Y a–il-eut un boulevard Adélaïde Perrin ou un boulevard du Puits-d'Ainay ?
Question d'origine :
Bonjour à vous tous ;
Y a–il-eu ou pas un boulevard Adélaïde Perrin !?
Ou
un boulevard du Puits-d'Ainay !
Historique : antérieurement rue du Puits-d’Ainay ouverte en 1792/93⚊ sur l’emplacement d’un cimetière (n° 9, 11, et 13 actuels). Ce nom provenait d’un puits qui s’y trouvait jadis et qui plus tard fut remplacé par une pompe adossée au mur de clôture de l’Hospice des Jeunes filles incurables.
(En 1793, on construisit en cet endroit un Boulevard qui porta le même nom ?),
(Selon Adolphe Vachet, la rue aurait porté le nom de « boulevard du Puits-d'Ainay »).
On l’ouvrit sur un ancien cimetière de l’Abbaye qui était au chevet de l’Eglise. Ce n’est que depuis le 4 août1854 qu’elle porte le nom actuel.
Les n° 1 à 7 de la rue actuelle sont construits sur le terrain qu’occupait autrefois le corps de bâtiment habité par les Chanoines d’Ainay.
En 1923 on comptait 15 numéros d’immeubles rue Adelaïde-Perrin.
Merci de votre réponse.
Nafnaf.
Réponse du Guichet
Lorsqu'elle change de nom en 1854 pour adopter celui d'Adélaïde Perrin, la rue du Puit-D'ainay porte bien le nom de rue et non de boulevard.
Tout d'abord, on peut trouver surprenante la dénomination de boulevard pour qualifier la simple rue qui longe l'arrière de la basilique. A moins que le sens du mot n'ait évolué radicalement, on voit mal le terme s'appliquer à l'actuelle rue Adélaïde-Perrin. Le Dictionnaire historique de la langue Française fournit l'étymologie du mot : il désignait tout d'abord un ouvrage de défense consistant en un rempart fait de terre et de mortier, plus tard, au figuré on l'emploie pour "ce qui protège". Ces deux sens se perdent au XVIIIe siècle pour évoluer par métonymie vers le sens qu'on lui connait actuellement, une "promenade plantée d'arbres autour d'une ville sur l'emplacement d'ancien rempart" (ainsi décrit en 1803). A l'extrême limite, on peut supposer que l'existence de rempart autour d'Ainay a pu justifier une telle dénomination, mais cela reste douteux.
Les citations qui vous ont fait réagir sont de l'abbé Vachet dans son ouvrage A travers les rues de Lyon (1903), à ceci près qu'il parle de la construction "en cet endroit d'un boulevard qui porta le même nom", sans majuscule à boulevard : c'est donc le terme dans son assertion commune à l'époque (la même qu'aujourd'hui) qu'il utilise, peut-être à tord, sans affirmer que la rue du Puit-d'Ainay devient le boulevard du Puit-d'Ainay, même si c'est la conclusion qui s'impose.
Il est le seul à évoquer ce changement : Le Dictionnaire des lyonnaiseries de Maynard explique que la rue Adélaïde-Perrin "portait autrefois le nom de rue du Puits d'Ainay ; elle avait été ouverte en 1792-1793 sur l'emplacement d'un cimetière." Maynard insinue donc que la rue n'existe pas avant cette date. Ce qui est en tout cas bien le cas en 1750, si l'on s'en tient à ce Projet de rectification de l'ancien plan de Perrache afin de raccorder avec le cours du Midi, présenté pour servir à la discussion de la nouvelle distribution des quartiers méridionaux de la ville de Lyon.
A l'occasion du changement de nom, en 1854, on peut lire dans la Revue du Lyonnais : "Par une récente délibération de notre administration, la rue du Puit-d'Ainay vient de recevoir le nom d'Adélaïde Perrin, la fondatrice de l'établissement des jeunes incurables."
Entre 1793 et 1854, on peut observer sur ces deux plans que le nom donnée à la voie en question est bien rue du Puit-d'Ainay et pas boulevard du Puit-d'Ainay :
- Projet de redressement et de réunion des rues Saint-François-de-Salles et du Puit-d'Ainay (1814)
- Projet de redressement des rues de Bayard, de l'Abbaye et de la place d'Ainay (1815)
C'est également bien une rue Adélaïde-Perrin qui remplace l'ancienne rue du Puit-d'Ainay, comme en atteste le plan parcellaire de 1865.
L'explication que donne Vacher nous parait un peu confuse : on construit un boulevard à l'emplacement d'un cimetière, mais il remplace une rue déjà existante dont il reprend le nom ? Aucune autre source ne vient attester l'existence peu probable d'un boulevard (dont le sens en 1793 est peu ou prou celui qu'on lui donne aujourd'hui) à cet emplacement. L'œuvre de Vachet n'est par ailleurs pas exempte d'erreurs : un collègue me signalait le manque général de fiabilité de son ouvrage Nos Lyonnais d'hier, compilation approximative d'articles de la Revue du Lyonnais (il donne par exemple pour date de décès de certains de ses Lyonnais d'hier l'année de publication de la "nécrologie" de la Revue qui peut paraître quelques années après le décès en question). Il semble donc assez judicieux de ne pas tenir compte de cette petite aberration.