Question d'origine :
Bonjour,
La France est - elle raciste?
Je vous remercie.
Réponse du Guichet
Les institutions françaises ne sont bien évidemment pas racistes. Le racisme est d'ailleurs interdit par la loi et des sanctions pénales sont prévues pour les auteurs et autrices de ce délit.
63 % des français ne s'estiment pas racistes du tout d'après la CNCDH. Mais si les français se déclarent plus tolérants, ils ont toujours des préjugés racistes. Les chiffres montrent que les infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux augmentent.
Bonjour,
Vous nous demandez si la France est raciste. Que mettez-vous derrière le terme "France" ? Nous demandez-vous si l’État français est raciste ?
Les institutions françaises se veulent bien heureusement universalistes, laïques et égalitaires. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », affirme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Découvrez les valeurs de la république sur le site de l'Elysée et sur celui du réseau Canopée : Les valeurs de la république : Universalisme républicain.
La loi française réprime tout acte raciste qui est considéré comme un délit :
Le racisme se traduit par des propos, des comportements ou des violences à l’égard d'une personne en raison de son origine ou de sa religion (vraie ou supposée, c’est-à-dire imaginée à partir de l’apparence physique, de la couleur de peau, du nom de famille ou de l’accent d'une personne, sans que celle-ci ne soit nécessairement de cette origine, ou pratiquante de cette religion).
La loi interdit et sanctionne le racisme lorsqu'il s'exprime sous forme :
- de propos injurieux ;
- de comportements discriminatoires (traitement défavorable de personnes, se trouvant dans une situation comparable, dans le domaine de l'emploi, de l'éducation, d'accès à la location...) ;
- de violences physiques.Différents textes de loi définissent et sanctionnent le racisme.
source et pour en savoir plus : Egalité contre le racisme / Licra
La loi française interdit et sanctionne le racisme et l'antisémitisme sous toutes leurs formes.
Les lois Marchandeau (du 21 avril 1939), Pleven (du 1er juillet 1972), Gayssot (du 13 juillet 1990) sont quelques-unes des lois luttant contre le racisme.
L'année dernière, nous avons fêté les 50 ans de la loi Pleven : 50e anniversaire de la loi Pléven.
Citons également les lois mémorielles du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915, celle du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, dite aussi loi Taubira.
La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie constitue une priorité du Gouvernement. La Première ministre a d'ailleurs présenté, le 30 janvier 2023, le plan 2023-2026 contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine - fichier pdf.
Cela signifie-t-il que l'Etat n'est pas raciste ? Pas forcément pour certains :
Comme le rapportait Pap Ndiaye :
" Il faut considérer que l’État n'est pas homogène. Il est fait d'institutions qui peuvent avoir des objectifs et des pratiques contradictoires les uns par rapport aux autres. Par exemple, l'État a été condamné à plusieurs reprises par la justice pour des pratiques racistes, en particulier pour ce qui concerne les contrôles d'identité au faciès. Ce serait inconcevable si la justice était au service d'une politique d'État qui serait une politique raciste. "
Quelques articles abordent ce sujet :
- SLAOUTI Omar, JOBARD Fabien, « Police, justice, État : discriminations raciales », dans : Omar Slaouti éd., Racismes de France. Paris, La Découverte, « Cahiers libres », 2020, p. 41-58
Si dans les textes le racisme est combattu, qu'en est-il dans la réalité ? Le peuple français est-il raciste ? Que disent les statistiques ?
À la question « pensez-vous qu’une lutte vigoureuse contre le racisme est nécessaire en France ? », les Français répondent sans ambiguïté : trois quarts d’entre eux estiment que « oui » (46 % « oui tout à fait » et 30 % « oui plutôt »). Seuls 8,6 % répondent « pas du tout », selon un sondage réalisé en 2019 dans le cadre du rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). [...]
À la question « êtes-vous raciste vous-même ? », 60 % de la population indique « pas du tout », proportion qui fluctue entre 40 % et 50 % depuis le début des années 2000 et qui a nettement augmenté de 2013 à 2019. La part de ceux qui répondent « un peu » ou « plutôt raciste » a peu changé entre 2002 et 2013, autour de 25 %-30 %, et elle a nettement diminué depuis 2013 pour atteindre 18 % en 2019.
source : Les Français se disent de moins en moins racistes / Observatoire des inégalités
Si les français se déclarent de plus en plus tolérants et de moins en mois racistes, les actes racistes ont pourtant bien augmenté !
Chaque année, en France, 1,2 million de victimes subissent une discrimination ou une atteinte à caractère raciste ou antisémite.
Le 31e rapport sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie de la Commission nationale consultative des droits de l’homme pointe la « persistance de phénomènes discriminatoires » en raison de l’origine réelle ou supposée, la religion ou la couleur de peau. « Certains préjugés racistes, antisémites et xénophobes » restent « vivaces et, surtout, leur expression se renouvelle, se diversifie, voire s’intensifie en fonction du contexte ».
Après avoir connu une baisse importante dans un contexte de crise sanitaire qui a réduit les activités, le nombre de faits à caractère raciste retrouve des niveaux comparables à ceux de 2019. Bien que le baromètre CNCDH témoigne cette année du maintien d’un niveau de tolérance élevé parmi la population française, il est indispensable de fermement rappeler que la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie est toujours d’actualité et doit continuer à travers les actions portées par les pouvoirs publics et la société civile.
Les phénomènes du racisme et de l’antisémitisme en France requièrent une extrême vigilance : ils restent encore largement sous-déclarés et se manifestent souvent à travers des formes de rejet subtiles parfois difficiles à caractériser et à dénoncer pour les personnes qui en sont victimes.
source : La lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie : année 2020 / Commission nationale consultative des droits de l'homme
Injures, provocations, diffamations, menaces, chantages... 12 600 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2022. C'est le bilan global des chiffres publiés le 21 mars 2023 par les services statistiques du ministère de l'intérieur.
L'analyse du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) portant sur les atteintes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux en 2022 comptabilise :
- 6 600 crimes ou délits (+5% par rapport à 2021) ;
- 6 000 contraventions (-12% par rapport à 2021).
Toutefois, le ministère rappelle que "les victimes enregistrées par les services de sécurité ne représentent qu’une faible part des personnes ayant subi des atteintes à caractère raciste." Une enquête réalisée sur la période 2013-2018 avait montré que 14% seulement des victimes de menaces ou violences physiques "racistes" et 2% des victimes d'injures racistes, avaient déclaré avoir formellement déposé plainte.
source : Actes racistes, xénophobes et antireligieux : des chiffres en légère hausse en 2022 / Vie publique
Quelques articles sur ce sujet :
- Les Français sont « plus tolérants », mais les actes racistes sont plus nombreux que jamais / Maire info - mardi 19 juillet 2022
- Les Français se disent moins racistes, mais les « vieux clichés » ont la vie dure / Louise Couvelaire - Le Monde - 18 juillet 2022
- Les Français sont plus tolérants mais ont toujours des préjugés racistes, selon la CNCDH / L'Obs avec AFP -
Bonne journée.