Que fait-on des volumineux gravats de béton des immeubles en béton armé démolis ?
Question d'origine :
Bonjour,
Que fait-on des volumineux gravats de béton des immeubles en béton armé démolis (Lyon La Part-Dieu)? On en reconstruit à leur place...On les re-coule dans du béton là ou ailleurs?
Merci.
Réponse du Guichet

Les gravats issus de la démolition d'immeubles en béton sont recyclés. Ils sont "concassés, nettoyés, calibrés pour une nouvelle utilisation". "Les déchets ne pouvant être valorisés doivent être envoyés dans des installations de stockage adaptées en fonction de leur dangerosité."
Bonjour,
Selon l'article Que vont devenir les 10 000 tonnes de béton de la démolition du Théâtre national de Nice, France info, janvier 2023 :
Chaque année, sur tout le territoire français, environ 46 millions de tonnes de déchets sont générés dans le secteur du bâtiment d’après le Ministère de la transition écologique. En comparaison, les déchets ménagers représentent 30 millions de tonnes sur un an.
On y apprend aussi que "depuis 2015, la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte oblige l’État et les collectivités territoriales à revaloriser au moins 70% des déchets produits sur leurs chantiers."
Le site du Ministère de la transition écologique fait état lui de 246 millions de tonnes de déchets générés par les activités du bâtiment et des travaux publics (BTP) en 2012, soit près des ¾ des déchets produits en France.
Source : Déchets du bâtiment et des travaux publics.
Voici ce que précise cette page :
La valorisation des déchets du BTP
L’essentiel de ces déchets est minéral et inerte (briques, béton, tuiles et céramiques, verre, terre, pierres et cailloux provenant de sites non pollués). Il ne présente donc pas de risque de pollution mais la présence de dépôts sauvages constitue une pollution visuelle. Cependant, ce type de déchets est un gisement potentiel de matières premières à valoriser. Les enjeux sont à la fois la préservation de l’environnement et le gain de compétitivité pour les entreprises concernées. L’utilisation de cette matière permet d’économiser des ressources épuisables issues des carrières et de limiter les impacts environnementaux qui y sont liés. Par ailleurs, lorsqu’ils sont éliminés en décharge, ces déchets occupent des sols qui pourraient être mieux utilisés.
Les déchets du BTP ne sont pas que des déchets inertes. En 2012, on recense 13 millions de tonnes de déchets non dangereux (bois, plastiques, métaux) et 2,4 millions de tonnes de déchets dangereux (amiante, terres excavées polluées, solvants, peintures…). 10 millions de tonnes de déchets non dangereux issus de l’industrie chaque année, comme les mâchefers, les laitiers ou les sables de fonderie pourraient être valorisés dans les travaux publics.
Consciente de ces enjeux, l’Europe a fixé dans la directive-cadre déchet l’objectif de 70% de valorisation des déchets du BTP à l’horizon 2020. Cet objectif figure également dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 aout 2015. Aujourd’hui, la moitié environ des déchets du BTP français sont valorisés. Cela ne suffit pas. La France doit donc continuer dans son élan afin de se montrer exemplaire et d’ancrer les pratiques dans un changement durable.
Les filières de traitement des déchets dans le secteur du BTP
En application de la hiérarchie des modes de traitement des déchets, la prévention est la première voie à privilégier. C’est le cas du réemploi sur un chantier des déblais qui ne prennent pas le statut de déchet ou encore d’éléments du patrimoine d’un bâtiment qui seront réutilisés dans un projet architectural ou paysager les mettant en valeur. Lors de la rénovation ou la démolition d’un bâtiment, outre les dispositions spécifiques à l’amiante, il est obligatoire de gérer séparément certains flux tels que les déchets d’équipements électriques ou électroniques ou les lampes, qui doivent rejoindre la filière agréée.
Certains déchets peuvent être recyclés, c’est le cas notamment des fraisâts d’enrobés qui peuvent être incorporés dans des centrales d’enrobage, des laitiers sidérurgiques qui peuvent être incorporés dans la fabrication du ciment ou des granulats recyclés réintroduits dans la fabrication du béton.
Des déchets peuvent faire l’objet d’autres formes de valorisation matière en se substituant à des matériaux :
- en remblaiement de carrières, dans le cadre des prescriptions fixées dans l’autorisation d’exploitation de la carrière ;
- dans des projets d’aménagement (sous couche routière, merlon phonique…).
[...]
