Je recherche une œuvre et son auteur où, lors d'un repas sont narrées des mœurs étranges.
Question d'origine :
Bonjour, je suis désespérément à la recherche d’une œuvre et de son auteur. C’est rageant parce ce texte a été étudié au lycée lors d’un cours de français et je ne parviens à le retrouver.
Voici quelques indices : Je le situerais entre le 16ème et le 19ème siècle
La scène se passe lors d’un repas de la « bonne » société. Lors de ce repas un des convives (voulant briller en société à peu de frais) se lance dans la narration des mœurs particulièrement étranges voire mêmes complètement folles des habitants d’un pays (inventé par l’auteur pour ne blesser personne) situé vers la partie la plus reculée de la Scandinavie (selon mon souvenir).
Les mœurs décrites étant tellement aberrantes qu’un autre convive s’en inquiète et met poliment en doute la véracité des allégations exprimées.
Le narrateur s’insurge de la défiance ainsi formulée et ajoute qu’il tient ses propos, en le citant nommément, de l’ambassadeur de France dans ce pays. Ambassadeur qu’il connaît bien et qu’il rencontre assez souvent.
A ce moment, toute l’assistance tourne aussitôt le regard vers un autre convive de la table et la personne, ainsi silencieusement visée, prend la parole en précisant qu’il est justement l’Ambassadeur de France dans le pays en question mais qu’il n’a pas le plaisir de connaître le narrateur.
Le narrateur, ainsi confondu, s’éclipse rapidement
La question est posée, je serais très heureux que quelqu’un puisse me répondre.
Par avance, je vous en remercie
Réponse du Guichet
Il s'agit des Caractères de Jean de La Bruyère (1688).
Bonjour,
l’extrait, que vous nous avez décrit très fidèlement, provient de l’œuvre moraliste de Jean de La Bruyère : Les caractères ou les mœurs de ce siècle (1688).
Et, plus précisément, du chapitre «De la société et de la conversation», fragment 9, page 98 de l’édition Folio, dont Pascal Quignard a assuré la remarquable préface.
Nous l’avons reproduit ci-dessous:
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi; c’est un homme universel, et il se donne pour tel: il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord: il prend la parole et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes; il récite des historiettes qui y sont arrivées; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur: «Je n’avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original: je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance.» Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit: «C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade.»
Bonne journée,