Quelle est la place du bonzai dans la societé japonaise ?

Bonjour,

Richard Collasse Dans le Dictionnaire amoureux du Japon (2021) rappelle combien le bonsaï est important au Japon :

Emprunté à la Chine mais magnifié au Japon comme beaucoup de choses importées de l’empire du Milieu, l’art du bonsaï est de mettre en pot la nature en la domestiquant par miniaturisation dans le but avoué d’en exprimer la quintessence.
Différentes techniques sont utilisées : taille des branches et des racines, ligature, gestion des éléments nutritifs.
Le bonsaï a été introduit au Japon à l’époque de Heian mais s’est vraiment développé avec le bouddhisme zen à partir du XIe siècle et durant la période dit de Kamakura au XIIe siècle. Culture de luxe et de raffinement, symbole de l’harmonie entre l’homme et la nature, son entretien réclamant beaucoup de patience, il était fort prisé par l’aristocratie. Il s’est popularisé à dater de l’ère d’Edo essentiellement dans la caste des marchands. Avec leur enrichissement, les commerçants avaient dorénavant les moyens d’accéder à ces symboles de la nature qui n’avaient jusqu’alors été réservés qu’aux classes féodales et religieuses. On se mit à développer de nouveaux styles et à sélectionner des variétés de plus en plus nombreuses, notamment des conifères et des arbrisseaux. Les bonsaïs centenaires étaient forts recherchés mais difficiles à trouver car ils étaient jalousement gardés dans les familles qui se les transmettaient de génération en génération. Leur prix était extravagant – et l’est toujours.
Les bonsaïs d’autrefois étaient d’une taille assez respectable, plus de 1 mètre. C’est à partir de l’ère Meiji que l’art de les miniaturiser se développa.
De nos jours, de nombreux Japonais se livrent à la passion des bonsaïs, surtout les hommes. Ils gèrent amoureusement leurs arbustes, les émondent, coupent au moyen de minuscule sécateurs les bourgeons des branches sommitales, taillent ou déterrent les racines pour empêcher la croissance de la plante, incisent les troncs, placent des tuteurs ou tendent des fils pour diriger un rameau dans la direction choisie (…) ‘est un véritable travail de moine que requiert une infinie patience et une minutie d’horloger.

L’article publié sur futura-sciences.com revient sur l’origine et la place du Bonsaï au Japon  :

Pendant longtemps, les bonsaïs furent réservés aux classes dominantes, féodales et religieuses, qui appréciaient surtout les sujets colorés. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas et de nombreux Japonais s'adonnent à leur culture, renouant ainsi avec les traditions ancestrales. Si vous avez l'occasion de faire un voyage au Japon, vous verrez sûrement de très beaux bonsaïs. Certains datent même de plusieurs siècles. Ils font partie du patrimoine national et sont légués de père en fils.
La première exposition nationale de bonsaïs à Tokyo date de 1914. Mais leur culture n'a en fait été reconnue comme art au Japon qu'en 1934. Depuis cette date, une exposition annuelle se déroule au musée d'Art de la capitale. En Europe, les bonsaïs ont été introduits pour la première fois lors de la troisième exposition universelle de Paris en 1878, puis dans une exposition privée en 1909 à Londres.

Vous trouverez d’autres information sur japanization.org ainsi que dans l’ouvrage L’architecture des arbres des régions tempérée de Jeanne Millet (2012)

Enfin, vous pourriez approfondir le sujet en consultant :

Le petit livre du Japon / Christine Barelly, 2019 : "Une présentation des traditions et de la culture populaire japonaises, illustrée de chromolithographies, évoquant le rôle des geishas, l'art du bonsaï, les estampes, la symbolique du bambou, l'origine du kimono ou encore la cérémonie du thé".

Le goût du Japon / textes choisis et présentés par Anne-Marie Cousin, 2016 : "Anthologie d'écrits littéraires dont les pages célèbrent les thèmes chers aux Japonais : la beauté et la menace de la nature, les divinités protectrices ou la fugacité des choses".

Pour finir sur les bonsaï, nous vous suggérons : Le petit Larousse des bonsaï  / Isaelle & Rémy Samson, 2021.