Quels textes comiques et engagés à adapter pour un court-métrage ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je suis étudiante en cinéma d'animation et je dois adapter une œuvre pour mon court métrage de fin d'étude. Pour l'instant j'ai quelques pistes comme La pêche à la baleine de Jacques Prévert et L'orgue de barbarie. J'apprécie beaucoup ces poèmes pour leurs cotés surréalistes, comiques et dénonciateur de la bêtise/violence humaine. Je suis à la recherche d'autres œuvres par d'autres auteurs qui peuvent avoir un registre un peu similaire, pas forcément de la poésie mais des histoires assez courtes.
Pourriez-vous s'il-vous plaît me suggérer des titres ou des pistes de recherche?
Merci de votre aide
Réponse du Guichet
En cherchant parmi les auteurs de l'absurde vous devriez trouver des textes comiques, loufoques, surréalistes au service d’une réflexion critique.
Bonjour,
C'est peut-être en cherchant parmi les auteurs de l'absurde que vous trouverez des textes comiques et surréalistes au service d’une réflexion critique, et plus spécifiquement dans le théâtre de l'absurde comme définit par l'Encyclopédie Universalis (article consultable à la BML et en ligne par ses abonné·es) :
Avant même la vision qu'il peut laisser transparaître de l'existence humaine, c'est dans la manière dont il met en crise les principes traditionnels de l'écriture dramatique que ce théâtre s'avère « absurde », en mettant à mal les notions d'action, de personnage et de dialogue, voire de temps et de lieu, et avec celles-ci le principe de vraisemblance. La rupture de l'horizon sémantique passe donc par le démantèlement premier de la logique de la représentation elle-même. Les personnages apparaissent comme des anti-héros, et sont dénués de profondeur psychologique. Leurs actions ne construisent rien, qu'elles s'enlisent dans une attente qui ne sera jamais comblée et dans une logique de répétition (piétinement cyclique, temps « zéro » beckettien) où un processus de dégradation se substitue à la progression d'un conflit en fin de compte improductif (Beckett, En attendant Godot, 1953, Fin de partie, 1957), ou bien qu'elles se perdent dans une conversation réduite à l'échange de lieux communs, de répliques incohérentes (Ionesco, La Cantatrice chauve, 1950). Car c'est le langage, et avec lui la capacité même des personnages à communiquer (derrière eux, c'est toute la communication théâtrale qui est alors affectée), qui est subverti et ruiné, sur le mode de la raréfaction (Beckett) ou celui de la logorrhée qui non seulement ne produit aucun sens, mais annule même la simple possibilité d'une telle production en jouant systématiquement de la contradiction interne ou du non-sens (Ionesco), ou en sapant les règles courantes de l'échange verbal (Jean Tardieu, Un mot pour un autre, 1951 ; Roland Dubillard, Naïves Hirondelles, 1961). Quant aux corps, ils sont souvent soit soumis à l'infirmité et à une lente dégradation, comme chez Beckett, soit victimes de mutilations successives (Arthur Adamov, La Grande et la Petite Manœuvre, 1950).
Parmi les auteurs précurseurs on peut citer Alfred Jarry et son Ubu roi ou Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, ouvrage présentant "la science des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité", la pataphysique, et Guillaume Apollinaire dont le "lyrisme offre un versant ludique à registres multiples (humour, ironie, comique), qui interroge la relation entre poésie et rire dans le contexte moderniste du jeune XXe siècle, entre tradition de l’esprit fumiste et essor du surréalisme," (source : Apollinaire, la rime et le rire. « Ça a l’air de rimer », Philippe Wahl, 2015). Nommons également Samuel Beckett et Eugène Ionesco, un autre grand pataphysicien. Pour des textes courts, nous pensons aussi à Jean Tardieu et Boris Vian qui sont également poètes et en consultant la page Théâtre de l'absurde de Wikipédia, vous trouverez d'autres noms.
Du côté du dadaïsme, mouvement artistique, littéraire et subversif selon Le Larousse, nous pouvons citer les poètes Tristan Tzara et Hugo Ball :
Dada, mouvement international d'artistes et d'écrivains, est né d'un intense dégoût envers la guerre qui signait à ses yeux la faillite des civilisations, de la culture et de la raison. Terroriste, provocateur, iconoclaste, refusant toute contrainte idéologique, morale ou artistique, il prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre. Paradoxalement, son activité de déconstruction et de destruction des langages (verbal et plastique) se traduit par des œuvres durables qui ouvrent certaines voies majeures de l'art contemporain.
D'autres auteurs sont cités dans Le dadaïsme publié sur le site Poèmes que nous vous laissons découvrir.
Les voix de la poésie propose également une sélection de textes en lien avec l'absurde et enfin, vous pourriez approfondir le sujet avec L’Absurde en littérature : La littérature de l’absurde (1942-1968).
Bonne journée.