Je suis à la recherche d'études sur les expositions en plein air et leurs enjeux
Question d'origine :
Bonjour le guichet !
Dans le cadre d'une préparation de concours, je m'intéresse actuellement aux expositions ayant lieu en plein air. Il y en a beaucoup à Paris (un exemple rapide de 5 expos cet été) et dans d'autres villes de France (à Rennes par exemple). La plupart présentent des oeuvres d'artistes contemporains, notamment des accrochages photographiques grand format, mais quelques unes proposent du texte plus développé, comme celle consacrée à l'exposition coloniale internationale de 1931, présentée au bois de Vincennes et sur les murs de la Caserne Napoléon cet été.
Je suis à la recherche de littérature scientifique ou d'articles de presse professionnelle qui porteraient un regard réflexif sur le sujet et ses enjeux (origines et développement de la pratique ? objectifs ? types d'oeuvres présentées ? impact ? etc.)
Je peine malheureusement à trouver des articles pertinents, et je trouve surtout des éléments sur les musées de plein air, qui ne sont pas du tout dans mon sujet : "Une reprise grandeur nature, et le plus fidèle possible, d'un lieu, d'un temps précis et d'une manière de vivre, dans le but de transmettre au visiteur des expériences reliées à ce segment du passé. La participation à ces expériences, aussi limitées qu'elles demeurent, tend à approfondir les perceptions du visiteur et à lui fournir une compréhension plus riche de sa propre temporalité et personnes." (Colwell Wayne. 1972. « Windows on the Past ». Muséum News, 50(10), p. 36-37.)
Auriez-vous des ressources à me conseiller ? Merci d'avance.
Réponse du Guichet
Afin de vous accompagner dans votre préparation au concours, nous avons réuni ici plusieurs références qui pourraient apporter des pistes afin de réfléchir aux origines, développement, objectifs, œuvres, impact, enjeux... de l'exposition en plein air.
Bonjour,
Afin de vous accompagner dans votre préparation au concours, les documents réunit ici pourraient vous apporter des pistes afin de réfléchir aux origines, développement, objectifs, œuvres, impact, enjeux... de l'exposition en plein air.
Le résumé du mémoire Gutai et la Critique d'art de Maëva Daurenjou (2020) mentionne que le mouvement Gutaï était "novateur dans son organisation de l’espace d’exposition : en plein air, au musée, au théâtre ainsi que dans la revue éponyme Gutai, éditée par les artistes eux-mêmes."
Le texte de Françoise Levaillant, Au Japon dans les années 50 : les costumes électriques de Tanaka Atsuko publié dans Bulletin d'histoire de l'électricité, n°19-20 en juin – décembre 1992 et dans La femme et l’électricité, aborde quelques-unes de ces expositions du Gutaï.
Persée propose un extrait du dossier de presse de l'exposition en plein air mis en ligne en docplayer, Regardez, Monsieur Monet Comme la Seine a changé !. Celle-ci a eu lieu au Havre, sur le parvis de l'espace André Graillot, Chaussée Kennedy, du 8 juin au 29 septembre dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste 2013 et à Paris, Port des Célestins, dans le cadre de Paris plage du 20 juillet au 20 août. Le document mentionne le commissaire d'exposition : Aymeric Perroy et le contact de l'époque : Ville du Havre.
Il est aussi question d'une exposition en plein air dans un document publié sur Erudit, intitulé Regroupement à Szentendre dans les années soixante-dix et quatre-vingt :
En 1968, Istvan EFZÂMBÔ et Lâszlô FELUGOSSY organisèrent d'une manière spontanée une exposition en plein-air sur la butte de l'église de Szentendre. Cette action a complètement rompu avec les règles de l'époque, elle est sortie de l'ordinaire. EFZÀMBÔ et FELUGOSSY ont habité et fait leurs études à Keeskemet
pendant cette période. Ils avaient déjà provoqué un scandale culturel et, notamment, la direction locale avait fait fermer leur club appelé Purgatorium (Purgatoire) car, suivant les goûts de l'époque, celui-ci avait un caractère d'avant-garde excessif et gênant.
Dans Note sur la polychromie des statues grecques publié dans le tome 10 de la Revue des Études Anciennes en 1908, Henri Lechat aborde les intempéries auxquelles sont exposées les statues grecques en marbre coloriées :
Il faudrait admettre que l'emploi de la polychromie a été une gêne pour la statuaire de marbre, en a restreint l'exercice et contrarié l'essor. Cette conséquence, en effet « n'est pas niable : un art qui, tout en mettant en œuvre la matière la mieux appropriée à l'exposition en plein air, subit une loi telle que ses productions doivent redouter le plein air et réclament soit une chambre close ou au moins un toit de portique au-dessus d'elles pour les protéger, cet art-là est libre de s'épanouir, à peu près comme l'oiseau en cage est libre de voler.
