Y a-t-il des études scientifiques sur les bienfaits du qi gong ?
Question d'origine :
Les effets bénéfiques du qi gong sur la santé ont il été démontrés par des études scientifiques, si oui lesquelles?
Merci,
Réponse du Guichet
En l'absence de données précises et non controversées, il est difficile d'évaluer les effets bénéfiques du Qi gong sur la santé.
Néanmoins, diverses études évaluent les expérimentations du Qi Gong dans le domaine médical et leurs bienfaits sur la santé.
Bonjour,
Il n’est pas évident de sélectionner les études dites «scientifiques» attestant des «bienfaits» d’un point de vue médical tant les avis divergent. En effectuant des recherches sur la base de données médicales em-consulte, consultable dans certaines bibliothèques universitaires, nous trouvons des articles relatifs à cette pratique et ses apports chez certaines personnes ou pour certaines pathologies:
M.Racodon, T.Pezé, P.Masson, «Promouvoir l’adhésion à un programme de rééducation cardiovasculaire pour favoriser l’éducation du patient cardiaque âgé. Place de l’activité physique adaptée basée sur le Qi Gong», Médecine des maladies métaboliques, Vol 10 - n° 5, septembre 2016, p. 456-462 dont voici un résumé :
Depuis quelques années l’éducation thérapeutique du patient (ETP) fait partie intégrante des programmes de rééducation et réadaptation cardiovasculaire (RRCV), avec pour objectif principal de changer certains comportements de santé. Il existe des limitations à la transmission des informations, notamment chez les patients cardiaques âgés pour qui l’éducation sur la poursuite des activités physiques, apparaît comme inadapté. Cette étude vise à démontrer que faciliter l’adhésion des patients âgés à un programme de réadaptation cardiovasculaire par l’intermédiaire d’une activité physique adaptée, comme le Qi Gong, améliore les capacités fonctionnelles des patients, donc la confiance en leurs capacités à faire des efforts, et favorise ainsi la poursuite de la pratique physique. Nous avons donc évalué l’impact du Qi Gong sur 47 patients cardiaques âgés en fin de rééducation, et 4 ans après. Nous avons constaté que le Qi Gong a permis d’augmenter les capacités fonctionnelles et l’estime de soi des patients en fin de rééducation, et de conserver une bonne estime de soi, ainsi qu’un niveau de dépenses physiques suffisant, 4 ans après la fin de cette rééducation. Nous retenons de notre étude que la rééducation cardiovasculaire doit donc viser à favoriser l’adhésion des patients âgés à l’effort physique, afin de permettre une véritable croyance en leurs capacités à faire les choses et, ainsi, permettre à ces patients de perdurer dans leurs pratiques physiques quotidiennes.
Marie Beaumont, «Qi gong et douleur: définitions et revue de la littérature», Douleurs, Vol 14 - N° 2, avril 2013, p. 67-74 - avril 2013, dont voici un résumé :
La littérature médicale évaluant le qi gong est peu fournie comparativement à d’autres pratiques apparentées alliant relaxation et mouvement (comme le tai chi chuan ou le yoga). Dans le domaine de la douleur, les différentes études permettent de retrouver un impact positif, mais pas toujours statistiquement significatif, de la pratique du qi gong. Les études portent essentiellement sur des douleurs d’origine rhumatologique (douleurs du dos, du cou, des épaules, des genoux, fibromyalgie) et plus accessoirement douleur cancéreuse, migraine, syndrome douloureux complexe régional et douleur au travail. Certaines études concernent particulièrement la personne âgée. L’impact de la pratique du qi gong sur la douleur, bien que positif, n’apparaît là encore, pas toujours significatif, mais on observe une amélioration de l’autonomie. Au total, l’apport du qi gong permet un soin global des patients douloureux. Toutes les études soulignent l’absence ou presque de contre-indications (des adaptations sont possibles comme chez la personne âgée) et le peu d’effets secondaires. Il est important également de considérer le faible coût que représente la pratique du qi gong et son rôle préventif.
