Je cherche des informations sur une tour des mariniers disparue à Tupin-et-Semons.
Question d'origine :
Bonjour, Nous recherchons des informations sur une tour des mariniers disparue: elle s'élevait au-dessus du Rhône, sur la commune de Tupin-et-Semons, jusqu'à sa destruction en 1936. Nous avons trouvé 3 cartes postales, mais cherchons des informations sur son édification et son rôle exact. Pourriez-vous nous aider? Merci d'avance!
Réponse du Guichet
La commune de Tupin-Semons est située entre Ampuis et Condrieu, sur la rive droite du Rhône. Toutefois, si Condrieu souvent élevée au rang de capitale de la batellerie rhodanienne est richement documentée, un seul document sur l’histoire de Tupin-Semons, Notice historique et statistique par Nicolas-François Cochard est disponible dans nos collections mais actuellement uniquement consultable aux archives départementales du Rhône.
Les quelques mentions sur la tour de Tupin-Semons relevées dans les ouvrages consultés semblent confirmer son rôle de tour de surveillance de la navigation sur le Rhône.
Cette question sur la Tour de Tupin-Semons avait déjà fait l’objet d’une réponse en 2011 sur le Guichet du Savoir : «il s’agirait d’une tour qui se trouvait près d’une ferme, non loin de la mairie. Ne pouvant être restaurée, elle se serait écroulée en 1936 et aurait servi à la surveillance de la navigation sur le Rhône.»
Voici 2 ouvrages dans notre fonds régional qui viennent conforter la fonction de cette tour:
- Le canton de Condrieu / Jean-Claude Caira
p. 88: Légende de la Carte postale de la tour de Semons, près de Condrieu: la tour de Semons contrôlait le trafic sur le Rhône et marquait la frontière entre les fiefs de Condrieu et de Semons. Dans les années 1920, elle servait de délimitation entre les parcelles de vigne.
- Condrieu et sa région : actes des journées d'études, [11 et 12 octobre] 1997 / [de l'] Union des sociétés historiques du Rhône
Chapitre: les édifices religieux de Tupin-Semons : Le cadastre de 1802 présente le lieu-dit La Tour ou Gremontier. Jusqu’au début du 20e, un grand domaine de 20 hectares entouré de murs perdura englobant le lieu-dit La Tour et la propriété appelée Ventadour, ex-domaine de Cazeneuve. Une motte féodale exista au 11e siècle dans ce lieu duit La Tour, elle fut utilisée au début du 19e siècle pour construire une autre tour qui permettait de surveiller la navigation du Rhône: le domaine appartenant alors depuis 1782 au Sieur pierre Plasondit le patron Pierre.
A la recherche d’autres documents qui parleraient de cette tour, nous avons fait des recherches dans les numéros de la revue Dan l'tan de l'association patrimoniale locale «Visages de notre Pilat» :
Nous n’avons pas trouvé d’articles présentant cette tour ; cependant voici un autre article en lien avec le sujet sur la relation entre Condrieu et le Rhône et notamment la surveillance de la navigation dans ce secteur : "Du 16e au milieu du 19e, Condrieu est un des hauts lieux de la batellerie rhodanienne avec sonport, ses nombreux équipages, ses artisans et commerçants. L’activité commerciale liée à la navigation apparait des 1226. Ce privilège de tenir port sur le fleuve empêchera Ampuis et Tupin de bénéficier de ports sur leur territoire. Dans la 2nde moitié du 20e, le Rhône est aménagé pour la navigation, la production d’électricité et l’irrigation des terres agricoles.Condrieu verra ainsi le paysage desa plaine modifié.Le Rhône présentait dans ce passage une courbe redouté des mariniers. Un alternat devait être mis en place avec priorité aux bateaux descendants. Un signaleur installé sur une hauteur des Roches-de-Condrieu était chargé de hisser un drapeau sur un mat quand se présentait un avalant (un bateau se dirigeant vers l’aval).Ce système a perduré jusque dans les années 1960." Source : Dan l’tan ; n°39, 2018, p.14-19
D’autre part, depuis 2015 la Bibliothèque de la Part-Dieu est dépositaire du Fonds de la Maison du Fleuve Rhône, dont voici le descriptif.
Toutefois, nous n’avons pas trouvé dans ce fonds davantage de documentation sur cette tour de Tupin et Semons. Voici une petite liste des livres consultés:
- Jadis les bords du Rhône / par Claude Bonnard
- Sujets bateaux : embarcations sur le Rhône et la Saône en région lyonnaise / Romain Charbonnier ; avec la collaboration d'André Vincent
- Les "trois fleuves" lyonnais : Rhône, Saône et Beaujolais
- Condrieu : un siècle d'histoire condriote
- Idées barges
- etc
Enfin il existe un Musée des Mariniers (batellerie du Rhône) à Serrières que nous avons interrogé par téléphone (04 75 33 62 82). Voici la réponse du guide : il n’y a pas de trace dans les récits des bateliers de l’existence de cette tour qui aurait servi de tour de contrôle pour la navigation sur le Rhône. Dans la vallée du Rhône, on trouve de nombreux vestiges des usages de la navigation sur le Rhône: comme des piles de bacs à traille, les chemins de halage…mais pas de tour de contrôle pour la navigation. Pour autant, on remarque bien l’aspect «phare» de cette tour. Sa localisation topographique en haut d’une colline laisse à penser qu’elle offrait une belle vue sur les environs à 360 °. Toutefois, cette utilisation de type «phare maritime» pour signaliser et faire repérer la berge aux bateliers parait plutôt étonnante sachant que le halage obligeait les équipages de jadis à se tenir sur les berges.
Aussi, pour confronter toutes ces informations, nous vous proposons de contacter la société historique du Pilat rhodanien basée à Pelussin (42) qui est toujours très active puisqu'elle a publié en 2022 son 43e numéro de Dan l'Tan : visagesdenotrepilat42@orange.fr