je cherche des informations sur la maison du 20 rue Bellecordière ?
Question d'origine :
Bonjour,
A-t-ton des éléments sur la maison du 20 rue Bellecordière (qui a une façade très particulière rythmée par 13 fenêtres à chaque étage qui laissent peu de place aux murs), date de construction ? destination d'origine ? Dans "coupons d'un atelier lyonnais" de Clair Tisseur, celui ci signale qu'était gravé au dessus de la porte "Au cheval marin" mais que la sculpture elle même avait disparu. J'ai aussi vu qu'il était question d'une traboule à cette adresse et qu'en 1844 y habitait Claude Prat qui épousa une demoiselle Noilly dont le père fut à l'origine du vermouth Noilly Prat.
Merci.
Praline
Réponse du Guichet
Nos recherches d’informations sur l’immeuble du 20 de la rue Bellecordière à partir de nos fonds (presse ancienne, livres sur l’histoire, l’architecture, l’urbanisme de Lyon) n’ont fourni que de maigres résultats. De façon plus générale, nous sommes mal équipés pour répondre à ce genre de questions, qui concernent davantage les Archives municipales.
Nous avons relevé la présence d’informations sur l’immeuble du 20 de la rue Bellecordière dans la revue L’Information d’histoire de l’art, n°18,1973 (non numérisée). Cette revue est momentanément délocalisée aux Archives départementales. Elle sera de nouveau consultable à la bibliothèque de la Part-Dieu à partir de mars 2023.
L’immeuble traboule avec le 81 de la rue de la République. Nous en trouvons une description dans Traboules de Lyon. Histoire secrète d’une ville
Traboule d’un intérêt architectural exceptionnel. Flanquée sur la face d’îlot la plus active de la cité: journal «Le Progrès» […]
Façade simple équipée d’un balcon à balustrade en fer.
Entrée cochère finissant en anse de panier. Sol marbre. Rares portillons en fer forgé ornés du monogramme DM à l’entrée et à la sortie de la première cour. Celle-ci, commerçante, a une allure salzbourgeoise, avec ses bacs à plantes.
Allée de sortie en berceau. Porte bois dotée d’une imposte plein cintre à quartiers rayonnants du XVIIe.
Exceptionnelle façade à ouvertures étroites (treize fenêtres sur une longueur de 14,20m); consoles de corniches inachevées.
R.D.C quatre arcades en anse de panier et petits balcons à ferronnerie Louis XIII. Bel immeuble insolite en face de l’Hôtel-Dieu.
Au cours du temps l’usage de cette traboule a évolué et son aspect s’est transformé au point de ne plus être perçue comme telle. Nous citerons à ce sujet l’ouvrage Lyon et ses traboules
Encore répertoriée comme traboule, c’en est une en effet, même si les occupants du lieu l’ont transformée au fil des décennies [...] Très utilisée alors, au centre de la vie lyonnaise, et d’un intérêt architectural exceptionnel de par la qualité de l’immeuble qu’elle traversait, elle n’est plus visible en tant que telle. Seule l’entrée cochère en anse de panier et les cariatides qui l’encadrent subsistent, éléments d’une façade riche d’éléments architecturaux de la deuxième moitié du XIXe siècle.
La présence d’une enseigne placée au-dessus de la porte d’entrée du 20 rue Bellecordière, «au Cheval marin», aujourd'hui disparue, est bien signalée (et confirmée) dans la revue Le Magasin pittoresque, 23e année, 1855.
On plaçait des enseignes au milieu des grilles et des ornements qui ferment les arcs des portes d’allée. Telles sont: la Toison d’or, rue Lanterne, Saint-Denis, rue Neuve, au Lion dévorant un bœuf, rue Saint-Marcel, et quelques autres.
A la même époque appartiennent aussi, le Bras-d’or, rue Mercière; le Louis d’or; le Cheval d’argent; le petit Cheval blanc, rue Tupin, en face du grand Cheval blanc; le grand Cheval marin; rue Bourgchanin (actuelle rue Bellecordière).
Nous n’avons malheureusement pas trouvé de gravures représentant cette ancienne enseigne, ni dans la revue précitée, ni dans l’ouvrage de référence, l’Enseigne à Lyon
L’ancienne rue Bourgchanin aurait été le cadre d’une grande quantité d’enseignes, c’est ce que nous apprenons dans un article sur les vieilles enseignes de Lyon publié dans la Revue du siècle, littéraire, artistique et scientifique, tome 7, 1893. Il y est question entre autres de l’enseigne du «Cheval marin».
Si, revenant par le pont de la Guillotière, il y a seulement cinquante ans, nous avions fait un coude à droite, dans la rue Bourgchanin, aujourd’hui rue de la Belle-Cordière, nous y aurions trouvé, en dépit de l’étroitesse de la rue et de son caractère un peu sordide, des foisons de veilles enseignes. Il ne faut pas oublier qu’au temps jadis, quasi chaque maison avait son enseigne pour la distinguer des autres, et qu’au XVIIe siècle, la rue Bourgchanin était à fond une rue bourgeoise. Il n’y a pas un grand nombre d’années que tout le coté orient de la rue a été démoli, et certes il ne faut pas s’en plaindre, en dépit du grand nombre d’enseignes qui ont disparu. Le côté occident en renferme encore quelques-unes.
Au numéro 20 est ou était un motif d’architecture, composé de deux pilastres et d’un entablement appartenant à la construction de la maison. Dans l’entablement formant ressaut prolongé sur le cordon, l’inscription suivante:
AU
CHEVAL
MARIN
L’architecture me parait appartenir au temps de Louis XIII. L’espace réservé au bas-relief est important et fournissait place à un beau motif de sculpture. D’infortune, celle-ci a été grossièrement ravalée de manière à atteindre partout le fond. Pourquoi cette mutilation intentionnelle? Ce cheval marin offrait-il quelque chose de blessant pour la pudeur ? En 1793, l’aurait-on pris pour un emblème monarchique? Quand fut dessinée l’enseigne, à la place de l’hippocampe, se voyait un modeste cadre en bois, sur lequel on lisait: "Laurent, plieur au 3eme" avec les deux peignes classiques représentés en sautoir.
D’après la fiche généalogique concernant Claudius Prat, accessible sur le site Geneanet celui-ci a bien résidé en 1844 à Lyon au 20 de la rue Bourgchanin. Nous tiendrons cependant cette information pour incertaine. En effet nos recherches dans le recensement fiscal de l’année 1844 (accessible en ligne sur le site des Archives municipales) et dans l’indicateur lyonnais de 1842, nous ont bien permis de retrouver le nom de Prat au 20 de la rue Bourgchanin (Bellecordière), mais... une Louise Prat, demoiselle exerçant la profession de lingère.
Bonne journée