Enfin, les déchets ne pouvant être valorisés doivent être envoyés dans des installations de stockage adaptées en fonction de leur dangerosité : déchets inertes, déchets non dangereux non inertes ou déchets dangereux.
[...]
Vous y trouverez également les engagements de l’État et des acteurs de la filière (UNICEM, UNPG, SNBPE, SNIP, FEDEREC, SFIC, SNED, SRBTP) pour le recyclage de ces déchets :
- La valorisation et le recyclage des déchets inertes du bâtiment et travaux publics
- Le recyclage des déchets de plâtre
- Le recyclage du verre plat de déconstruction et de rénovation
- La valorisation des déchets de bois issus du bâtiment en cimenterie
Le projet Démoclès y est aussi annoncé. D'après Démoclès : recyclage des déchets du second œuvre du bâtiment, Ademe, 2016, "Démoclès est un projet inédit visant à améliorer le recyclage des déchets du second œuvre issus des chantiers de démolition/réhabilitation."
Sur le site Démoclès, les clés de la démolition durable ne figurent pas d'actualités récentes.
Dans on article de mai 2019, Les chantiers de démolition, une mine pour les producteurs de matériaux de construction, Capital présente le parcours d'un important chantier de démolition à une plateforme de recyclage "d'où repartent des granulats de béton recyclé, concassés, nettoyés, calibrés pour une nouvelle utilisation" :
A Colombes, sur un vaste site de 44.000 m2 auparavant occupé par le groupe Thales, des pelleteuses et broyeuses s'activent pour réduire à l'état de gravats les anciens bâtiments de bureaux, afin de faire place nette pour un nouveau quartier.
Des grandes plaques de béton sont d'abord démantelées par une pince géante, puis ces blocs sont désagrégés par un broyeur qui extrait les ferrailles que renferme le béton armé. Au milieu du va-et-vient des pelleteuses, un opérateur arrose en permanence le chantier pour réduire la quantité de poussière.
In fine, le chantier produira d'ici la fin 2019 quelque 63.000 tonnes de béton, auxquelles s'ajoutent 300 tonnes de ferraille et 3.000 tonnes de déchets industriels qui seront traités en filière spécialisée.
"Le taux de recyclage sera supérieur à 95%", selon Eric Corbière, responsable du chantier pour la société Cardem, filiale d'Eurovia (groupe Vinci) spécialisée dans la déconstruction de bâtiments.
D'ici quelques mois, le site recevra une unité de concassage, pour terminer le travail de recyclage. Le béton concassé pourra être directement réutilisé dans des applications routières.
"Sur chaque chantier, le choix doit être fait entre concasser sur place ou sur une plateforme" extérieure, explique M. Corbière. "En-dessous de 10 à 15.000 tonnes de béton, on n'amène pas de concasseur."
- activité complémentaire -
A quelques kilomètres, la plateforme de recyclage de l'entreprise SPL à Gennevilliers reçoit des gravats de démolition de bâtiments, de la terre de déblai de terrassement ou des déchets d'enrobés routiers.
Cette matière première est broyée, triée, concassée, tamisée, lavée, pour être réutilisée sous forme de sables, de gravillons ou de terre fine. Les déchets d'enrobés routiers sont réincorporés à hauteur de 10% à 30% dans la fabrication d'enrobé neuf.
Quant aux déchets non exploitables, comme des terres très argileuses, ils sont utilisés pour réaménager et réhabiliter les carrières.
L'article conclut en annonçant, "un taux de recyclage des déchets inertes porté à 90% à horizon 2025 et une couverture de plus de 30% des besoins de granulats pour la construction en France."
Voici d'autres documents ou articles qui pourraient vous intéresser :
Engagement pour la croissance verte (ECV) relatif à la valorisation et au recyclage des déchets inertes du BTP, 27 avril 2016 – 27 avril 2019, BILAN, Ministère de la transition écologique.
Déchets issus des chantiers du BTP: défis et opportunités pour une économie circulaire, Cerema, 2022 revient sur le panorama des actions entreprises par le secteur du BTP sur la gestion des déchets de chantier et la mise en œuvre de l'économie circulaire présenté dans une conférence le 2 juin 2022.
Le Guide de l'élimination des déchets de chantier vers les filières de traitement, DDT des Deux-Sèvres qui date de 2010.
Le guide, Déchets de chantier du Grand Lyon, à destination des professionnels de l’aménagement urbain, du bâtiment et des travaux publics, pour réduire les nuisances de chantier, économiser et valoriser les ressources, non daté.
Bonne journée.