Comment le généalogiste amateur peut-il s'assurer de la fiabilité d'une source ?
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Comment le généalogiste amateur peut-il s'assurer de la fiabilité d'une source généalogique telle que les écrits de M. Maurice Perrot des Gozis que l'on trouve fréquemment cité dans des ouvrages relatifs au XV° siècle et antérieurement ?
Réponse du Guichet

"La fiabilité d’une source secondaire dépend beaucoup de la personne qui l’a compilée et de la rigueur et de l’exactitude avec lesquelles elle a enregistré les informations." Nous vous recommandons de demander conseil aux archivistes des archives départementales dont vous dépendez et où ont été déposés ces dossiers afin d'avoir leur avis sur la question. Seuls des professionnels pourront se prononcer sur la fiabilité des archives que vous souhaitez exploiter.
Bonjour,
Si nous comprenons bien votre question, vous nous demandez comment évaluer la fiabilité d'une source généalogique secondaire constituée par des généalogistes ou érudits.
Tout d'abord, revenons sur un point de définition :
Qu’est-ce qu’une source généalogique ?
Une source généalogique est tout ce qui fournit des informations pertinentes pour votre arbre généalogique.
Cela peut inclure :
- Documents officiels
- Conversations ou entretiens avec des membres de la famille
- Documents personnels, tels que des lettres ou des journaux
- Objets personnels avec des inscriptions
- Photographies
- Journaux
- Annuaires scolaires
- Sites web
Vous pouvez même trouver des informations dans des sources généalogiques « non conventionnelles » telles que des bijoux, des documents de voyage et de loisirs tels que des passeports ou de vieux livres.
Quelle est la fiabilité de vos sources ?
Toutes les sources ne sont pas égales. En règle générale, les chercheurs préfèrent s’appuyer sur des sources primaires, c’est-à-dire des sources qui proviennent d’une connaissance directe de témoins directs. Si vous vouliez savoir exactement quand et où vous êtes né, par exemple, les meilleures sources seraient votre mère biologique (qui était forcément là) ou un acte de naissance (qui a été enregistré peu après l’événement sur la base du témoignage de témoins directs) . Ces deux sources sont des sources primaires.
Les sources secondaires sont des sources qui proviennent de connaissances de seconde main ou qui ont tiré des informations de sources primaires pour les analyser : par exemple, un livre d’histoire qui mentionne un journal ou une lettre et examine son contenu est une source secondaire. La fiabilité d’une source secondaire dépend beaucoup de la personne qui l’a compilée et de la rigueur et de l’exactitude avec lesquelles elle a enregistré les informations.
Pourtant, toutes les sources primaires ne sont pas plus fiables que les sources secondaires. Par exemple, les dossiers d’immigration sont une source principale d’informations sur l’immigration d’un ancêtre, mais la personne qui enregistre les informations peut l’avoir fait de manière incorrecte en raison d’une erreur humaine, ou l’immigrant peut avoir choisi de dissimuler ou de modifier les informations demandées. Même un témoin direct peut ne pas toujours se souvenir exactement des détails. La mémoire est inconstante.
Approchez-vous toujours des sources avec une bonne dose de scepticisme. Il est préférable de comparer et de confronter et de trouver plus d’une source fiable pour une information donnée avant d’accepter la vérité.
source : Sources généalogiques : pourquoi et comment ajouter des citations de sources
Lire aussi : Les sources primaires et les sources secondaires
Comme l'indique ce document, il faut toujours considérer avec précaution chaque source généalogique, quelle soit primaire ou secondaire, et surtout croiser les informations recueillies.
Comment être sûr d'une source secondaires et plus précisément du sérieux des dossiers généalogiques ? Si ceux-ci sont conservés par des archives départementales c'est qu'a priori, l'archiviste a attesté de leur sérieux.
Ce travail d'évaluation des archives constitue son coeur de métier :
Nous en sommes tout à fait conscient, il n’y a aucune originalité à affirmer que la fonction évaluation constitue le nœud dur de la discipline archivistique. Une foule d’auteurs l’a proclamé de belle façon bien avant nous. Mais nous tenons à le répéter avec force et conviction. L’évaluation est une des spécificités les plus marquantes de l’archivistique contemporaine en ce qu’elle a pour objet de décider du matériel (document-contenant et information-contenu) sur lequel vont porter toutes les interventions de l’archiviste. La création, l’acquisition, la classification, la description, la diffusion et la conservation des archives sont toutes redevables des décisions prises lors de l’évaluation de ces dernières. Et, on s’en doute, les conséquences de ces décisions sont déterminantes au plan de la gestion d’un organisme (décisions relatives à la valeur primaire) et au plan de la constitution et de la gestion par la suite du patrimoine personnel ou institutionnel et sociétal (décisions relatives à la valeur secondaire).
source à lire dans son intégralité pour en savoir plus : L’évaluation des archives État de la question / Carol Couture
Les archives d'érudits et historiens sont d'ailleurs particulièrement appréciées : Archives d’érudits et d’historiens.
Par ailleurs, dans l'ouvrage intitulé "Ma généalogie de siècle en siècle", Marie-Odile Mergnac met en garde contre les généalogies proposées sur internet :
Les bases de données des archives départementales, des associations ou des principaux acteurs de la généalogie sont fiables, pas de problème.
En revanche, si vous trouvez à compléter votre arbre à partir de celui d'un autre internaute, attention. Vous ne connaissez pas les compétences du généalogiste qui a fait la recherche. Il peut avoir travaillé trop vite et avoir confondu des homonymes vivant dans le même village. Il peut avoir pris ses désirs pour des réalités et considéré comme acquise une filiation qui reste à pouver... ou qui sera toujours impossible à démontrer. Certains internautes font par exemple (et sans rire !) remonter leur généaologie à Cléopâtre ! Le généalogiste peut aussi avoir recopié sur Internet une filiation toute faite tirée d'ouvrages des XVIIIe et XIXe siècles connus pour leur manque de sérieux, Le "Dictionnaire de la noblesse" de La Chenaye-Desbois par exemple. D'autres encore recopient sans comprendre, donc en incluant des erreurs dans une généalogie pourtant juste au départ, comme ce jeune homme qui avait pris Melle, abréviation de "mademoiselle", pour un prénom féminin d'autrefois. Enfin, il y a eu en 2007 un "scandale généalogique" aux Etats-Unis lorsqu'un site américain avait mis en ligne, pour attirer les internautes, plus de 200 000 généalogies toutes plus belles mais plus inventées les unes que les autres !
En clair : Médiez-vous. Il faut vérifier les informations que vous obtenez par Internet aussi méthodiquemenet que vous l'auriez fait pour les indications verbales données par une vieille tante. Si les dates précises et les lieux sont indiquées dans ce que vous envoie un cousin potentiel, c'est déjà bon signe, car cela permet de faire cette vérification à l'occasion d'un déplacement aux archives départementales (ou sur leur site si les données sont en ligne).
Enfin, n'oubliez pas les B-A-Ba des règles de savoir-vivre : ne vous attribuez pas les travaux d'un autre internaute en les incluant dans votre arbre sans le citer ou sans l'avoir préalablement contacté.
Bonne journée.