Dans son texte Les peintres clandestins de Moscou, publié par la Revue des deux mondes en 1975, où elle fait le constat que "la peinture soviétique souffre de faiblesses techniques et d'un manque d'audace", Dina Vierny (collectionneuse, muse et modèle de Maillol), relate la difficulté pour ces artistes d'accéder à l'art du XXè siècle :
Les expositions d'art contemporain organisées en Occident ne sont pas montrées en Union soviétique. Le peintre russe ne voit guère ce qui se passe dans le monde pictural d'aujourd'hui : s'il connaît un peu l'art du xx" siècle, c'est grâce à des reproductions illustrant des ouvrages occidentaux qu'on ne trouve même pas dans les librairies soviétiques.
Le rideau s'est levé une seule fois en 1957, dans le parc de la Culture à Moscou : pendant le Festival mondial de la Jeunesse, les Occidentaux, ont exposé quelques toiles modernes. Cette manifestation, unique dans les annales et dont on parle encore à Moscou, a donné naissance à la plupart des vocations artistiques que j'ai rencontrées en Union soviétique.
Elle cite ensuite des artistes qui lui semblent audacieux dont Oscar Rabin, organisateur d'une exposition en plein air :
Oscar Rabin est un homme courageux. En septembre dernier, lors de ma dernière visite à Moscou, il me parla de l'exposition en plein air qu'il envisageait d'organiser dans la rue avec d'autres peintres de ses amis. Il m'invita solennellement à cette exposition, dont la carte d'invitation me fut remise. Cette carte, à présent historique, est ainsi libellée : « Nous avons l'honneur de vous inviter au Premier Salon d'Automne en plein air avec la participation des artistes suivants : O. Rabin, E. Roukin, V. Nemoukin, N. Elskoï, L. Masterkova, A. Rabin, Jarki, V. Komar, Steinberg, Melamid, etc. L'exposition aura lieu le 15 septembre 1974, de 12 à 14 heures. » Laissons la parole au correspondant du Monde à Moscou, Jacques Amalric : « La peinture non conformiste n'a pas encore sa place en U.R.S.S. Cette constatation s'impose après les violents incidents qui ont eu lieu dimanche 15 septembre, en fin de matinée, sur un terrain vague de la banlieue sud de Moscou. Le terrain vague avait été choisi par une vingtaine de peintres « non officiels » — c'est-à-dire qui ne sont pas membres de l'Union des artistes — comme site d'une exposition « sauvage » de leurs œuvres. Ces peintres, dirigés par Oscar Rabin, un artiste dont le renom a largement dépassé les frontières de l'U.R.S.S., avaient multiplié depuis dix jours les démarches auprès des autorités pour obtenir l'autorisation d'organiser ce modeste « Salon d'Automne ». Tant de précautions devaient se révéler inutiles. Aucune autorisation ne fut finalement accordée. Décidés à passer outre, les peintres dissidents se rendirent dimanche matin sur le lieu choisi avec leurs œuvres. Deux cents personnes environ étaient au rendez-vous. Mais à peine les tableaux étaient-ils déballés qu'une trentaine de « civils », se prétendant habitants du quartier, commencèrent à s'emparer de certaines toiles et à les jeter sur des camions. L'exposition ne pouvait avoir lieu, expliquèrent ces citoyens zélés, car les habitants du quartier avaient justement décidé de consacrer leur dimanche à la transformation du terrain vague en parc de culture. Et les camions de passer aussitôt à l'action, fonçant dans les groupes pour les disperser. L'intervention des camions ne se révélant sans doute pas assez efficace, des bulldozers firent bientôt leur apparition. Ils furent suivis par des arroseuses municipales puis par un rouleau compresseur. Tous ces engins se lancèrent dans la boue à la poursuite des spectateurs, dont une trentaine devaient être arrêtés brutalement par des policiers en civil. Le correspondant du New York Times devait laisser une dent dans l'affaire, un « habitant du quartier » lui ayant fracassé son appareil photographique sur le visage. Une journaliste, de nationalité américaine également, fut frappée violemment sous l'œil indulgent de quelques miliciens présents. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment Rabin, sa femme et son fils, tous deux également peintres, et un autre peintre de Leningrad, Eugène Roukin, et aussi un fonctionnaire de l'Union des artistes venu en observateur et qui avait eu le tort de protester contre les brutalités des défenseurs intransigeants du réalisme socialiste. Rabin avait été arrêté avant que la tentative d'exposition ne commence, alors qu'il sortait de la station de métro la plus proche, plusieurs de ses tableaux sous le bras. Il fut interpellé par des inspecteurs qui l'accusèrent d'avoir volé ses propres tableaux... Dimanche soir, l'ambassade américaine préparait une protestation officielle contre les brutalités dont ont été victimes les deux journalistes américains. Les organisateurs de l'exposition manquée préparaient de leur côté une lettre de protestation au comité central. » Il était évidemment fort habile d'avoir invité des journalistes étrangers à cette manifestation. Que l'on casse des dents aux Russes, rien de plus normal, mais casser une dent au journaliste du New York Times, voilà qui change l'aspect du problème. Devant l'ensemble des protestations de la presse occidentale et surtout devant la protestation américaine, les autorités soviétiques ont cédé. Après une semaine de discussion, elles ont autorisé un Salon d'Automne en plein air. Pendant quatre heures, le 29 septembre 1974, les peintres remportèrent un immense succès. On compta huit mille visiteurs. On vit de nombreuses familles se presser dans le parc, autour des toiles dressées sur des chevalets. Certaines personnes étaient même venues de province. Des parents tenaient leurs enfants sur leurs épaules pour qu'ils puissent mieux voir. « Quatre heures de liberté », c'est ainsi que l'on baptisa cette première exposition dans la rue, à Moscou. La première depuis cinquante ans.
