et René Huyghe. Ainsi furent évacuées des œuvres importantes comme la Joconde, la Venus de Milo, la Victoire de Samothrace ou le Scribe accroupi.

Dix jours avant le début de la guerre, le musée du Louvre ferma ses portes. Et il fut vidé efficacement de ses œuvres les plus célèbres [...]

 

« La Grande Galerie abandonnée » par Marc VAUX, 1939

(© Centre Pompidou)

 

Les œuvres, durant leur trajet furent bien emballées, protégées, en effet certaines œuvres ont été classées prioritaires dans l'évacuation du Louvre selon des critères divers, comme leur date de conception par exemple. Les employés de Jacques Jaujard ont pris des précautions sur les routes menant à la Province afin de ne pas abîmer des œuvres, et de rester les plus discrets possibles, afin que nul ne se doute de la valeur de ce qu’ils transportaient. Près de 4000 œuvres ont été sauvées grâce à cette évacuation.

Source : Résister par l'art et la littérature, Jacques Jaujard et la sauvegarde des œuvres du Louvre, site internet lycéen

Les œuvres ont été dispersées à Chambord, au château de Sourches, Midi, mais c'est au château de Saint-Blancard que furent envoyées celles du département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre. 

A moins qu'elles n'aient été déplacées pendant quatre ans, de château en château, comme le rapporte le site des lycéens. On y apprend également que "Jaujard a trouvé un allié inattendu, le comte Franz Wolff-Metternich, chef du Kunstschutz (un service allemand chargé de la « Préservation du patrimoine artistique » à Paris, au profit des nazis). Grâce à cet homme ayant fermé les yeux sur les caches organisées par Jaujard, il a pu préserver les œuvres d’art [...].

En revanche, ce qui est certain c'est qu'il a fallu mettre en place un plan de protection des œuvres du Louvre dés 1938.

Ce sont les directeurs des musées nationaux, Henri Verne et Jacques Jaujard qui vont, dès 1938, face à un contexte international de plus en plus conflictuel, réfléchir aux questions de la conservation des œuvres du Louvre. "Il a d’abord fallu trouver des endroits éloignés des grandes villes où il y avait des risques de bombardements. Les espaces choisis devaient également proposer de bonnes conditions de conservation pour éviter les incendies qui avec les bombardements étaient une autre crainte pour les conservateurs" précise la directrice des collections. Une cartographie est alors dessinée et des châteaux sont désignés comme les lieux les plus sûrs pour assurer la pérennité des œuvres.

"On choisit ces lieux pour trois raisons distinctes. Premièrement, la solidité de leurs murs Ensuite, ce sont des lieux qui sont peu en proie à l’humidité et qui peuvent offrir des conditions de conservation favorables. Enfin, ils sont à la campagne et donc éloignés des grandes villes et des points stratégiques risqués", note la spécialiste.

 

Les transferts d’œuvres débutent en août 1939
Le 23 août 1939, les premières œuvres quittent le musée parisien en direction des différents châteaux destinés à les abriter. La Joconde est est ainsi transferée du Louvre seulement quelques jours avant le début de la Guerre avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie le 1er septembre de cette même année. Au total, ce sont 3 691 œuvres qui sont déplacées du Louvre.

Seules des œuvres jugées trop fragiles pour être transportées sont conservées entre les portes du musée. Ces œuvres sont protégées en étant placées dans les sous-sols. Le bâtiment est lui protégé par sacs de sable. En termes de logistique, le déplacement de ce grand nombre d’œuvres demande une organisation millimétrée et des moyens matériels très importants.

"C’est une organisation colossale, une entraide se met rapidement en place avec notamment l’utilisation des camions de la Comédie-Française qui ont l’habitude de transporter de grands décors" raconte Néguine Mathieux. En tout, 37 convois traversent la France entre août et septembre 1939 afin d’emmener les œuvres vers leurs lieux de protection respectifs. Au fur et à mesure que la Guerre évolue, certaines œuvres changent de lieu de conservation. Ainsi, la Joconde par exemple est d’abord conservée au Château de Chambord dans le Loir-et-Cher puis elle est déplacée au Château de Louvigny dans la Sarthe avant d’être transportée dans l'abbaye de Loc-Dieu dans l'Aveyron puis vers le musée Ingres de Montauban et enfin dans le Lot au château de Montal.

Source : On vous dit comment : les œuvres du Louvre ont été conservées durant la Seconde Guerre mondiale, France Info, 2021

Christiane Desroches Noblecourt évoque cet épisode de l'Histoire dans Sous le regard des dieux : entretiens avec Catherine David, Isabelle Franco et Jean-Philippe de Tonnac paru en 2003.

On le retrouve également traité dans les films et ouvrages suivants :

• Monuments men [Livre] : Rose Valland et le commando d'experts à la recherche du plus grand trésor nazi / Robert M. Edsel, 2010
• Monuments men [D.V.D.] / réal. de George Clooney, 2014
• Illustre et inconnu [D.V.D.] : comment Jacques Jaujard a sauvé le Louvre / réal. de Jean-Pierre Devillers & Pierre Pochart, 2015 - (extrait)
• Francofonia [D.V.D.] / réal. d'Alexandre Sokourov, 2016

Vous pourrez également approfondir le sujet en prenant connaissance de cette bibliographie sur les confiscations et spoliations allemandes durant la guerre de 39-45.

Bonne journée.