D'où viennent les colonnes de la salle Rameau à Lyon ?
Question d'origine :
Sait-on d'où viennent les colonnes de la salle Rameau à Lyon ? Le Colysée a été pas mal "pillé". Sait-on ce qui vient de lui qui se trouverait à Lyon ?
Réponse du Guichet
A priori rien ne permet d'affirmer que ces colonnes proviennent du colisée. Quelles sont vos sources ?
Nous ne sommes pas sûr de comprendre votre question ou en tout cas ce qui peut bien la motiver. Possédez-vous des sources d'information vous amenant à croire que des vestiges du colisée romain ont pu être utilisés à Lyon ?
Le colisée a subit à plusieurs reprises les ravages de catastrophes naturelles qui l'ont peu à peu mené à l'état de ruine. Comme cela se faisait souvent au Moyen-Age, ses vestiges ont été exploités pour construire d'autres édifices, ce qui permettait d'éviter la taille et le transport des pierres.
Le Colisée eut à souffrir de plusieurs tremblements de terre, dont ceux de 443, 508, 801, 847 et surtout celui de 1349 qui provoqua l'effondrement de tout un pan du mur extérieur du côté sud bâti sur une couche d'alluvions argileuse. Avec l'autorisation du pape, une grande partie des pierres fut alors récupérée pour la construction des palais, églises, hôpitaux et autres bâtiments. Ainsi les façades du palais de Venise et de la basilique Saint-Pierre sont issues du réemploi des blocs de travertin du Colisée. Les placages de marbre alimentèrent les fours à chaux. Les agrafes de fer ou de bronze scellées au plomb servant à assujettir les pierres furent systématiquement pillées en creusant au burin entre les joints, laissant les innombrables cicatrices (trous) aujourd'hui visibles sur tous les murs intérieurs et extérieurs, et affaiblissant encore l'édifice qui souffrit des tremblements de terre de 1703 et de 1812.
Source: Wikipedia
Mais on voit mal l'avantage de faire traverser à ces blocs de pierre la moitié de l'Italie et le quart de la France dans un simple souci d'économie de matière première : tout cela se serait révélé plus coûteux que de simplement s'en remettre aux circuits d'exploitation locaux en place.
On pourrait arguer que peut-être certains Lyonnais ont pu être sensibles à l'origine prestigieuse de ces pierres, n'hésitant pas à investir beaucoup pour les faire venir de si loin, mais ce "prestige" qu'on associe à l'Antiquité est récent, et prend son essor à une période où il n'était probablement plus envisageable de piocher dans les ruines antiques.
Bref, l'idée semble si arbitraire qu'il est peu probable d'espérer trouver une source documentaire la remettant explicitement en cause, sans qu'on doive pour autant lui accorder le moindre crédit ou même le bénéfice du doute. On pourrait par exemple affirmer qu'une panthère dorée arpente les rues de Lyon les nuits de pleine lune sans jamais trouver aucun document pour le réfuter, cela ne ferait pas de cette affirmation une demi-vérité.
Mais peut être avez-vous une bonne raison de penser que le Colisée a été recyclé à Lyon ? C'est cette raison, la source de votre information plus que l'information elle-même que nous aurions pu mettre à l'épreuve de nos recherches.
Quant à l'origine des colonnes de la salle rameau, voilà ce qu'on peut lire au sujet du bâtiment dans l'inventaire du patrimoine Rhôn-Alpin :
Les parties latérales de la façade de la rue de la Martinière portent les masques de l’Éloquence et de la Musique (inscrits dans un "cuir découpé" se prolongeant par des cornes d'abondance) affichant ainsi les fonctions de l'édifice. A droite du masque de l’Éloquence, l'écusson de Lyon porte la date de 1907 ; à gauche du masque de la Musique, un écusson identique porte la date de 1908. Le masque de l’Éloquence pourrait être un portrait, celui de la Musique est plus stylisé. En ce qui concerne la partie centrale de la rue de la Martinière, chaque panneau de mosaïque est flanqué de colonnes dont les chapiteaux ioniques sont ornés de branches de laurier, de lyres en pierre dont les cordes (au nombre de 5 et de 7) sont en métal. Deux de ces lyres ont pour caisse de résonance une carapace de tortue en pierre.
Nous supposons que les colonnes auxquelles vous faites références sont ces colonnes en façades.
Ces colonnes sont sensiblement différentes des colonnes ornant l'étage supèrieur du colisée. A nouveau rien ne permet d'avancer à priori qu'en 1907, on ait pu faire venir de Rome des vestiges d'un édifices qui au cours du siècle précédent a déjà fait l'objet de plusieurs campagne de restauration, et n'est donc plus voué à la destruction. A nouveau, si vous disposez de sources d'information vous permettant d'aller dans ce sens, ce sont ces sources sur lesquelles nous pourrions axer notre recherche.
Les artistes et architectes responsables de l'apparence de la salle Rameau sont cités par l'article de l'inventaire déjà cité. Si des éléments décoratifs de l'édifice venait du colisée, l'article s'en serait fait l'écho sans aucun doute:
Auteur : Clermont François (1)
architecte attribution par travaux historiques
Personnalité : Witkowski Georges Martin
commanditaire attribution par travaux historiques
Auteur : Riboud Eugène Bonaventure
conducteur de travaux attribution par travaux historiques
Auteur : Penelle
sculpteur attribution par travaux historiques
Auteur : Bertin
mosaïste attribution par travaux historiques
Auteur : Gréber Charles
céramiste signature, attribution par travaux historiques
Auteur : Gréber Gaston
sculpteur signature
Auteur : Braemer Max
sculpteur signature
Auteur : Nicod et Jubin
verrier attribution par travaux historiques
Auteur : Berlie
fondeur attribution par travaux historiques
Auteur : Flachat
décorateur attribution par travaux historiques
Auteur : Gaborit Léon
peintre attribution par travaux historiques
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