Question d'origine :
Je voudrais avoir toutes les information sur ce héro Franc-comtois Claude Prost di capitaine l'accuzon
Réponse du Guichet
D'après nos sources, "vrai émule des Porthos et des D'Artagnan", Claude Prost dit Lacuzon était un militaire franc-comtois à la personnalité controversée, né vers 1607. En guerre contre Louis XIV qui veut annexer la Franche-Comté, alors province d'Espagne, à la France, il fut aussi surnommé le "Robin des Bois franc-comtois".
Bonjour,
Militaire franc-comtois du XVIIe siècle, Claude Prost dit Lacuzon était une personnalité controversée.
Voici ce que rapporte l'avant-propos de Lacuzon d'après de nouveaux documents [Livre], 1867, consultable en ligne sur Numelyo :
Si nos guerres du dix-septième siècle avaient trouvé un historien digne d'elles, Lacuzon serait aujourd'hui mieux connu. A trois reprises, en 1636, en 1668, en 1674, il défendit l'indépendance de la Comté ; trois fois, avec une héroïque naïveté, il essaya d'en empêcher la conquête. Défenseur heureux de nos montagnes contre Richelieu, il contribua, par ses diversions, à la victorieuse résistance de Dole ; plus tard, en face des armées de Louis XIV, il fut le bras droit du parlement, dont les fautes paralysèrent son courage, et il paya de l'exil ses patriotiques efforts contre l'agression des français. Il les haïssait du fond du coeur ; sorti des entrailles du peuple, il en avait les passions et les haines ; en lui se personnifiait ce vieux parti comtois qui aimait l'Espagne parce qu'elle nous haïssait pauvres, mais libres, qui détestait la France, souillée d'impôts et alliée des hérétiques.
...
Oublié de son vivant, Lacuzon a été travesti après sa mort. Dans le silence de l'histoire, la légende s'est emparée de cette figure. Peu à peu, dans le lointain des années, elle a perdu sa netteté première ; comme il arrive quand la tradition écrite fait défaut, l'imagination des peuples a grandi sa taille et son œuvre. Plus tard, la plume de nos romanciers acheva la métamorphose : le rude chef de partisans devint tantôt un être mystérieux, inspiré, en commerce avec les fées ou les génies de nos montagnes, tantôt un héros d'aventures, vrai émule des Porthos et des D'Artagnan, pourfendant les armées et mêlé à des intrigues amoureuses. L'histoire même, acceptant en partie ces données, s'est un instant égarée ; et dans son ouvrage, le regrettable Rougebief (Franche-Comté ancienne et moderne, p. 497 et suiv.), nous a donné un Lacuzon largement idéalisé.
Le chapitre 1 de ce même ouvrage s'ouvre ainsi :
Claude Prost, connu plus tard sous le nom de Lacuzon, naquit à Longchaumois, près de Saint-Claude, le 17 juin 1607. Son père, Pierre Prost, était cultivateur ; il obtint, plus tard, le titre de bourgeois de St-Claude. Sa mère, Clauda-Marie Jacquemin, était de même condition. [...] Il avait reçu, comme presque tous ceux de sa race, une âme sérieuse et forte, froidement énergique, patiente et tenace ; d'ordinaire taciturne et grave, il avait à ses heures le mot pour rire ; sa gaieté était volontiers narquoise, mais sans éclat. Comme tous les siens, il était chrétien sincère, surtout catholique fervent, avec certaines dévotions particulières. La foi fut en lui, avec l'amour du sol, le sentiment le plus vivace, le plus indestructible. Tel la nature et la race l'avaient fait ; la société et la vie aliérèrent un peu ce fonds premier, sans le détruire jamais.
On ne sait rien de son enfance, rien de sa jeunesse ; sinon qu'il fut privé entièrement des bienfaits de l'instruction.
Cependant, selon Wikipédia "il paraît impossible de fixer sa date de naissance avec précision car les registres des baptêmes et enterrements de Longchaumois n'ont été conservés qu'à partir de l'année 1668", (source : Lacuzon).
Nous vous laissons, si vous le souhaitez, découvrir la suite de Lacuzon d'après de nouveaux documents sur Numelyo.
Le Larousse résume ainsi la vie de Claude Prost, dit Lacuzon :
Homme de guerre franc-comtois (Longchaumois, Jura, 1607-Milan 1681).
Lacuzon est un mot de patois franc-comtois, qui signifie « taciturne et vigilant ». Lacuzon constitua une troupe de guerre qui atteignit un millier d'hommes et mena de nombreux coups de main contre les Suédois lors de la guerre de Trente Ans. Avec le capitaine Jean Varroz, il combattit dans le haut Jura, le Bugey et la Bresse, s'opposant aux tentatives d'annexion de la France. Il établit son quartier général au château de Montaigu, puis, à partir de 1641, à Saint-Laurent-la-Roche, dont il avait pris la forteresse. D'un tempérament indépendant, préférant la lointaine Espagne au pouvoir plus proche du roi de France, Lacuzon mena une action faite de lutte armée et de pillages. Lorsque l'Espagne céda la Franche-Comté à la France, en 1678, par le traité de Nimègue, il préféra s'exiler en Italie, d'où il chercha à continuer la lutte.