Par ailleurs, Nathalie Baste cite les apports du Qi Gong :
En ce qui concerne plus précisément la santé, sa pratique peut être profitable dans différents domaines.L’hypertensionartérielle: la pratique de QiGong a des effets positifs sur la diminution de la pression sanguine.
Le stress: nous observons une réduction des indicateurs de niveau de stress: baisse du cortisol, diminution des ondes Beta et augmentation des ondes Alpha.
Les douleurs chroniques: nous observons d’un point de vue clinique une légère diminution de l’intensité de la douleur ainsi que l’amélioration de la qualité de vie.
Les affections diverses: les acouphènes, le burn-out, la fatigue chronique, le diabète, le syndrome prémenstruel, ma maladie de Parkinson, le cancer, les troubles cardiaques… Des études sont en cours.(…)
«Il semble que la pratique du QiGong ne soit pas pour le moment en France une proposition thérapeutique à proprement parler. Dans d’autres pays, comme la Chine, l’Allemagne, la Suisse, le Qi Gong bénéficie d’une place privilégiée dans les hôpitaux ou les cliniques, au même titre que la kinésithérapie, par exemple. Il existe des cliniques de QiGong en Allemagne, dont une est subventionnée par l’état.»
Source: BASTE Nathalie, «6. Le Qi Gong», dans : , Méthodes de relaxation. En 37 notions, sous la direction de BASTE Nathalie. Paris, Dunod, «Aide-Mémoire», 2016, p. 36-47, consultable sur Cairn.
Par ailleurs, Alice Guyon, Jérôme Ravenet et Nancy Midol reviennent sur ces apports et mentionnent divers travaux scientifiques. En voici un premier extrait :
La définition des pratiques des arts énergétiques indiens ou chinois se heurte à un double problème, taxinomique et axiologique. Elle est au cœur d’un dialogue des cultures scientifiques d’Orient et d’Occident qui permet de dépasser le «choc» des civilisations. Ces pratiques énergétiques, ou «arts» au sens large de technique, sont désormais catégorisées comme des sports, terme dont le sens est assez vague, le sport étant un objet mal identifié (Hubscher, 1992) et relèvent à ce titre du ministère du même nom, et non de celui de la culture. Il n’y a pas de définition univoque et consensuelle du sport qui permettrait de cerner ces pratiques, mais on en trouve des usages idéologiques: c’est seulement dans la période maoïste, avec Zhou Enlai (1972) que le Taijiquan est défini comme un sport (Hwang & Chang, 2008). Le Qigong, quant à lui, après les événements du Falun Gong à Pékin en avril 1999 est cantonné à un aspect thérapeutique, dans le cadre strictement défini par la législation nationale des études et des professions médicales et doit renoncer à ses valeurs spirituelles (Palmer, 2005).
Ces médecines traditionnelles basées sur une compréhension holistique du monde, de correspondance macrocosme/microcosme, etc., rencontrent des obstacles lorsqu’elles tentent de s’exporter dans les pays culturellement acquis au modèle exclusif de la biomédecine. En France par exemple, les arts énergétiques sont pensés comme sport et/ou pratique de bien-être, mais la recommandation de ces pratiques comme thérapie par un médecin est passible de sanctions. Néanmoins, l’Organisation Mondiale de la Santé a validé en mai 2019 la modification des normes médicales mondiales en y intégrant celle de la Médecine traditionnelle chinoise, qui sera effective au 1erjanvier 2022Une «révolution scientifique» (Kuhn, 1972) est en marche qui lance le compte à rebours d’une déflagration épistémologique et institutionnelle majeure dans le monde de la biomédecine. Les articles de biologie que nous avons répertoriés vont dans ce sens, en argumentant de façon scientifique sur les bienfaits de pratiques issues d’une forme ancienne de vitalisme qu’on pensait avoir dépassée.
En France, tous ces arts traditionnels se réinventent en intégrant des connaissances historiques, culturelles, philosophiques et médicales selon le choix des enseignants.
