Chez les animaux, y-a-t-il des études sur "les règles de vie en société" ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aurais voulu savoir :
Chez les animaux sociaux hors humains, y-a-t-il des études sur "les règles de vie en société" (le côté inné ou acquis, l'apprentissage, les individus qui ne respecteraient pas ces règles et comment ils sont traités,...)?
Merci par avance de votre réponse
Réponse du Guichet
Depuis les travaux de Darwin sur l'évolution des espèces, de nombreuses études montrent qu'il existe une grande pluralité des formes d'intelligence, de niveaux de consciences ou d'éléments propres à la vie sociale chez les animaux.
Bonjour,
La question de l’existence d’une intelligence animale a longtemps divisé philosophes et scientifiques. Par exemple, si Montaigne pensait que l’Homme n’a pas le monopole de l’intelligence, Descartes au contraire était d'avis que les animaux sont des machines, sans langage ni raison.
Depuis les travaux de Darwin sur l'évolution des espèces, de nombreuses disciplines scientifiques étudient le comportement animal. Les sciences du comportement animal sont organisées historiquement autour de deux traditions : la psychologie comparée (études par l’expérimentation) et l'éthologie.
L'éthologie consiste en l'étude scientifique du comportement animal en milieu naturel. Cette science fut introduite par Konrad Lorenz et Niko Tinbergen au cours du XXème siècle.
L’intelligence et la conscience
On peut définir l'intelligence comme une faculté permettant de connaître, de comprendre et de s'adapter. Dans son livre Comment pensent les animaux, Loïc Bollache nous montre combien l’intelligence animale est multiple, et non commensurable (ni entre espèces et encore moins avec l’intelligence humaine). De nombreux exemples montrent que les animaux se souviennent (la fourmi, le saumon…), sont bavards (l’abeille, le dauphin…) ou encore ont une vie sociale (le macaque…).
La conscience, elle, résulte d'un partage d'informations entre les différentes parties du cerveau, avec des composantes émotionnelles, mémorielles ou cognitives. Les études comportementales et neurobiologiques montrent que les animaux peuvent exprimer certaines formes complexes de conscience. En faisant attention à ne pas faire de l’anthropomorphisme, Loic Bollache montre que les animaux peuvent être méfiants (le diamant mandarin…), percevoir la détresse (le rat ou le chien…), ou encore avoir des peines de cœur (le poisson Amatitlania siquia d’Amérique centrale)…
Les apprentissages dans le monde animal
De manière simplifiée, on peut dire que des compétences innées sont inscrites dans nos gènes, alors que l'acquis relève du seul apprentissage de l'individu. Même avec un cerveau très petit, on peut observer des cas d'apprentissages chez tous les animaux.
Dans son livre Les animaux parlent, Nicolas Mathevon, spécialiste de bioacoustique, cherche à décoder les langages animaux et à comprendre la signification de signaux sonores porteurs d'informations. En prenant l'exemple d'un merle qui chante, on voit combien le processus de chant permettant la communication entre les membres d'une même espèce, s'acquiert au cours de la vie. Un poussin merle apprend à chanter en entendant des merles adultes, il ne sait pas chanter à la naissance. Par contre, un merle ne chantera jamais comme un rouge-gorge car cela fait partie d'un processus d'apprentissage inné.
Par l'expérience, l'individu modifie ses comportements en fonction des stimuli rencontrés, comme par exemple :
- la blatte germanique qui utilise son système de navigation inné pour se déplacer, en y ajoutant l'apprentissage de repères visuels prévisibles (restes alimentaires dans une cuisine),
- le ver C. elegans (1mm) qui est capable d'apprendre à s'approcher ou à éviter des goûts et des odeurs indiquant ou non la présence de nourriture,
- le dauphin qui apprend par le jeu des comportements et de règles de vie en société,
- des babouins et des pigeons capables de détecter des mots et des "non mots" en anglais, même sans comprendre la langue.
Les stimulations rencontrées doivent être stockées en mémoire pour permettre l'apprentissage, avec des encodages très variés en fonction des stimuli appliqués.
Organisation sociale
La mémoire sociale permet de se souvenir de l’autre afin de servir des intérêts mutuels. Les animaux sociaux ajustent leurs comportements en fonction de leur connaissance des autres membres du groupe.
Chez le bernard-l’hermite par exemple, il existe une forme de reconnaissance sociale qui permet de limiter les conflits, en particulier lors de la quête d’une nouvelle coquille vide. Reconnaître l’autre permet de ne pas se lancer dans un combat perdu d'avance, mais aussi de favoriser les liens de couple et la coopération entre les individus.
Dans le livre La conscience des animaux, la réflexion porte sur la perception qu'ont les animaux de leur propre monde. Pour de nombreuses espèces de vertébrés, la relation initiale entre la mère et le petit est la base de la socialisation. En grandissant, le petit augmente son nombre d’interactions sociales et on voit apparaître des manifestations d’états affectifs (l’attachement ou la détresse) ainsi que la mise en place d’exploration de nouvelles techniques. Grâce à ces relations, plusieurs rôles se dessinent pour les différents individus du groupe. Et c’est ainsi que, afin de maintenir la cohésion de ce groupe, se mettent en place des règles qui permettent de limiter les comportements agressifs.
En conclusion
Avec ses recherches sur l’animal, l’humain prend conscience de ses propres limites. Il cherche alors à se dépasser en développant ces formes d’intelligence qu’il ne possède pas, par exemple le biomimétisme ou la gestion de mouvements collectifs.
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