Le nombre de morts indiqué par la plaque commémorative 92 rue Tronchet est-il exact ?
Question d'origine :
Bonjour
Au 92 rue Tronchet (Ecole Jean Rostand) se trouve une plaque commémorant l'assassinat par les troupes allemandes le 24 août 1944 de 60 français innocents.
Quel fut le nombre de morts? Numelyo cite 26 morts et plusieurs dizaines de blessés, et non pas 60.
merci d'avance
Réponse du Guichet
L’ouvrage Les plaques commémoratives racontent Lyon de Jean-Marc Mourier et Michel Morandet publié en 2 tomes en 2017 nous livre cette tragique historique commémorée au travers de la plaque mémorielle installée sur le mur d’enceinte d’une cour d’école au 92, rue Tronchet dans le 6e arrondissement.
Voici le texte de l’inscription gravée sur cette plaque: «Ici le 24 août 1944 à 17h les troupes allemandes ont lâchement assassiné 60 Français innocents. Cette plaque due à l’initiative des habitants du quartier a été apposée pour perpétuer le souvenir de cette tragique journée».
Cette plaque a été photographiée dans le cadre de l’inventaire réalisé par l’association Sauvegarde et embellissement de Lyon et déposée sur la base Photographe en Rhône-Alpes (92, rue Tronchet)
Citation de la page 445:
Dans les locaux réquisitionnés du groupe scolaire de la rue Tronchet qui court du boulevard Stalingrad à la rive gauche du Rhône (place Lyautey) dans le 6e arrondissement, les Allemands avaient installé un hôpital militaire.
A partir du 20 aout 1944, ils avaient commencé à replier cet hôpital pour le regrouper sur celui plu vaste de la Croix-Rousse, avant l’évacuation totale des services hospitaliers de la ville.
Au matin du jeudi 24 août, l’essentiel a été évacue. Il reste encore quelques malades et blessés en traitement avec un personnel hospitalier allemand réduit et les employés français, quand brutalement leur arrivent les soldats allemands blessés dans les bagarres du quartier du Tonkin dont certains meurent sur place. Il y a donc contretemps, précipitation et angoisse car les combats et l’agitation de Villeurbanne sont très proches et l’écho des fusillades est largement perceptible.
La décision d’évacuer ce qui reste de l’hôpital est prise en début d’après-midi. Vers 15h30, les derniers personnels allemands quittent les lieux en laissant aux employés civils français de nombreux matériels et vivres que la population voisine croit autorisée à récupérer. En cette période de pénurie, une telle nouvelle se propage rapidement.
Des divergences dans les témoignages laissent aussi penser que les personnels allemands auraient eux-mêmes donné ces autorisations aux employés civils qui ensuite auraient facilité la distribution. Toujours est-il qu’un attroupement s’est formé dans la rue en quelques minutes quand un détachement allemand surgit et tire immédiatement sur la foule. Bilan : 26 morts et plusieurs dizaines de blessés.
Cette grave affaire relève du crime de guerre car la population était inoffensive et composée essentiellement de femmes et d’enfants. Elle est intervenue alors que le commandement allemand était sous pression: des soldats sont tués, des barricades se dressent, la grève générale se propage, les magasins ferment…
Dans le cadre des ordres impératifs de dégagement des enclaves qu’il occupe au Lycée du Parc et à la gare des Brotteaux ont peut-être conduit le chef de détachement allemand responsable du massacre à prendre cet attroupement pour une nouvelle barricade ?
Source : «Objectif Lyon» de François Lescel, édition DG Communication 2004, p.375
Concernant le nombre des victimes figurant sur la plaque, il est également remis en cause par l’ouvrage « La Croix-Rouge française de Lyon pendant la guerre : 1940/41-1945..»/ de Nicole Amidieu-Michaud, 2011 qui indique 26 morts, 21 blessés et des blessés légers.