Quel texte accompagne le portrait de Maryse Condé réalisé sur l'un des murs du Centre des Arts de Pointe-à-Pitre ?
Question d'origine :
Bonjour,
Un magnifique et immense portrait coloré de Maryse Condé a récemment été réalisé sur l'un des murs du Centre des Arts de Pointe-à-Pitre. Malheureusement, je n'arrive pas à lire le texte qui l'accompagne...
En temps normal, j'aurais sauté dans mon jet pour assouvir ma curiosité en m'y rendant personnellement, cependant, avec la fin de l'abondance, je ne peux plus me le permettre !
Voudriez-vous bien, en quelques sauts de grenouille, aller voir pour moi et me rapporter cette information, ainsi que le nom ou pseudonyme de l'auteur ?
Un grand merci pour toutes vos réponses déjà apportées ici !
Réponse du Guichet

Il s'agit de la phrase "Je n'appartiens pas à la civilisation du Livre et de la haine", extraite du roman Moi, Tituba sorcière... paru en 1986: noire de Salem. Nous n'avons pas trouvé le nom de l'auteur.e de la fresque mais avons contacté le collectif Awtis Rézistans, qui occupe le lieu, pour lui poser la question.
Bonjour,
Nos cuisses de grenouilles ne nous permettront malheureusement pas de parcourir d'un bond de 6 895 km (selon fr.distance.to), pour aller de Lyon à Pointe-à-Pitre... mais internet est là pour nous aider.
Ayant agrandi une photo illustrant l'article L'avenir du Centre des arts, occupé, en question du média guadeloupe.franceantilles.fr, nous lisons "Je n'appartiens pas à la civilisation du Livre et de la haine". Il s'agit d'une citation du roman Moi, Tituba sorcière... noire de Salem où Maryse Condé " imagine la vie d'une personne réelle, Tituba, esclave du pasteur puritain Samuel Parris, accusée d'être l'une des Sorcières de Salem en 1692". (Source : Wikipédia)
Dans "Le rire créole : entretien avec Maryse Condé", entretien avec Zineb Ali-Benali et Françoise Simasotchi-Bronès publié dans la revue Littérature en 2009 et accessible en bibliothèque, Condé commente cette phrase :
ZA. Tituba c’est quand même le premier roman qui pose la question de l’esclavage mais aussi de deux systèmes de valeurs, de deux références culturelles qui s’opposent.
MC. Oui, c’est vrai. Mais n’oubliez pas que Tituba est un roman de la découverte. Maintenant je connais l’Amérique, j’y vis depuis près de vingt ans. Elle ne me surprend plus, enfin si elle me surprend quand je vois qu’elle est capable d’élire Obama. Je ne pensais pas qu’elle était mûre pour ça. Mais lorsque j’ai écrit Tituba, j’arrivais de la Guadeloupe, je ne connaissais pas du tout la société. Je vivais sur des on-dit. Je me suis retrouvée dans ce petit collège de Los Angeles. Et je me suis aperçue qu’après des années, l’Amérique restait telle qu’on m’avait prévenue : aussi raciste, aussi intolérante, aussi méprisante vis-à-vis des femmes, surtout de couleur. Tituba, c’est un livre de découverte, de stupéfaction et aussi de révolte. Il a été publié en anglais avec une préface d’Angéla Davis qui l’a lu ainsi. C’est ce qu’elle a aimé en lui : la révolte. Mon amie juive, Rose Cohen, me répétait que les choses n’avaient pas changé en deux ou trois siècles. C’est elle qui est à l’origine de toute la partie juive de Tituba.
ZA. Oui découverte, oui stupéfaction, mais cette découverte vous mène à poser la question qui touche à la fondation même de l’Amérique. Vous portez cette critique au cœur de l’Amérique. C’est votre imaginaire d’écrivain.
MC. Oui tout à fait, Tituba prononce une phrase importante : « Je n’appartiens pas à la civilisation du Livre et de la haine ». En Amérique, j’étais étonnée de voir cette civilisation du Livre et de la haine dont la France, qui est pourtant un pays colonial, ne m’avait pas donné la pleine expression.
Le Kolèktif Awtis Rézistans (collectif des artistes en résistance), nous dit l'article de guadeloupe.franceantilles, à l'origine des nombreuses fresques ornant l'intérieur et l'extérieur du bâtiment, occupe le Centre des arts depuis des mois et lutte contre l'abandon dans lequel l'a laissé une faillite d'entreprise :
Le chantier de la rénovation et de l'agrandissement du CAC était alors à l'arrêt "après des faillites d'entreprises". Depuis, les murs de béton brut ont pris des couleurs, le silence de l'abandon a laissé place à la musique de la création.
"On y a dormi pendant huit mois", explique Laurence Maquiaba. Ateliers créatifs, spectacles de danse, théâtre, concerts, oeuvres picturales, sculptures, au total "300 artistes environ, venus de différents pays, ont participé", raconte l'artiste. Certains caressent désormais l'espoir qu'il devienne "un tiers lieu" et que "le côté laboratoire puisse continuer", précise-t-elle.
La page Facebook des Awtis Rezistans vous donnera une idée des nombreuses réalisations initiées par le collectif, qui revendique un large soutien populaire, mais aussi les ateliers écriture ou peinture, la médiation auprès des jeunes, les moments conviviaux...
N'y trouvant toutefois pas le nom de l'artiste ayant réalisé le portrait de Maryse Condé, nous avons contacté le collectif pour lui poser directement la question. Nous vous transmettrons leur réponse éventuelle.
Bonne journée.