Où trouver des informations sur cet ancien hôpital militaire lyonnais ?
Question d'origine :
Bonjour,
Dans les "observations sur les causes de la mort des blessés par armes à feu dans la journée du 29 mai 1793 à Lyon" du docteur Tissot il est fait mention d'un hôpital militaire à proximité de l'Hôtel de Ville. Pourriez-vous me dire où se trouvait cet hôpital et où puis-je trouver les fonds d'archives qui le concerne.
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet

Si Lyon n'a pas eu d'hôpital militaire sous l'Ancien Régime, il en voit à la Révolution. Selon toute vraisemblance, celui dont parle Tissot était l'Hôpital de la Montagne, ou Saint-Irénée, ancien local du séminaire Saint-Irénée réquisitionné et requalifié en 1792. Les archives le concernant se trouvent probablement au Service historique de la Défense.
Bonjour,
Dans le Dictionnaire historique de Lyon, on peut lire :
Sous l'Ancien Régime, Lyon, n'étant pas ville de garnison, ne possède point d'hôpital destiné aux armées et soigne les militaires dans son Hôtel-Dieu, d'abord mêlés aux autres patients, ensuite réunis dans des salles spéciales, à partir de 1776. Sous la Révolution, toutefois, un hôpital provisoire destiné aux militaires vénériens est installé en 1790-1791 dans l'ancien Couvent des Cordeliers et un autre, l'année suivante, dans les murs du séminaire Saint-Irénée, désaffecté sous le nom d'hôpital de la Montagne, qui est fermé en décembre 1793.
Le texte n'est pas tout-à-fait clair à ce sujet, mais les deux hôpitaux n'ont pas fonctionné en même temps :
Revue hospitalière de France : bulletin officiel de la Fédération hospitalière de France
Un premier hôpital, dit "Hôpital des Cordeliers", affecté aux vénériens, fonctionne de novembre 1790 à mars 1791 ; puis, la loi du 5 mai 1792, établissant un hôpital militaire dans tous les centres de rassemblement des armées, détermine l'institution de l'Hôpital de la Montagne ou Saint-Irénée [...].
A la date du 29 mai 1793, c'est donc vraisemblablement à l'ancien séminaire Saint-Irénée qu'on dû être conduits les blessés de l'insurrection car, comme son nom ne l'indique pas, celui-ci était attenant à la Montée Saint-Sébastien, à hauteur de Croix-Paquet, à environ 400 mètres de l'Hôtel de Ville selon Google Maps.
Ce que nous confirme la conférence La carrière mouvementée d'un officier de santé : Clément-Joseph TISSOT (1747-1826), prononcée par Alain Gérard à la séance du 27 avril 1974 de la Société Française d'Histoire de la Médecine, et disponible en ligne :
Le Séminaire Sainte-Irénée avait été choisi pour implanter l'Hôpital Militaire également dénommé Hôpital de la Montagne. Les conditions de fonctionnement semblent en avoir été fort difficiles. [...]
La situation se dégradera encore en raison de l'évolution des événements politiques à Lyon. Le 29 mai 1793, une émeute oppose les Lyonnais modérés aux Jacobins qui sont finalement écrasés. Les combats auraient fait 800 morts. Les deux partis s'accusent l'un l'autre d'avoir utilisé des balles empoisonnées avec du verre pilé et de l'arsenic. Une expertise est demandée à Tissot qui réfute cette assertion et impute le décès de nombreux blessés au défaut d'organisation des secours ainsi qu'aux habitudes d'intempérance de la plupart d'entre eux.
Les Lyonnais insurgés font appel au Comte de Precy pour assurer leur commandement. Bien qu'aucun document ne permette de l'établir, il paraît vraisemblable que l'attachement que Tissot témoignera ultérieurement à la mémoire de cet officier soit la conséquence des liens renoués avec lui en cette occasion. En effet, le personnel médical et administratif des hôpitaux militaires est resté en place soignant indifféremment les blessés insurgés ou assiégeants.
La suite des événements concernant l'Hôpital Sainte-Irénée est ainsi résumée dans un mémoire que Tissot rédigera le 1" décembre 1819 pour justifier une demande d'augmentation de pension... « que cet hôpital militaire qui contenait 965 malades des régiments assiégeants fut oublié d'être évacué avant le siège ; que l'ordre d'évacuer ayant été apporté le 30 août par un parlementaire ; les Lyonnais s'opposèrent à cette évacuation en offrant en même temps d'y faire recevoir avec humanité les malades et blessés de l'armée assiégeante ; que cet hôpital fut ensuite incendié 2 fois par le feu des assiégeants qui tua beaucoup de malades, quelques Officiers de Santé ; et tellement incendié qu'on fut obligé de le transférer sur la montagne des Charrottes, rive droite de la Saône... » (Archives historiques de l'Armée)
Les Archives de Lyon conservent très peu de documents sur les hôpitaux militaires. Concernant l'Hôpital de la Montagne, pour la période considérée, nous n'avons trouvé qu'un Etat nominatif des militaires décédés à l’hospice militaire du Séminaire Saint-Irénée avant la prise en charge des militaires malades à l’Hôtel-Dieu. Sauf erreur de notre part, les Archives du Rhône n'en conservent pas du tout.
Nous pensons que l'essentiel des documents sur les hôpitaux militaires se trouvent au Service historique de la Défense, à Vincennes, dont le site nous dit que "La sous-série B13, correspondance générale, traite de l'administration des armées, des subsistances, de l'armement, du service de santé et des mouvements des troupes. Elle comprend en effet les documents provenant des bureaux, qui n'ont pas un rapport direct avec les opérations, ainsi que ceux de la commission et du bureau du mouvement."
Pour aller plus loin, voici quelques documents sur Lyon pendant la période révolutionnaire :
Bonne journée.