Je recherche des articles scientifiques sur la notion du deuil en psychologie sociale
Question d'origine :
Bonjour,
Dans le cadre d'un travail universitaire en licence de psychologie, je suis à la recherche d'article scientifique sur la notion du deuil. J'ai trouvé des articles scientifiques sur le site Cairn.com mais il s'agit seulement d'article abordant le versant psychanalytique, or, mon travail est à faire en cours de psychologie sociale.
Auriez-vous des articles sur les représentations sociales du deuil s'il vous plaît ?
Je vous remercie.
Clémence
Réponse du Guichet
Voici des articles et ouvrages sur la représentation sociale du deuil.
Bonjour,
Ces textes n'aborderont peut-être pas de manière directe le sujet qui vous intéresse mais ils devraient vous apporter des pistes de réflexions.
- Faire famille après le décès d'un.e enfant : une sociologie du deuil / Lucie Jégat, 2022, projet de thèse en Sociologie à l'ENS
Cette thèse se propose d'étudier les trajectoires individuelles et familiales après le deuil d’un enfant adolescent. Notre objet est d’analyser les recompositions de ces trajectoires, les ruptures ou les bifurcations biographiques que ce deuil particulier peut entraîner. Pour cela, nous nous plaçons dans le champ en plein renouveau de la sociologie de la mort et notamment en sociologie du deuil, que nous croisons avec une analyse en termes de trajectoires biographiques. Lorsque nous nous intéressons à la constitution du champ de la sociologie de la mort, nous remarquons, comme le note Gaëlle Clavandier, que « tout particulièrement en France, la thèse du déni de la mort a été si présente que toute étude qui traite de la mort doit s’y référer, en continuité ou en opposition » . Dans notre travail nous interrogeons les mutations sociales qui ont permis à cette thèse d’apparaître ainsi que sur leur validité empirique contemporaine....
- La mort et le deuil avec des mots d'enfants / Caroline Dorsaz, 2013, mémoire de fin d'études à la HEP-VS - Voir le chapitre 3.3 Les représentations
Perdre un proche, un parent, un conjoint, un frère, une sœur, un enfant, c’est traverser un moment sombre et difficile de la vie. Chaque personne affronte cette épreuve en fonction de son âge, de sa maturité émotionnelle, de ses ressources psychologiques et spirituelles » (Poletti & Dobbs, 2001). Le deuil est donc un chemin personnel. Mais le deuil d’un enfant revêt quelque chose de particulier. Notre mémoire s’est intéressé à la problématique des représentations que se fait un enfant au sujet de la mort en fonction de son vécu, ainsi qu’au processus de deuil qu’il peut vivre lorsqu’il est amené à perdre un proche...
- Baudry Patrick. La mort, une mutation sociale. In: Les Cahiers du Musée des Confluences. Revue thématique Sciences et Sociétés du Musée des Confluences, tome 6, 2010. Passages. pp. 47-53.
La mort n'est jamais seulement la fin de vie. Toutes les cultures ont, devant le décès, à s'affronter à une situation ambiguë : le mort, quoique déjà absent, est encore présent, et la ritualité funéraire ne sert pas qu'à se séparer convenablement d'un cadavre. Être mort relève sans doute d'un état, mais au plan de la culture, l'enjeu est de définir un statut. Si les obsèques mettent en scène un passage, c'est bien parce qu'il faut que le mort trouve une place en dehors du monde des vivants. Cette différenciation et cette séparation sont essentielles. Un travail culturel se doit d'aménager la transition — la ritualité a entre autres fonctions celle de situer un passage transitionnel — et d'assurer ce faisant la séparation nécessaire (contre la folie de l'indifférenciation) avec celui qui n'est plus. Il s'agit d'aménager le placement éloigné d'un proche qui n'est plus dans la proximité, et qui n'est plus le prochain. Il faut agir avec et contre ce «reste » où se confond la personne, avec ce corps qu'est devenu soudainement la personne morte.
