Les alcools différents ont-ils un effet différent ?
Question d'origine :
Bonjour
On prétend que chaque alcool provoque une ivresse différente. on dit que tel vin rend abruti, ou tel rhum belliqueux, ou tel gin mélancolique, etc. Est-ce scientifiquement vrai que les alcools rendent les gens différents selon leur nature, ou bien l'origine de l'alcool n'influe en rien, vu que finalement ça ne reste que de l'éthanol avec des saveurs différentes ?
merci.
Réponse du Guichet

Les mythes qui circulent autour de l’alcool sont nombreux… et les affirmations sur lesquelles vous vous interrogez en font parties…
Dans l’ouvrage L’alcool et l’alcoolisme : 100 questions / réponses pour mieux comprendre l’alcool et l’alcoolisme voici ce qu’il est écrit à la page 22 en réponse à la question Certains alcools sont-ils plus nocifs que d’autres ?
Le type d’alcool ingéré ne joue qu’un rôle relatif dans les conduites d’alcoolisation, qu’elles soient maîtrisées ou dans le cadre de la dépendance.
Tels qu’ils sont servis dans les bars et les restaurants, un verre de vin, un apéritif, un demi de bière, une flûte de champagne, un verre de porto, de cognac, de whisky, de pastis ou de vodka contiennent la même quantité d’alcool, soit environ 10 grammes.
Ces verres «standards», contiennent la même quantité d’alcool pur, quelle que soit leur contenance c’est-à-dire que les boissons fortement alcoolisées sont servies en moindre quantité (3cl pour le pastis, le whisky, le cognac ou la vodka, 6 cl pour le porto et les vins cuits) et les boissons plus faiblement alcoolisées sont servies dans des verres plus grands (10 cl pour le vin et le champagne, 25 cl pour la bière). Ce que le verre «gagne» en quantité, il le «perd» en degré alcoolique et vice versa.

Ce qui détermine le danger que représente la consommation d’alcool repose donc évidemment sur les caractéristiques pharmacologiques de l’alcool, qui sont les mêmes pour tous les alcools, mais pas uniquement. Les caractéristiques du consommateur entrent également en ligne de compte.
Nous retiendrons donc la phrase citée ci-dessus, «les caractéristiques pharmacologiques de l’alcool sont donc les mêmes pour tous les alcools». Car comme vous l’écrivez vous-même, c’est l’éthanol, molécule à la base de toutes nos boissons alcoolisées qui agit sur le cerveau et provoque l’ivresse.
Voici ce qui est expliqué à la page 14 du même ouvrage en réponse à la question Pourquoi l’alcool rend ivre ? :
L’éthanol (nom chimique de l’alcool) est une molécule qui passe directement dans le sang après ingestion, et se diffuse dans toutes les cellules, y compris celles du cerveau. En modifiant la membrane des neurones, il se substitue à certains neurotransmetteurs et pirate ainsi les messages nerveux. L’échange d’informations nerveuses dans les synapses (zone d’échanges entre les neurones) étant de cette manière modifié, les régions cérébrales commandées par ces synapses reçoivent à leur tour des messages erronés; elles ne sont pas correctement activées par les influx nerveux. C’est ce qui provoque des modifications dans les perceptions, les comportements, les réactions.
A partir d’un taux d’alcoolémie de 0.5 gramme d’alcool par litre de sang l’exécution de tâches cognitives se trouve altérée. L’effet psychostimulant et la désinhibition qui en résultent dans un premier temps, puis l’état d’ivresse proprement dit (avec troubles de l’équilibre, de la coordination motrice et de la parole) sont des symptômes manifestes d’un cerveau mal informé, tout comme la sensation de voir double, car l’alcool provoque un décalage dans la transmission des images par chacun des yeux (transmission qui se fait simultanément en temps normal).
Au bout d’un certain temps, variable en fonction des individus et des quantités ingérées, un effet antagoniste sédatif se produit: l’excitation du début fait place à la fatigue, voire à la somnolence, la vigilance et les réflexes sont réduits.
Les différentes réactions observées chez les individus ne sont donc pas associées au type d’alcool ingéré mais plutôt à la quantité ingérée et surtout aux caractéristiques physiologiques de l’individu qui ingère l’alcool. Concernant ce dernier point, voici ce qui est écrit page 17 en réponse à la question Sommes-nous tous égaux face à l’alcool ? :
Non, nous sommes inégaux face à l’alcool. Selon qu’on est une femme ou un homme, selon son poids, son métabolisme, son histoire personnelle, et parfais selon l’ethnie à laquelle on appartient, chacun métabolise l’alcool de façon bien particulière. Ainsi, pour la même quantité d’alcool ingéré, deux personnes de même âge et même poids n’auront pas le même taux d’alcool dans le sang. (…) A fortiori, nous sommes inégaux face au risque de la dépendance à l’alcool. La sensibilité individuelle qui caractérise cette inégalité dépend d’un mélange de facteurs complexes sans cesse étudiés. En fait, on ne sait pas réellement pourquoi certaines personnes deviennent dépendantes alors que d’autres maintiennent une certaine liberté d’arrêt, malgré des consommations excessives et nocives. Toujours est-il que les effets de l’alcool varient d’un individu à l’autre et que chaque consommateur est unique.
Bonne journée.