Le site de Longchaumois propose également une biographie de Lacuzon où il est mentionné qu'il fut peut-être cordonnier et "surnommé « La Cuson », en patois « le souci » et que c'est entre 1636 et 1642 "que la carrière militaire de Lacuzon prend son envol" :
Il mène une lutte implacable contre les « gris » de Lespinassou dans la région de Lons et de Bletterans.
[...]
Parti simple soldat, il est maintenant gouverneur des châteaux de Montaigu, Saint-Laurent et Arlay. Sa présence derrière les murs fortifiés rassure la population qui reprend courage, mais ses activités militaires se limitent de plus en plus à la répression des pillages et abus commis par des bandes de soldats déserteurs.
Par contre, sa générosité reste intacte et il la manifeste parfois avec ostentation, faisant par exemple un don considérable de 500 F à Saint-Claude pour la remise en état d’une chapelle brûlée par les « gris », y ajoutant 100 écus pour une fondation de messe perpétuelle… C’est à cette époque aussi qu’il achète, à Montaigu, une importante propriété où il fait construire une belle maison et, en 1651, il s’y installe définitivement avec sa femme et ses deux filles.
Lacuzon n’est pas toujours irréprochable…
Pendant toutes ces années, il règne un peu en satrape oriental sur ses capitaineries et il lui arrive, hélas de commettre de nombreux abus… Naturellement « galant », il n’hésite pas à violenter les femmes qui lui résistent : bref, il se crée alors de nombreux ennemis.
Jura musée, lui consacre un court article, Claude Prost dit capitaine Lacuzon le Robin des bois franc-comtois :
Commerçant à Saint-Claude, il prend les armes dès l’invasion de la Franche-Comté en 1636 et constitue une force militaire capable de lutter contre les troupes ennemies.
En 1637, il rallie « la terce », une unité régulière de 1000 cavaliers et 2000 fantassins commandée par le baron d’Arnans. Ce dernier délègue alors à Lacuzon la garde d’un poste de grande importance stratégique commandant l’accès de la vallée de la Bienne à Vaux-les-Saint-Claude.
En 1642, il s’installe à Montaigu dans son château puis devient gouverneur des châteaux de Saint-Laurent-la-Roche et Arlay. En 1668, la Franche-Comté redevient espagnole et Lacuzon se voit confier un baillage avec pouvoirs absolus.
En 1678 il s’exile à Milan avant de revenir en France un an après mais refuse de rester dans cette Franche-Comté qu’il considère toujours comme injustement occupée et retourne à Milan où celui que certains surnommaient le « Robin des Bois Franc-Comtois » décédera trois ans plus tard.
L'ouvrage Histoire de la Franche-Comté [Livre] / Hélène Walter, Pierre Gresser, Maurice Gresset, Jacques Gavoille mentionne Lacuzon :
Après 1640 la guerre se traîne sur un pays dévasté, où la volonté de résistance s'incarne dans un chef de partisans, Claude Prost, de Longchaumois, qui sous le nom de capitaine Lacuson fait régner la terreur parmi les paysans bressans voisins de la Comté. En 1641, il parvient à reprendre le château de Saint-Laurent-La-Roche qui protège dès lors une partie du bailliage d'Aval. En 1643 une suspension d'armes est décidée entre les deux Bourgongnes, généralisant différents armistices locaux et en 1644, après une dernière offensive, les troupes de Turenne évacuent la province. Des porjets d'union à la Confédération suisse échouent et des trêves revouvelables sont ensuite signées jusqu'au traité des Pyrénées. En 1659 celui-ci rétablit le statu quo : la Franche-Comté reste à l'Espagne !
Dans Franche-Comté / Jean-Paul Colin, Colette Dondaine, Pierre Gresser... et al, les auteurs le rebaptisent Jean-Claude et le décrivent comme "le plus hardi champion de la résistance à la conquête française, le capitaine Jean-Claude Prost, dit Lacuzon...".
Pour aller plus loin, vous pourriez lire les ouvrages suivants dont la plupart sont anciens :
La tentation du capitaine Lacuzon / Monique Lancel, consultable partiellement en ligne via Google livres, 2014
Le capitaine Lacuzon / textes et dessins, Cabiron..., 2009 - Librement adapté d'ouvrages de Xavier de Montépin
Lacuson : héros de l'indépendance franc-comtoise au XVIIe siècle / R. Fonville, 1955, consultable partiellement en ligne via Google livres
Vie du capitaine La Cuson (1607-1681) / Louis Lautrey, 1913
Le Médecin des pauvres: roman / Xavier de Montépin, consultable en ligne via Google livres, 1865
Le Capitaine Lacuzon / Louis Jousserandot, 1845
Bonne journée.