- La mort : perceptions et pratiques d'aujourd'hui / sous la direction de Jean-Pierre Hiernaux et Olivier Servais, Recherche sociologique vol. XXXII, no 2, 2001, Université catholique de Louvain, Unité d'anthropologie et de sociologie
- Deuil et narration à partir du malade en phase terminale. Repères anthropologiques et philosophiques pour l'accompagnement des personnes en fin de vie et en deuil / Bado, Augustin, 2020, thèse
... L'objectif est d'aborder, à travers une réflexion philosophique, les différentes manifestations et expériences du deuil dans l'existence humaine, ce qui conduit au traitement de divers thèmes associés à la psychologie, l'anthropologie, l'éthique et la philosophie. Il s'agit notamment d'examiner les moyens mis en œuvre pour accompagner les personnes en fin de vie et en deuil. Elle aborde donc le deuil sous l'angle des représentations socioculturelles, et donc de sa signification.... (Traduit de l'espagnol)
- La circulation des morts, l’ancrage des corps et le deuil sans frontières - Circulation of the Dead, Anchoring of Bodies and Mourning without Borders / Marc-Antoine Berthod, 2019, HES-SO, Haute école de travail social et de la santé, Lausanne
Lorsque la mort survient, l’attention se focalise sur la façon dont les collectivités fixent le devenir du cadavre. Il est plus rare de s’intéresser à la mobilité des morts, non seulement lorsqu’ils vont de leur lieu de décès à leur lieu de sépulture, mais aussi lorsqu’ils transitent d’un cimetière à un autre, lorsqu’ils sont exposés dans des lieux publics ou lorsqu’ils franchissent des frontières. S’appuyant sur une série de références en la matière et reprenant des éléments tirés d’une recherche menée auprès de familles migrantes ayant rapatrié un proche défunt, ce texte apporte quelques éclairages sur les formes que revêtent la mobilité des dépouilles et leurs ancrages, sur de brèves et de longues périodes, pour remettre en perspective certaines conceptions de la mort et du deuil.
- Kamienny-Bockzkowski, Diana. « Le deuil, le corps, représentation », Savoirs et clinique, vol. 10, no. 1, 2009, pp. 84-90.
Ces lignes visent à montrer un aspect souvent négligé dans l’élaboration du deuil, la participation du corps propre. Une telle participation peut se faire par l’intermédiaire de représentations, d’images articulées dans le discours analytique comme signifiants, mais également comme manifestation dans le corps de symptômes liés au deuil. L’usage de la représentation dans le deuil va au-delà de la pratique psychanalytique. Nos lignes ébauchent l’articulation de deux champs : le champ de la pratique psychanalytique et le champ social, auquel renvoie notre réflexion sur les « effets de réel » des images liées au deuil, ces « effets de réel » étant à la base du travail de mémoire et de transmission qu’implique le deuil.
- Le rapport à la mort et l'incinération : représentations sociales, pratiques et appartenances religieuses : une étude auprès d'Orthodoxes et de Catholiques Grecs / Magdalini Dargentas, thèse, 2005
Cette recherche porte sur le rapport à la mort. Il est étudié par l'intermédiaire du cadre théorique des représentations sociales. Nous ciblons l'étude du contenu des représentations sociales de la mort et des modalités de l'expression affective des individus. L'intérêt est aussi porté aux processus de groupe et aux phénomènes identitaires régissant les représentations sociales de l'incinération. Ces aspects sont étudiés relativement à l'insertion dans le sociale des individus. Notre recherche est réalisée auprès de catholiques et d'orthodoxes grecs, caractérisés par des statuts (minorité VS majorité) et des rapports symboliques au réel différents. Nous tentons ainsi d'explorer les apports du cadre des représentations sociales dans l'étude du religieux...
- Matot, Jean-Paul. « L'objet de deuil entre figuration et représentation », Cahiers de psychologie clinique, vol. 20, no. 1, 2003, pp. 137-155.
À partir du tableau de Vermeer, « La jeune fille au turban », l’auteur envisage l’objet de deuil comme le lieu d’une émergence, de nature transitionnelle, d’une figure intermédiaire entre perception et représentation, qui est à la fois présente et absente, et assure, au sein du processus de deuil, la continuité de l’investissement objectal par la promesse d’autre chose derrière elle. À ce titre, l’œuvre figurée – par la peinture surtout, mais aussi par la sculpture (Gradiva), la photographie ou le cinéma -, résultant d’un processus complexe d’abstraction du perceptif, d’attraction des représentations des objets internes de l’artiste, puis de création d’une nouvelle réalité perceptive, recèle un potentiel particulier à supporter ou relancer le travail du deuil.