Les articles de Cramer et al. (2019) et Park et al. (2020) présentent un grand nombre de bienfaits physiques et psychiques liés à la pratique régulière de ces arts énergétiques, notamment parce que les mouvements y sont adaptés à chaque cas particulier en fonction de l’âge, du sexe et des possibilités de chacun, de sorte que peu de contre-indications sont décrites.Au niveau musculo-squelettique, posture, étirement et mouvement contribuent à l’assouplissement des grands groupes musculaires (Qin et al., 2005; Francis & Beemer, 2019). Certaines postures aident au renforcement musculaire en douceur, d’autres améliorent l’équilibre (Song et al., 2003; Youkhana et al., 2016). Une activité régulière muscle en profondeur, ce qui atténue grandement les problèmes chroniques de dos (Budhrani-Shani et al., 2016; Park et al., 2020). Ces pratiques réduisent de manière significative les chutes chez les personnes âgées en renforçant l’équilibre, ce qui diminue la peur de tomber, connue pour aggraver le risque de chute en induisant des crispations (Maciaszek & Osiński, 2010; Leung et al., 2011; Nick et al., 2016).
La lenteur des mouvements combinée à des postures fléchies conduit à une plus grande résistance lorsque le poids du corps passe d’une jambe à l’autre, ce qui contribue à renforcer le squelette en augmentant la densité osseuse, s’opposant à l’ostéoporose et diminuant les risques de fracture (Lu et al., 2016; Mu et al., 2018; Wayne, 2018).
Wang et al. (2019) montrent que ces interventions impliquent une relaxation active du corps et de l’esprit, permettant de prendre conscience des tensions et dynamiques internes, et une modération dans l’effort. Une pratique régulière permet également une amélioration de la qualité du sommeil et diminue le risque d’insomnie.
Pendant les séances, l’attention est constamment ramenée vers le souffle et le corps, ce qui est une forme de méditation. Or les bienfaits de la méditation sur la santé ont été largement explorés dans les dernières années (Goleman & Davidson, 2018).
Cette amélioration de la circulation sanguine vers le cerveau, qui induit une meilleure oxygénation et un meilleur apport de nutriments (glucose), induit également un sentiment d’être plus éveillé et améliore l’attention, la mémoire et l’apprentissage (Gothe et al., 2019; Zhou et al., 2019). L’exercice de ces disciplines diminue également la sensation de fatigue (Alrael et al., 2011; Sutar et al., 2016). Pendant ces pratiques, l’activité neuronale est augmentée dans de nombreuses aires cérébrales et pas seulement les aires motrices: les aires sensorielles, les aires impliquées dans le traitement des informations d’équilibre et de planification des mouvements, et les aires associatives sont mises en jeu. Les cellules du cerveau (neurones et glies) produisent plus de facteurs de croissance lorsqu’elles sont activées, leur permettant de mieux se développer. De ce fait, la communication entre les cellules cérébrales est améliorée, ce qui a pour conséquence une augmentation de l’acuité mentale, de l’équilibre, de la motricité et de la coordination (Maciaszek & Osiński, 2010).Les apprentissages et la mémorisation de nouveaux mouvements sont un défi pour le cerveau qui, lors de nouveaux apprentissages, doit former de nouvelles connexions. Mais après un temps d’apprentissage, lorsque les enchaînements deviennent automatiques, le cerveau acquiert des habitudes et rentre dans sa zone de confort (Duhigg, 2012).
Source: GUYON Alice, RAVENET Jérôme, MIDOL Nancy, «Les arts énergétiques dans le dialogue des paradigmes scientifiques: bilan d’étape des bénéfices des disciplines corps-esprit (Yoga, Tai-chi, Qi-gong)», Staps, 2021/2 (n° 132), p. 83-94.
Pour compléter ces premières références, nous vous suggérons la consultation des études suivantes:
BOPP-LIMOGE Christiane, GRETH Philippe, WEIBEL Hubert, «Qi Gong avec six patients psychotiques: étude defaisabilité etdepertinence», L'information psychiatrique, 2009/1 (Volume 85), p. 27-33.
Requena Y., Qi Gong, gymnastique chinoise de santé et de longévité, 2009.