Question d'origine :
Bonjour, pouvez vous me dire à qui appartient ce blason, sa famille , sa région, quelle est sa datation et que veulent dire les inscriptions sur le blason.Je vous remercie pour votre réponse, Bien à vous, Mr Miot Francis.
Réponse du Guichet
Il s'agit du blason de la famille de Vienne, de la branche des seigneurs de Pymont et de Ruffey, comtes de Commarin, probablement un membre tardif (XVIIIe siècle ?). Commarin est situé à 40km à l'Ouest de Dijon. Les terres de cette famille se répartissent principalement entre les départements actuels de la Côte d'Or et du Jura. La devise au-dessus de l'écu est celle de la famille depuis le Moyen âge "Tout bien à Vienne", une devise qu'on pourrait paraphraser "Toute faveur à la famille de Vienne", en tous les cas un souhait de fortune favorable à la famille.
Bonjour,
Le bas-relief montré ne donne pas les émaux, mais la couronne comtale et surtout la devise permettent de rattacher sans aucune hésitation ces armes à la famille de Vienne. Si le nom vient bien au départ du comté de Vienne en Provence (vallée du Rhône, entre Lyon et Valence), il s'agit en réalité d'une famille de la noblesse bourguignonne, ayant ses terres sur le Duché ou en Franche-Comté, dont la généalogie et les différents blasons sont très bien documentés. Leurs seigneuries sont situées en partie dans le département de Côte d'or, et en partie dans à l'Est de la Saône, sur les premiers contreforts du Jura.
Les armes de la famille se décrivent ainsi : de gueules (rouge) à l'aigle éployée d'or (jaune), parfois précisé armé d'azur (c'est-à-dire que les griffes de l'aigle sont bleues).
Elle trouve son origine dans les fiefs d'Antigny (aujourd'hui Antigny-la-ville, à 30km à l'Ouest de Beaune) et de Pagny (aujourd'hui Pagny-le-château, à 30km à l'Est de Beaune), mais par différents mariages, les descendants étendront et/ou déplaceront leurs seigneuries vers les contreforts du Jura (Neublans, Montmorot, Longuy, Pymont, Ruffey, Chevreau, etc.), créant différentes branches. La plupart des branches ont des brisures sur leur blason, c'est-à-dire des ajouts de meuble sur l'écu d'origine, ce qui n'est pas le cas sur le bas-relief photographié. La généalogie des différentes branches est précisée dans le Dictionnaire de la Noblesse, et les brisures dans le Rietstap (voir bibliographie), ce qui nous permet d'affiner les recherches.
Les armes sur la photographie peuvent être décrites plus longuement : de gueules à l'aigle d'or. Couronne de comte. Supports : deux aigles de profil. Cimier : un aigle tenant dans son bec la devise : "Tout bien à Vienne".
Plusieurs indices plaident pour un membre de la branche des seigneurs de Pymont (aujourd'hui commune de Villeneuve-sous-Pymont proche de Lons-le-Saunier) et de Ruffey (probablement Ruffey sur Seille proche de Lons-le-Saunier aussi). Vous trouverez le détail ci-dessous.
La devise existe dès le Moyen Âge dans la famille initiale (1399 pour la description dans Rietstap). Une autre devise était en usage au Moyen Âge : "Tost ou tard Vienne".
On pourrait penser que la couronne de comte est celle de la famille initiale, mais c'est en réalité très peu probable. En effet, Hugues III, seigneur de Pagny au milieu du XIIIe siècle, épouse Béatrix de Vienne, fille de Guillaume, comte de Vienne et de Mâcon. La famille prend alors les armes (et le nom) de Vienne. Toutefois, Hugues IV vend le comté à l'archevêque de Vienne Jean de Burnins dès 1266, c'est-à-dire vraisemblablement peu de temps après en avoir hérité par son grand-père maternel. Hugues garde le nom et les armes, mais ne porte vraisemblablement jamais le titre. Lui et ses descendants sont plutôt dits seigneurs de Pagny, de Montmorot, de Longuy, etc. Ils ne sont pas désignés comme comtes.
Au début du XIVe siècle, Hugues V de Vienne (petit-fils d'Hugues IV), laisse deux fils. L'aîné, d'un premier lit, Guillaume II de Vienne, verra sa descendance s'éteindre avec Jean, seigneur de Bussy le fils de Guillaume IV de Vienne en 1456, mort sans alliance. Il est peu probable que la couronne comtale soit donc associée à cette branche.
Le second fils d'Hugues V, d'un second lit, est Philippe, qui héritera par sa mère des seigneuries de Pymont et de Ruffey. Le blason sera modifié : il portera en brisure une cotice (bande diagonale) d'azur (bleue). Cette branche obtiendra par mariage la baronnie de Commarin à la fin du XVe siècle, baronnie qui sera élevée en comté en 1588. Antoine de Vienne (1538-vers 1580-90) est le premier à porter le titre. Ses descendants forment la seule branche de la famille de Vienne à avoir le titre de comtes (de Commarin) et à perdurer jusqu'au XVIIIe siècle. Rietstap précise d'ailleurs qu'en 1793, le blason de cette branche est celui de la famille initiale : de gueules à l'aigle d'or, sans brisure. Il précise que le cimier est un aigle issant (c'est-à-dire dépassant de l'écu). Une description plus proche de celle du bas-relief que l'ancien cimier médiéval qui décrivait un chevalier habillé et coiffé d'hermine.
D'ailleurs, Louis-Henri de Vienne (branche des comtes de Commarin) est dit "comte de Vienne" (titre honorifique mais qui rappelle les origines de sa famille).
Concernant le blason photographié, les supports (des aigles) ne correspondent pas non plus au blason de la famille d'origine tels que décrit par Rietstap. Au Moyen Âge, il semble en effet que les supports étaient des lions et non des aigles. En 1793, aucun support ni tenant n'est mentionné.
Enfin, on sait que la devise "Tout bien à Vienne" était utilisée par Louis de Vienne (père de Louis-Henri cité ci-dessus), car elle apparaît sur un jeton de présence de 1722 de cet élu de la Noblesse au Parlement de Bourgogne.
Tout cela, de même que le style du bas-relief, et la forme de l'écu, plaide pour que soit ici représenté les armes d'un membre tardif de la branche de Pymont et de Ruffey, comtes de Commarin. Il s'agit peut-être d'un membre du XVIIIe siècle, peut-être même plus jeune encore.
Le lieu de la prise de la photographie permettrait peut-être d'affiner encore la recherche de la personne exacte à qui appartenaient ces armes.
Bibliographie :
- Le site Au blason des armoiries, très utile pour le vocabulaire attaché à l'héraldique;
- Chaussant et Tausin,Dictionnaires des devises historiques et héraldiques, Paris : Dumoulin, 1878, tome 1 p. 334;
- François Aubert de la Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, Paris : Berger-Levrault, 1980 (édition revue de l'édition de 1770 numérisée : voir tome 12 p. 789);
- J.B. Rietstap, Armorial général, Lyon : soc. de Sauvegarde historique, 1950.
Bonne journée.