- Audoin-Rouzeau Stéphane. Monuments aux morts, commémorations et deuil personnel après la Grande Guerre. In: Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 112, n°2. 2000. Les images de la Grande Guerre en France, Allemagne et Italie. Actes de la table ronde organisée par l’École française de Rome en collaboration avec l’Università di Roma «La Sapienza» et le Deutsches historisches Institut in Rom, 6 et 7 novembre 1998. pp. 529-547.
L’immense activité commémorative des années 1920 et 1930 peut-elle être considérée comme le moyen trouvé par les contemporains pour vivre le deuil collectivement et en alléger le poids ? L’article s’attache à analyser les liens entre les expressions des communautés de deuil et la dimension intime de la perte, en étudiant les spécificités du deuil de guerre : morts en masse dans les jeunes générations, récurrence des pertes dans les mêmes familles, imprécisions sur les circonstances de la mort, etc. Autant de spécificités qui, entre 1914 et 1918, ont rendu extrêmement difficile le «travail de deuil » . En outre, l’article montre comment les formes de l’activité commémorative ont pu être un obstacle à la «résolution » des deuils de guerre, beaucoup plus longs que ne le sont les deuils du temps de paix.
- Gaspari, Daphné. « La construction d’une posture de clinicienne… à travers l’accueil et l’élaboration d’un éprouvé socialement impensé : le deuil périnatal », Nouvelle revue de psychosociologie, vol. 31, no. 1, 2021, pp. 197-209.
Cet article propose, par le biais d’une écriture clinique articulant le registre du vécu et celui de la réflexivité, de montrer l’importance de la posture clinique dans l’accueil et l’accompagnement de sujets confrontés à une situation difficilement pensable au niveau social, celle de la perte d’un enfant au cours d’une grossesse. L’invisibilité des enfants nés sans vie, la difficile considération du deuil périnatal, la prégnance des normes et représentations sociales qui entourent la naissance sont autant d’éléments à réinterroger pour accroître la capacité des professionnels et de l’entourage dans l’accompagnement de parents endeuillés. L’auteure montre également comment un événement biographique particulièrement impactant peut être un point de contact essentiel avec la nécessité d’une approche clinique permettant d’élaborer à partir de son propre vécu.
- Kokou-Kpolou, Kossigan, et al. « Implications du corps et du lien social dans les thérapies traditionnelles du deuil pathologique au Togo », L'Autre, vol. 18, no. 1, 2017, pp. 47-56.
Dans une perspective transculturelle, cet article analyse les représentations du deuil pathologique, décrit les modalités thérapeutiques traditionnelles mises en œuvre. Trois focus-groups auprès de quatorze thérapeutes traditionnels, une observation participante lors d’un rituel et des entretiens individuels auprès d’une patiente confrontée aux complications du deuil de son conjoint ont été les méthodes utilisées. Les résultats montrent que le deuil social, auquel s’ordonne le deuil « psychique », vise l’ancestralisation du défunt à travers une sorte de sublimation collective. Et quand ce deuil n’est pas porté, le défunt peut hanter le conjoint vivant, ceci de diverses manières. La tristesse de l’humeur, l’agitation psychomotrice, l’anorexie, les troubles du sommeil, le délire de persécution en sont des manifestations révélatrices. Les thérapies consistent en une sorte de psychodrame, mobilisant le média du corps par le biais des techniques d’immersion et de désensibilisation. Ces résultats ouvrent une perspective tant sur le plan clinique qu’heuristique sur le rôle de l’imaginaire, du corps et du lien social dans la prise en charge du deuil pathologique.
