De quand date la domestication des vaches ?
Question d'origine :
Bonjour. De quand date la domestication des vaches. Comment sait-on qu'elles sont domestiquées?. Merci. H.B.
Réponse du Guichet

La date probable de domestication du bœuf est 9000 ans avant J.-C. Une vache est domestiquée lorsqu'elle est docile et vit en élevage entre autres pour sa prolificité.
Bonjour,
Comme mentionné dans l'Encyclopédie Universalis, article disponible en bibliothèque et en accès à distance pour nos abonnés, "l'apparition de la domestication des plantes et des animaux au Néolithique a marqué, dans l'histoire de l'humanité un tournant décisif, sur les plans économique, social et culturel." Après avoir précisé que "grâce à des méthodes de fouille et de datation profondément renouvelées en quelques décennies, l'archéozoologie et l'ethnologie préhistorique ont permis de découvrir de nouveaux foyers (africains, américains et européens, et non plus seulement proche-orientaux) et de faire reculer plusieurs dates de première domestication", l'article précise que
Trois grands foyers de première domestication se dégagent :
– l'Asie du Sud-Est, où l'homme a sélectionné des plantes à multiplication végétative et des animaux comme la poule, le canard, le chien, le porc) ;
– l'Asie du Sud-Ouest (de l'Iran à la Jordanie), foyer le plus productif, où l'homme devint planteur puis fermier, en même temps qu'il domestiqua les animaux en troupeaux : chèvres, moutons, vaches, chameaux, chevaux (D. Helmer, 1992).
– l'Amérique, avec deux centres secondaires : l'Amérique du Sud avec une prédilection pour des plantes à multiplication végétative et des animaux comme le lama et l'alpaca, le cobaye (ou « cochon d'Inde »), le canard à caroncule (« canard de Barbarie »), et l'Amérique centrale avec la plantation de graines (maïs) et la domestication du dindon.
et le tableau de datation des animaux indique 9000 avant J.-C. comme date probable de domestication du bœuf.
L'ouvrage La domestication : et l'homme créa ses animaux d'Achilles Gautier publié en 1990 nous renseigne également :
L'ancêtre de nos bovins est le boeuf sauvage, également connu sous le nom d'aurochs, d'ur or d'urus.
[...]
L'aspect extérieur du bœuf sauvage nous est assez bien connu par les représentations rupestres et les gravures préhistoriques, surtout celles du Paléolithique supérieur de la France méridionale.
[...]
... les bœufs domestiques les plus anciens connus à ce jour proviennent du continent européen. Ils furent trouvés dans les niveaux a céramiques du site d'Argissa-Magula, que nous connaissons déjà (6300 avant J.-C.). Selon Joachim Boessneck, qui en étudia la faune, ils sont reconnaissables à leur taille, qui égale celle du bœuf des sites néolithiques d'Europe Centrale. D'âge comparable seraient les restes de bœuf domestique du site néolithique à céramique de Tell Bouqras (6300-6000 avant J.-C.) sur la rive gauche de l'Euphrate. Son identification par l'archéozoologue néerlandaise Antje Clason est également basée sur la taille.
Toujours selon A. Gautier, le Néolithique serait "la période de l'acquisition des plantes domestiques et des animaux domestiques principaux, de la sédentarisation de l'homme et de l'invention de la céramique. Comme toujours, la réalité est plus complexe que nos schémas et dans beaucoup de régions on ne peut tracer une limite claire entre Paléolithique et Néolithique." La domestication serait "le résultat d'une interaction de l'homme et de son milieu." Il ajoute l'hypothèse d'une origine religieuse :
Très tôt, l'homme aurait commencé à maintenir des animaux en captivité pour ses futures offrandes alimentaires ou pour les utiliser dans ses rites. Toutefois, les cas recensés de telles pratiques sont généralement postérieurs à la révolution néolithique, comme par exemple l'élevage des "animaux du désert" pratiqué par les Egyptiens pendant la période pharaonique. Les fouilles dans le village néolithique de Catal Hüyük ont toutefois mis au jour des sanctuaires (6750-5600 avant J.-C. avec un riche décor mural : reliefs de femmes enceintes ou parturientes, figures stylisées telles que des paires de seins, des protomés de taureau surmodelés sur des têtes véritables garnies de leurs cornes et des cornes fixées dans des colonnes. Les occupants du site pratiquaient apparemment un culte de la fertilité, dans lequel le taureau jouait un rôle prépondérant. Le bœuf domestique semble faire son apparition sur le site pendant cette même période, mais la date précise de son arrivée n'est pas claire. On ne peut donc pas juger du rapport entre la domestication du bœuf et sa fonction symbolique.
Dans son livre L'homme et la domestication des animaux, 1994, Claude Guérin, indique que
la domestication du bœuf semble remonter à un peu plus de 8000 ans : elles est possible à Haçilar etÇatal Hüyük en Turquie, à peu près certaine à Argissa Magula en Grèce (8200 ans), en Syrie vers 8000 ans (Tell Bougras, Ras Shamra), en Iran vers 7500 ans, au Turkistan vers 6000 ans et en Egypte vers 5200 ans.
Si les premières formes domestiques sont à cornes longues, une race sans cornes est signalée chez les Scythes par Hérodote, il y a 2400 ans et, très tôt, dans les villages péri-lacustres suisses qui datent de 5200 à 3800 ans apparaît une petite forme à cornes très courtes, parfois appelée Bos longifrons ou Bos brachyceros.
Dès le début de la domestication on note une forte réduction de taille qui semble maximale à l'âge du Fer, les bœufs ne mesurent alors pas plus d'1 m au garot. la taille augmente sous la domination des Romains et se réduit à nouveau au Moyen-Age, peut-être à la suite d'un appauvrissement général.
Pour en savoir davantage à ce sujet, vous pourriez consulter
- Histoire de la domestication animale / Valérie Chansigaud, 2020
- Butor, Nicolas. « La vache, une histoire complexe », Pour la Science, vol. 504-, no. 10, 2019, pp. 15a-15a.
- Pellegrini, Patricia. « Les races bovines rustiques et leur domestication », Ethnologie française, vol. 34, no. 1, 2004, pp. 129-138.
- Poplin François. Prologue anthropozoologique – Animal vrai, sacrifice et domestication laitière. In: Archaeozoology of the Near East VIII. Actes des huitièmes Rencontres internationales d'Archéozoologie de l'Asie du Sud-Ouest et des régions adjacentes. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2008. pp. 21-31. (Travaux de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, 49)
Enfin la différence entre vache sauvage et vache domestiquée réside dans les notions d'environnement captif ou libre, de docilité et de prolificité :
les scientifiques distinguent les animaux sauvages des animaux domestiques en se fondant sur le critère relatif à la domestication de l’animal. Selon eux, l’animal sauvage est celui qui n’a pas été domestiqué par l’homme, c’est-à-dire celui qui appartient à une espèce n’ayant subi aucune modification génétique par sélection. Quant à l’animal domestique, comme son nom l’indique, il a fait l’objet d’une domestication par l’homme. Bien qu’il soit difficile de décrire précisément les contours du processus de « domestication », les scientifiques le définissent comme l’adaptation génétique et comportementale d’une espèce animale à son environnement captif. Le processus de domestication consiste en une modification des traits comportementaux et physiologiques d’une espèce animale sur plusieurs générations, résultant de la sélection de caractéristiques par l’homme, telles que la docilité ou la prolificité, lors de la reproduction des individus, et ce en vue de son profit matériel, social ou symbolique.
Source : De la distinction du statut juridique des animaux domestiques et sauvages, La Fondation Droit Animal
Bonne journée.