Question d'origine :
Bonjour,ma question est que:la polygamie est un péché aux yeux Dieu?
Réponse du Guichet

La polygamie est différemment acceptée suivant les religions. Néanmoins, on peut globalement dire que de nos jours, elle est de moins en moins pratiquée par les croyants des trois grandes religions monothéistes.
Bonjour,
Votre question est très large et sans avoir plus de précisions, nous verrons ce qu’il en est des trois religions monothéistes principales, à savoir le Christianisme, le Judaïsme et l’Islam.
Commençons par redonner une définition du mot. Selon l’encyclopédie Universalis, le sens exact du terme polygamie est:
« Une union soit d'un homme, soit d'une femme avec plus d'un conjoint.
La polygamie désigne un régime matrimonial où un individu est lié, au même moment, à plusieurs conjoints. Pour une femme ayant plusieurs hommes, on parle également de polyandrie ; pour un homme ayant plusieurs femmes, de polygynie. Quand deux ou plusieurs hommes ont une relation sexuelle exclusive avec deux ou plusieurs femmes, on parle de polygynandrie.
La polygamie est plus spécifiquement associée à l'homme. L'autorisation de la polygamie dans un État n'entraîne pas que celle-ci soit majoritairement pratiquée. Au sein des sociétés majoritairement polygyniques, de 60 à 80 % des foyers sont monogames « de fait » (et non « de droit »).
La polygamie est à distinguer des mariages de groupes, forme de polyamour impliquant plusieurs partenaires de chaque sexe, et de la bigamie, situation dans laquelle une personne contracte plusieurs mariages séparément, sans avoir juridiquement obtenu la dissolution du précédent ou sans que les deux conjoints soient au courant de cette situation.»
Mais revenons à la sphère religieuse, pour ce qui est du Judaïsme:
"La Torah permet explicitement la polygamie en la soumettant à de nombreuses conditions, bien que celle-ci n'y soit pas présentée comme un mode de vie idéal et n'y soit pas encouragée. On peut effectivement y trouver plusieurs cas célèbres de polygynie tels que ceux d'Abraham, de Jacob ou plus tard du roi Salomon qui aura 700 épouses et 300 concubines, ce qui aura une incidence négative sur la tenue politique de son royaume.
À l'inverse, on y trouve les cas d'autres personnages emblématiques tels que celui du second patriarche Isaac ou celui de Moïse lui-même, qui n'auront tous deux qu'une seule femme. Selon une interprétation exégétique, les livres d'Exode et des Nombres dans la Bible présentent Moïse époux de deux femmes : une Madianite et une Éthiopienne. Le Commandement adressé à Moïse par Dieu précise que « tu ne commettras pas d'adultère » (Exode 20, 14), ce qui peut laisser entendre aux commentateurs qu'à l'époque antique, « la monogamie était la règle, et la polygamie l'exception." (source Wikipedia)
[…] Au fil des siècles, les Israélites prennent l'habitude de n'épouser qu'une seule femme. La polygamie est d'abord officiellement interdite pour les Juifs ashkénazes de Spire, Worms et Mayence au xie siècle par Rabbenou Guershom (960-1028) de Metz, l'un des pères de la tradition rabbinique ashkénaze, qui voulait les préserver de massacres supplémentaires perpétrés par les chrétiens. Ce décret comprend une exception : « lorsqu’une épouse est atteinte d’une grave maladie mentale…, le mari a la possibilité, avec l’accord de cent rabbins établis dans trois pays différents, de prendre une seconde femme. Il demeure, dans ce cas, légalement marié à la première, et il est tenu de continuer de pourvoir à son entretien ».
L'interdiction de la polygamie s'étend ensuite à tous les juifs d'Europe et s'inscrit dans l’ordre naturel de l’évolution des sociétés. Sous l’influence musulmane autorisant la polygamie, cette interdiction est rarement adoptée par certains Juifs séfarades qui font indiquer sur le contrat de mariage la demande d'autorisation de la première femme d'en épouser une seconde. Au xxe siècle, la monogamie gagne l'immense majorité des Juifs séfarades et les autorités rabbiniques israéliennes interdisent en 1950 la polygamie pour tous, mais concrètement, la tolère dans le secteur arabe.»