Oscar Rabin est également cité à la page 104 de l'article Une exposition d'enveloppes peintes au Musée de l'Ermitage de Georges Matcheret, publié dans la Revue Russe n°40, 2013. pp. 91-106.
De Pamela Bianchi, « Les espaces d’exposition alternatifs du 18e siècle : entre sociabilité et contre-culture », Dix-huitième siècle, vol. 50, no. 1, 2018, pp. 85-97, comporte un paragraphe sur les expositions alternatives en plein air.
"À partir de la pratique photographique de Cédric Martigny, cet article de [Caroline Bach, « Cédric Martigny, la photographie au travail », Images du travail, travail des images, 2022] s’intéresse à la représentation du travail par la photographie". L'exposition en plein air Travail au corps, du 15/07 au 24/10/2020, a eu lieu au centre Arthur Bathut de Labruguière (81).
Nous vous laissons également explorer les documents :
Escorne, Marie. « Quand les artistes font, défont, refont le mur », Hermès, La Revue, vol. 63, no. 2, 2012, pp. 181-189.
Sandra Delacourt, « Le Plateau : 10 ans », 2014
"Des temps qui se regardent–dialogue entre l'art contemporain et l'archéologie" où l'autrice Laura Castro écrit :
Les dernières décennies du XXe siècle introduisent de nouveaux modèles d'exposition en plein air et nouvelles expériences muséologiques ont contribué à l'actualisation des pratiques cités : parcs, itinéraires dans le paysage, présence de l'art dans les zones en récupération environnementale.
Coudroy de Lille, Laurent. « Pionniers du Grand Paris. Sur les traces d’une urbanisation effacée, 1730-1860. Pont-Saint-Ange (Paris, 10e-18e arrondissements). Jusqu’au 1er juin 2021. L’exposition sera ensuite présentée dans d’autres lieux à Paris », Histoire urbaine, vol. 60, no. 1, 2021, pp. 175-181.
Bonne journée.
Réponse du Guichet
Selon les ressources à notre disposition, nous n'avons que peu d'éléments à vous fournir sur le sujet.
Néanmoins, nous espérons que la structure référente en la matière sur les musées en France, l'OCIM, pourra vous aider.
Réponse du département arts et loisirs
Afin de répondre à votre question concernant les régimes d'expositions hors les murs et compléter la réponse de notre collègue, précisément en plein air et principalement centrés autour d'œuvres photographiques, nous avons effectué des recherches dans les ressources à notre disposition, à savoir principalement des ouvrages consacrés à la muséologie et la scénographie d'exposition. Nous disposons en effet de titres de références, destinés entre autres à la préparation de concours et aux professionnels de l'exposition. Leur contenu est à la fois expert et actualisé.
Voici quelques exemples d'ouvrages consultés :
A monde nouveau, nouveaux musées
Néanmoins, nos recherches sont restées vaines.
Sauf pour un ouvrage contenant 2 pages sur le musée hors les murs dans un article intitulé "le musée dans son territoire et vers ses publics" : Inventer les musées de demain dont vous trouverez un pdf ici. Ce livre est un rapport qui rend compte de l'activité déployée par la Mission Musées du XXIe siècle, installée le 17 mai 2016 par la ministre de la Culture et de la Communication.
Sur le net, Nous avons trouvé ce dossier en ligne réalisé les musées de Suisse.
Néanmoins, pour compléter notre réponse peu garnie, nous avons contacté l'OCIM : "L’Ocim est un centre national d’idéation, de savoirs partagés et de référence pour les professionnels et chercheurs des musées, du patrimoine et des cultures scientifiques et techniques."
La chargée de documentation nous a confirmé la possibilité que vous puissiez lui soumettre votre question. Pour cela, vous devez remplir ce formulaire en ligne. Le centre de documentation possède en effet d'autres ressources potentiellement différentes. Nous vous invitons donc à réitérer votre question à son intention.