Existe-t-il un écrivain actuel qui tape entièrement son manuscrit sur une machine à écrire ?
Question d'origine :
Bonjour cher Quichet
je reviens vers vous après un débat animés entre mes amies et moi sur le sujet : existe-t-il un écrivain actuel (avec une certaine renommée, vivant et publiant en 2023) qui tappe en entier son manuscrit avec une machine à écrire ? (Il peut ensuite le retravailler à l'ordinateur on autorise cela dans notre débat)
Nous ne sommes pas d'accord car étant moi-même auteure, publiée, j'affirme que non en 2023 on n'écrit pas son roman sur machine à écrire et mes amies pensent que si c'est possible.
L'une d'elle a trouvé que JK Rowling a écrit le premier manuscrit d'harry Potter sur machine à écrire.
Pouvez-vous nous aider dans notre débat ?
Merci d'avance
Sabine
Réponse du Guichet
Il semblerait encore exister quelques irréductibles qui refusent de troquer leur machine à écrire pour l'ordinateur.
Bonjour,
Avant tout chose, nous souhaiterions revenir sur l’anecdote publiée par actualitte.com.com relative au récit de Mark Twain et de sa machine à écrire qui montre combien la vie des auteurs, des écrivaines peut être très romancée … et ainsi créer une image de l’écrivain derrière sa machine à écrire. L’article relate ainsi :
Dans son autobiographie, publiée en 1904, Mark Twain explique qu'il a écrit Tom Sawyer sur une machine à écrire. Ce qui en ferait le premier roman ainsi composé. La réalité se révèle tout autre, puisque l'écrivain n'avait que peu de considérations pour ces inventions diaboliques.
Comme quoi, il faut toujours se méfier des autobiographies. Les auteurs ont une fameuse tendance à voir la vérité en ce qui les concerne sous un angle un peu particulier, souvent flatteur. Le papa d'Huckleberry Finn n'échappe pas à la règle. Mais au fond, peu importe qu'il ait écrit ou non ce roman à la machine à écrire.
Ce qui est amusant en revanche c'est son rapport à cette nouvelle invention de son temps, à savoir la machine à écrire. Il débourse la somme de 125 dollars en 1874 pour en acquérir une. Il s'agissait d'une Remington (en cela il est précurseur, la marque est devenue un outil fétiche de bon nombre d'écrivains après lui).
Mais un an plus tard, il écrit une lettre à l'entreprise pour se plaindre de la machine. En effet, elle l'incite à jurer, ce qui n'est pas bon convenons-en. Il se défait donc de cette machine perverse, et publie Tom Sawyer en 1876, à partir d'un manuscrit écrit à la main. On se demande bien pourquoi il a voulu par la suite faire croire que le roman avait été écrit sur une machine à écrire.
(…)
Néanmoins, ce que l'on sait c'est qu'il a rendu des manuscrits dactylographiés à son éditeur, sauf que ce n'est pas lui qui a pris la peine de taper le texte.
Il le dictait à un secrétaire.
Mais, pour répondre plus précisément à votre question, le site catawiki.com dresse une liste des écrivains célèbres et de leurs machines à écrire. Est notamment citée Danielle Steel qui se contenta de "son Olympia 1946 pour écrire plus de 90 romans romantiques dont Une fois dans une vie (1982) et Le kaléidoscope (1987)".
Certain.es auteur.es sembleraient encore utiliser la machine à écrire quand bien même sa mort a été annoncée en 2011. En effet, dans l’article« la fin de la machine à écrire », publié sur lapresse.ca, la fin de la production de la machine est annoncée tout comme celles et ceux l’utilisant ou l’ayant employée :
Depuis un mois, la machine à écrire est officiellement morte. On ne s'ennuiera pas du ruban, du liquid paper et des corrections impossibles. Mais pour la littérature, c'est vraiment la fin d'une époque. Retour sur plus d'un siècle de dactylographie...
Il y a quelques semaines, la dernière usine de machines à écrire au monde a en effet fermé ses portes à Bombay, en Inde. Avec seulement 800 ventes pour l'année 2011, la vénérable société Godrej & Boyce a jugé que l'opération n'était plus rentable.
(…)
En France, la machine à écrire était, depuis l'irrésistible ascension de l'ordinateur, considérée comme un objet d'une autre époque. Au début des années 2000, la plupart des manufactures de machines à écrire avaient cessé leur production.«Des gens comme Hemingway, Miller, Bukowski donnaient l'impression d'être à la fine pointe, confirme Dany Laferrière, qui a tapé à la machine jusqu'en l'an 2000. C'est pour cette raison que dès mes débuts, j'ai voulu prendre une distance par rapport au papier. Écrire à la main, je trouvais ça trop littéraire. Je ne voulais pas faire des phrases à la Proust. Je voulais être plus moderne, plus urbain, plus américain. Or pour moi, la machine à écrire, c'était sortir du folklore. Écrire avec ça, c'était devenir un écrivain contemporain.»
Etrangement, certains n'ont même jamais fait le saut à l'ordinateur. On ne parle pas de ceux - nombreux - qui continuent de pondre à la main, mais des Gilles Archambault (voir autre texte) et autres François Nourissier, qui n'ont jamais renoncé à leur bonne vieille petite machine.
Auteur de La route, Cormac McCarthy a pour sa part vendu la sienne aux enchères en 2009, pour la modique somme de 250 000 $. C'était une Olivetti 32 Lettera qu'il avait payée 50 $. Et avec laquelle il aurait tapé cinq millions de mots en un demi-siècle, soit presque la totalité de son oeuvre.
Apparemment, il aurait accepté de s'en séparer quand un ami lui a promis de lui en trouver une nouvelle... d'occasion.
L’article ‘famous collectors and authors who still use typewritters cite aussi Cormac McCarthy.
Le Monde des livres du 16 mai 2014, s’intéresse à Charles Lewinsky (Johannistag (2000) Melnitz , Un village sans histoire et Retour -indésirable (Grasset, 2008, 2010 et 2013) qui emploie une machine à écrire :
C'est ma machine à écrire. Ma machine à moi. Je l'ai achetée fin 1925, dans la petite boutique de la rue Münz. Prix : 98 Reichsmark. Plus que le montant du salaire mensuel d'un ouvrier. Je l'ai payée avec mon premier honoraire. A l'époque, elle était du dernier cri. Barre à caractères enrobée d'acier. Cela m'avait impressionné.
Sur le plan incliné derrière le cylindre, à l'endroit où l'on glisse le papier, s'affiche son nom, en grandes lettres. Un nom approprié à la seule arme que possède un écrivain. Torpedo. Fabriquée par la maison Weil, à Francfort-Rödelheim. L'usine existe-t-elle toujours? Francfort a subi de nombreux bombardements.
The Guardian dans l’article novelist farewell typrwritter mentionne Paul Bailey.
Vous trouverez d’autres noms sur les sites :
antikeychop.com
antiquetrader.com
Voilà de quoi alimenter votre débat ... et le raviver pour savoir si ces auteurs emploient encore leur machine à écrire en 2023 !