Livres
- La mort du prince : de l'Antiquité à nos jours / sous la direction de Jérémie Foa, Élisabeth Malamut et Charles Zaremba, Presses universitaires de Provence, 2016
Cet ouvrage est consacré à la mort des souverains ou de ceux qui sont considérés comme des monarques même s’ils n’ont pas été couronnés. Certains sont bien connus – Constantin le Grand, Charles VI, Catherine de Médicis, Henri IV, Marie-Antoinette, Murat, Franco, Tito, etc., d’autres moins. Les approches sont autant littéraires – dans la représentation de la mort du prince et son idéalisation –, qu’historiques – dans l’événement que constituent le décès et son impact. Les funérailles conduisent les dépouilles apprêtées et souvent embaumées, exposées au public, ou représentées par leur effigie, à leur lieu d’ensevelissement, mausolées, nécropoles, églises selon un rituel bien défini où tous les acteurs ont leur place. Au contraire de la belle mort, les antifunérailles vouent les cadavres de ceux qui ont été puissants, souvent mutilés, parfois décapités, à l’infamie sur une place publique. Les rituels dépendent des circonstances, mort à la guerre ou suite d’une maladie, accident, exécution, assassinat, complot, crise de succession, publicité voulue de funérailles grandioses aux yeux du monde ou au contraire funérailles escamotées. L’écriture, qu’elle soit historiographique, hagiographique, rhétorique, journalistique ou même iconographique, joue un rôle primordial dans le récit de l’agonie, la commémoration, le dénigrement, la remémoration, l’héroïsation et la sanctification. Enfin, l’impact de la mort du prince s’inscrit dans l’histoire nationale et internationale, opposant le corps mortel au corps politique, la mort critique à la mort symbolique, le passé à l’avenir, l’après du pouvoir étant la question centrale. (© Presses universitaires de Provence)
- La mort et ses au-delà [Texte imprimé] / sous la direction de Maurice Godelier, CNRS, 2014
La variété des conceptions de l’au-delà comme des rites funéraires révèle combien la question du trépas constitue depuis les origines l’un des fondements des sociétés humaines. Comment celles-ci s’expliquent-elles que l’humanité soit mortelle ? Comment se représentent-elles l’acte même de mourir ou se comportent-elles face à celui qui agonise ? À quelles nécessités sociales ou religieuses répondent l’inhumation, la crémation ou la momification des dépouilles ? Quelles que soient les formes qu’elles revêtent, les funérailles témoignent toujours de la volonté de conjurer la mort et de préparer la vie du défunt dans un autre monde.
C’est ce que nous confirme cet ouvrage à travers l’étude de sociétés aussi diverses que celles de la Grèce et de la Rome antiques, du Moyen Âge chrétien, de la Chine et de l’Inde contemporaines ou des aborigènes d’Australie. Il montre l’extraordinaire créativité des hommes dans leur face-à-face avec la mort et l’inconnu de l’au-delà, qu’ils soient juifs, musulmans, bouddhistes, amérindiens ou mélanésiens. Mais au-delà des imaginaires et des rites qui distinguent toutes ces cultures, un socle invariant les réunit : nulle part, la mort ne s’oppose à la vie.
Et si vous lisez l'anglais :
- Representations of Death : A Social Psychological Perspective / Mary Bradbury, 1999
S'appuyant sur une ethnographie rare et très originale des pratiques mortuaires contemporaines, Representations of Death emmène le lecteur à travers les aspects médicaux, bureaucratiques, commerciaux et rituels de la mort. En allant dans les coulisses des hôpitaux, des salons funéraires, des crématoriums et des cimetières, ainsi qu'en menant des entretiens poignants et approfondis avec des femmes en deuil, Bradbury a pu mettre en lumière les perspectives très différentes du professionnel de la mort et du parent en deuil. Illustré par de superbes photographies, ce livre fascinant apporte une contribution importante à la littérature croissante sur les études sur la mort. (Traduit de l'anglais)
- Representations of ‘Good’ and ‘Bad’ Death among Deathworkers and the Bereaved Contemporary / Mary Bradbury, Issues in the Sociology of Death, Dying and Disposal, 1996
Lorsque je pense à ma propre mort, je sais que je veux mourir quand j'ai eu le temps de me préparer et quand j'ai dit au revoir à ceux que j'aime. Dans cette activité de contemplation de ma mort idéale, je m'inspire inconsciemment des représentations sociales de la bonne mort. Les représentations des bonnes ou mauvaises manières de mourir sont communes à de nombreuses cultures différentes. La citation ci-dessous, par exemple, décrit la bonne mort pour le peuple Lugbara en Ouganda.
Bonne journée.