Transition toute trouvée pour évoquer la polygamie dans l’Islam:
«Dans l'islam, la polygamie s'appuyant sur le verset 3 de la sourate « Les Femmes » (An-Nisa) du Coran est licite sous certaines conditions, avec toutefois différentes restrictions dont le paiement de dots, l'obligation de subvenir au besoin des épouses et enfants, et un maximum de quatre épouses simultanément. La polygynie n'est pas spécifiquement encouragée et le Coran n'a fait qu'imposer des conditions supplémentaires par rapport aux pratiques antérieures :
« … Il est permis d'épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela, afin de ne pas faire d'injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de famille). »
Les foyers monogyniques sont majoritaires et cette tendance s'accentue, probablement par une lecture plus stricte du verset 4.12930 mais aussi probablement à la suite des luttes antipolygames menées par les associations et mouvements féministes dans les sociétés musulmanes contemporaines, telles les organisations Sisters in Islam ou Musawah (Egalité). La polygamie reste néanmoins plus amplement pratiquée dans les pays musulmans de l’Afrique subsaharienne et d'Asie qu'au Moyen-Orient.»
Ce verset serait « descendu » après la bataille d'Ubud, qui avait entraîné de fortes pertes chez les musulmans. Les survivants auraient alors épousé les veuves et pris en charge les orphelins, la polygamie étant alors une espèce d'assistance sociale. D'après les témoignages sur sa vie (hadiths), le Prophète lui-même eut une dizaine de femmes. Seule Aïcha, épousée, selon la Tradition, était vierge lors des épousailles. Les autres étaient veuves ou divorcées, et pour la plupart, ces mariages étaient pour lui un moyen de contracter des alliances.
Enfin, concernant le Christianisme:
"La conception du mariage selon Jésus est celle-ci : "C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint…". Cela signifie que le mariage chrétien concerne un homme et une femme, pour toute la vie.
Montesquieu nous apprend que l'Empereur romain Valentinien II autorisa, par un édit, les sujets de l'Empire à se marier avec plusieurs femmes. Mais c'est à relativiser car il était adepte de l'arianisme (secte chrétienne) qui fut qualifié d'hérésie ensuite.
À la Renaissance l'interdiction de la polygamie est précisée dans le monde catholique par la constitution 'Populis ac nationibus de Grégoire XIII en 1585."
Dans le christianisme catholique et orthodoxe, le mariage est monogamique. L'indissolubilité du mariage et le fait qu'il soit reconnu comme un sacrement par l'Église sont le résultat d'un long processus, qui ne trouve son point d'aboutissement qu'au milieu du Moyen Âge, et encore. Jusqu'au XIIe siècle, le statut du mariage chrétien est en réalité assez flou. Les rites de formation d'un couple sont divers en Europe et l’Église n'en a pas le monopole; les unions laïques ainsi célébrées ne sont en rien indissolubles. Elles peuvent être rompues par l'une ou l'autre des parties, qui peuvent ensuite chercher un autre compagnon ou une autre compagne. Ce fut un combat de tous les instants pour les prêtres chrétiens, encore jusqu'au Xe ou XIe siècle: il s'agissait de convaincre la population, et surtout les chefs occidentaux, qu'il ne fallait plus changer d'épouse mais au contraire la garder pour toute une vie, ce qui était un changement brutal et incompréhensible pour bon nombre de peuples. (source Slate)
L'Église catholique romaine, branche la plus importante du christianisme, prône l'abstinence avant le mariage, et la fidélité dans celui-ci, comme le judaïsme avant lui. De plus, elle ne reconnaît pas le divorce civil mais peut statuer sur une reconnaissance de nullité du sacrement de mariage en cas d'empêchement grave de l'un des époux, prouvant que le mariage en question est légitimement invalide. De nos jours, elle interdit formellement la polygamie. Quand le conjoint meurt, le survivant peut se remarier. Les églises relevant du protestantisme soutiennent également la pratique de la monogamie.
Pour aller plus loin :
Mariage, polygamie et répudiation en Islam : justifications des auteurs arabo-musulmans contemporains / Ghassan Ascha
Histoire du mariage en Occident / Jean-Claude Bologne
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