Quelles sont les trahisons les plus spectaculaires de l'histoire ?
Question d'origine :
Quelles sont les trahisons les plus spectaculaires de l'histoire, sous tous les continents ?
Y a-t-il des ouvrages qui les recensent ou qui en parlent ?
Réponse du Guichet
Judas, Brutus, les conjurés de l'opération Walkyrie, voilà quelques "traitrises" qui ont marqué l'histoire et les représentations. Mais outre qu'il est délicat d'en mesurer le caractère spectaculaire - et pour paraphraser le philosophe - ce qui est traitrise en deçà des Pyrénées est héroïsme au-delà !
La trahison est généralement entendue comme le fait de manquer à une promesse ou de briser un lien de confiance. Dans un cadre politique elle peut aussi désigner le fait de s’allier à un ennemi, de changer de camp. Déterminer si une trahison est ou non spectaculaire est subjectif. Néanmoins, un certain nombre de figures historiques peuvent être considérées comme spectaculaires au sens où elles ont influencé durablement la culture populaire. De ce fait, les figures historiques et fictionnelles des traîtres sont étroitement liées. Franz-Olivier Giesbert fait ainsi remarquer dans la préface de Les traîtres et autres Judas de l’Histoire que « La trahison a fait l’Histoire mais aussi la littérature ou le théâtre, inspirant à Shakespeare la plupart de ses grandes pièces : Jules César, Richard II, Othello ou Hamlet».
Du point de vue des représentations, la figure archétypale du traître est celle de Judas. Plus que d’un personnage historique, il s’agit quasiment d’un personnage mythique (à ce sujet, voir Judas: de l’Evangile à l’Holocauste de Pierre-Emmanuel Dauzat), dont la représentation est intrinsèquement liée à l’antisémitisme comme le rappelle Amos Oz. La trahison de Judas est en outre associée à un certain nombre d’images marquantes : les « trente deniers », le « prix du sang » et le « baiser de Judas ».
Brutus est une autre figure de traitre ayant fortement marqué l’iconographie, en étant associé à l’image du « coup de couteau dans le dos ». Dans La Divine Comédie (Enfer, chant XXXIV), il est placé au même niveau que Judas et que son compagnon de conjuration Cassius, au neuvième cercle de l’enfer, directement dans la gueule de Lucifer. Contrairement à Judas, qui est représenté agissant seul, Brutus met en jeu l’imaginaire du complot politique, tout comme une grande partie des « traitres » plus modernes. On pense par exemple au groupe de conjurés qui a tenté d’assassiner Hitler en 1944 et qui a donné lieu à des études historiques, mais également à des films, comme celui de Brian Singer, Walkyrie (2008).
La figure du traitre met en jeu de rapport à l’Etat et peut amener la controverse. Les traitres ont tendance à être régulièrement réhabilités, et il y a une frontière fine entre traitres et héros, comme le montre l’émergence du concept de « lanceur d’alerte ». Pour approfondir ces liens entre trahison et politique, vous pouvez consulter ce numéro des Cahiers d’Agora, publiés par le laboratoire de l’Université de Cergy.
Pour aller plus loin, on peut remarquer que la notion de trahison a pu évoluer avec le temps ; d'où cette courte sélection chronologique !
- Sur l’Antiquité : Trahison et traîtres dans l’Antiquité
- Sur la période médiévale : La trahison au Moyen Age
- une parution récente, qui s'arrête largement sur la période moderne et contemporaine : Traîtres, Nouvelle histoire de l’infamie. Vous pourrez y découvrir quelques retournements de veste moins célèbres que ceux évoqués plus haut. Par exemple Benedict Arnold, général américain durant la Guerre d'Indépendance qui s'est finalement rallié aux Anglais et à propos duquel Benjamin Franklin aurait dit "Judas n'a vendu qu'un seul homme. Arnold en a pu livrer trois millions !". Ou encore le général Sarrazin, qui, durant la période napoléonienne, passe aux Anglais, menaçant de divulguer des informations militaires à ces derniers.
Bonnes lectures !
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