Lors de la ”bataille d'Angleterre” en quoi la Royal Air Force était-elle supérieure ?
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet et Bonne Année 2023,
Serait-possible de savoir si, comme le prétend une récente BD à fort tirage, des ouvrages font allusion à la supériorité de la RAF lors de la ”bataille d'Angleterre” en raison significativement de la qualité supérieure du carburant qui lui était fourni par les USA ?
Réponse du Guichet

Le carburant livré par les Etats-Unis aurait effectivement joué un rôle dans la victoire de la RAF lors de la Bataille d'Angleterre.
Bonjour,
Pour répondre précisément à votre question, il semble effectivement que le carburant ait joué un rôle dans la victoire de la RAF.
Dans son ouvrage Or noir, la grande histoire du pétrole Matthieu Auzanneau intitule un chapitre La bataille d’Angleterre, aidée par la qualité supérieure de l’essence américaine. Extrait :
"Parmi les facteurs ayant décidé du succès des jeunes pilotes de la chasse britannique dans leur défense héroïque du ciel d’Angleterre, la qualité supérieure de l’essence qui fait voler leurs appareils n’est certainement pas le moindre.
Au cours des années 1930, la Royal Dutch Schell a été la première des majors à lacer aux Etats-Unis la production de l’essence à indice d’octane 100, carburant à haut rendement très résistant à l’auto –inflammation. En juillet 1940, un programme d’importation d’urgence permet à la RAF d’être prête juste à temps pour la plus grande bataille aérienne de l’Histoire. Grâce à leur nouveau carburant, les chasseurs britanniques peuvent voler plus vite et plus longtemps.
EN 1941, IG Farben parvient en urgence à produire des quantités limitées d’essence d’indice d’octane 95 à 97, mais les moteurs des chasseurs allemands n’y sont pas adaptés: les gains de rendement se révèlent décevants, et la fenêtre d’opportunité qui aurait pu permettre d’envahir les îles britanniques s’est déjà refermée."
Philippe Copinschi dans son ouvrage Le pétrole, une ressource stratégique, consacre un chapitre à la gestion du pétrole durant la Seconde Guerre mondiale:
«Comme au temps de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis assurèrent durant le conflit environ les 2/3 de la production mondiale, soit 3,7 millions de b/j en 1940 et 4,7 millions de b/j en 1945. Ce furent eux qui alimentèrent la Grande-Bretagne ainsi que l’ensemble des forces alliées, malgré la terrible campagne des sous-marins allemands dans l’Atlantique.
(…) En Allemagne, où l’on avait tiré les leçons de la Première Guerre mondiale et d’intenses recherches furent entreprises dès les années 1920 pour tenter de fabriquer des carburants alternatifs au pétrole, de manière à réduire la dépendance du pays envers les importations.»
On retrouve d'ailleurs ces informations sur un forum de passionnés d'histoire :
«Pour améliorer la performance des moteurs d'avions, il faut produire des essences pour avion avec un fort indice d'octane (au moins indice de 100).
Le principal acteur de ces recherches est l'américain James Doolittle pilote d'essai et ingénieur aéronautique. Il rentre à la Shell en 1930 et pousse l’entreprise à développer ce carburant.
Les américains s'y convertissent dès la fin des années 30 avec le procédé dit (d'alkylation) qui réduit le coût de production de l'essence par 4.
Une importation massive permet à la RAF en 1940, de constituer des stocks du fameux carburant américain.
La supériorité de l’essence américaine a joué un rôle très important dans la performance des avions. Le Spitfire de 1030 chevaux passe ainsi à 1310 chevaux grâce à un taux de compression plus élevé. Le vieil Hurricane se retrouve à égalité avec le Me109.
Les performances des avions s'en trouvent améliorées en termes de vitesse, rapidité au décollage, autonomie…
La Luftwaffe se trouvera toute la guerre handicapée par ce manque technologique. Elle arrivera en 1941 à produire une essence à taux d'octane de 93-97 pour le nouveau chasseur Fock-Wulf 190, mais les américains eux sont à déjà +30 à +40% de leur qualité de 1940.
En 1944 les USA produisent 16 millions de tonnes d'essence aviation pour tous les alliés.
Les allemands mènent la bataille d’Angleterre grâce aux 240 000 tonnes d'essence avion récupérés en France à l’issue de la campagne de 1940.
Quand l’Allemagne entre en guerre en 1939, elle dispose de 5 mois de réserve de carburant.
Elle tente alors de reconstituer ses stocks grâce aux ponctions en URSS pour pouvoir mener sa campagne à l'ouest. »
Enfin, la page Wikipedia dédiée à la Bataille d’Angleterre précise :
«Du côté britannique, le poids de la bataille d'Angleterre va reposer presque exclusivement sur deux types de chasseurs : le Hawker Hurricane et le Supermarine Spitfire qui possèdent le même moteur Rolls Royce Merlin et un armement identique : huit mitrailleuses Browning de 7,7 mmnote 2. Solide et robuste, le Hurricane est une meilleure plate-forme de tir mais est moins rapide et moderne que le Spitfire ; le Hurricane est, comme le Spitfire, plus maniable que le Messerschmitt Bf 109 allemand. Assez tôt dans la bataille, en raison de leurs caractéristiques respectives, les Hurricanes seront prioritairement affectés à la destruction des bombardiers alors que les Spitfires s'occuperont surtout des chasseurs allemands.
Côté allemand, le chasseur principal est le Me 109, équipé d'un moteur Daimler Benz à injection directe qui ne coupe pas pendant certaines manœuvres violentes au contraire du Rolls-Royce Merlin britannique à carburateur. Autre différence, il possède deux canons de 20 mm et deux mitrailleuses de 7,92 mm, mais ses atouts sont contrebalancés par son manque de maniabilité. De plus, il sera très handicapé par sa faible autonomie qui bridera les pilotes allemands et les rendra moins efficaces.
Le chasseur lourd bimoteur Me 110 possède une autonomie supérieure mais, malgré son puissant armement de deux canons et quatre mitrailleuses dans le nez, il est surclassé par les chasseurs britanniques bien plus manœuvrants. Il sera par conséquent décimé.
Trois types de bombardiers bimoteurs (environ 1 0004) : le Heinkel He 111, le Junkers Ju 88 et le Dornier Do 17 assez modernes surtout les deux premiers, sont utilisés par l'armée allemande. Ils souffrent toutefois d'un manque d'armement défensif. Enfin, le bombardier en piqué monomoteur Ju 87 Stuka, bien qu'efficace contre des cibles terrestres, est peu utile dans ce type d'attaque et est très vulnérable en raison de sa lenteur et de son manque d'armement défensif.
Au début de la bataille, les Britanniques sont en infériorité numérique avec environ 600 Hurricane et Spitfire face à 2 500 avions allemands dont environ 1 200 Me 109 et Me 110. Cependant, par la suite, les pertes de la Luftwaffe et l'augmentation de la capacité de fabrication britannique améliorent progressivement le rapport des forces en faveur des Britanniques, qui en outre bénéficient de l'avantage de combattre au-dessus d'un territoire allié, alors que les pilotes allemands abattus qui ont survécu sont capturés. »
Pour aller plus loin:
Bataille de la Manche, Bataille d’Angleterre / A. Mc Kee
La Bataille d’Angleterre / F. Bédarida
La Bataille d’Angleterre / J. de Lespinois
Nos collections en salle sur le sujet, et notamment nos DVD documentaires.
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