Question d'origine :
Yolande d'Aragon grande banquière de l'ordre de sion
Réponse du Guichet
Plusieurs femmes des lignées Aragon / Anjou se prénomment Yolande. Par ailleurs, la véracité historique d'un ordre nommé Sion est plus qu'improbable...
Bonjour,
Concernant Yolande d’Aragon :
Plusieurs femmes des lignées Aragon / Anjou portent le prénom de Yolande.
Yolande de Bar (1365 – 1431): petite fille du Roi de France Jean II le Bon, fille de Marie de France et de Robert 1er de Bar. Elle épouse Jean, duc de Gérone et héritier de la couronne d’Aragon. Yolande deviendra ainsi Reine d’Aragon à l’accession au trône de son époux.
Yolande d’Aragon (1381 – 1442) : fille de la précédente et du roi d’Aragon Jean 1er. Par son mariage avec Louis II d’Anjou (lui-même petit-fils du Roi Jean II le Bon), Yolande devient notamment duchesse d’Anjou, comtesse du Maine et de Provence, et reine de Naples de Sicile et de Jérusalem. Surnommée « la ravaudeuse de Royaumes » par Gérard de Senneville qui lui a consacré une biographie, Yolande d’Aragon fut également la belle-mère du Roi Charles VII (époux de sa fille Marie), qu’elle a accompagné jusqu’au trône durant la période troublée de la guerre de cent ans. Plusieurs ouvrages mentionnent son rôle prépondérant dans la politique européenne. Yolande d’Aragon fut tout à la fois attachée à faire gagner une couronne au futur Charles VII et à administrer et protéger ses possessions des prétentions d’autres grandes familles. Ayant noué pour ses enfants des unions stratégiques, elle les aidera à asseoir leur légitimité ou à reconquérir certaines provinces ou royaume comme celui de Sicile. Habile diplomate, particulièrement hostile à l’invasion anglaise, Yolande d’Aragon fut l'un des pivots politiques de la première moitié du XVème siècle.
Sur Yolande d’Aragon et plus généralement sur Charles VII, voici plusieurs ouvrages :
- Yolande d'Aragon : la reine qui a gagné la guerre de Cent Ans, Gérard de Senneville, Paris : Perrin, 2008
- Charles VII : le crépuscule du Moyen Age, Georges Minois, Paris : Perrin, 2005
- Charles VII : une vie, une politique, Philippe Contamine,...Paris : Perrin, 2017
Yolande d’Anjou (2 femmes portent ce nom) :
- 1412 – 1440 : fille de la précédente et de Louis II d’Anjou, elle épouse François 1er de Bretagne.
- 1428 – 1483 : petite-fille de Yolande d’Aragon par son père le Roi René, duchesse de Lorraine et de Bar. Elle épouse son cousin, comte de Vaudémont.
Concernant Sion, les protocoles des sages de Sion, l’ordre de Sion ou encore le prieuré de Sion :
Sion : est le nom donné dans la Bible Hébraïque à Jérusalem, par extension du Mont Sion, une des collines de la ville.
Sion est par ailleurs le nom de plusieurs communes, en France, en Suisse ou même aux Pays-Bas.
Sur Les protocoles des sages de Sion : ce sont des" documents fabriqués à Paris en 1900-1901, par les services de la police politique du Tsar, l’Okhrana, qui a fait appel, pour réaliser ce travail, au faussaire Matthieu Golovinski. Ce document, se présentant comme les minutes de séances secrètes tenues par les plus hauts dirigeants du « judaïsme mondial», était censé révéler leur programme de conquête du monde.[… Le principal but des faussaires de l’Okhrana était de disqualifier toute tentative de modernisation «libérale» de l’Empire tsariste en la présentant comme une «affaire juive» ou «judéo-maçonnique». De 1903 à la révolution d’Octobre, les «Protocoles» sont restés une arme idéologique dans les mains des antisémites russes et des policiers manipulateurs. […] " extrait de l'ouvrage de Pierre-André Taguieff Les "Protocoles des sages de Sion" : faux et usages d'un faux
L’ordre de Sion ou Prieuré de Sion :
Il est difficile d’apporter des informations sur cet ordre, car les historiens lui dénient toute réalité. Ainsi les dictionnaires historiques (dont celui de Michel Mourre) que vous pourrez consulter n’en feront pas mention. Aucun essai historique n’a jamais été consacré à cet ordre / Prieuré. Car celui-ci est une création contemporaine.
Vous trouverez mention de cet ordre dans l’ouvrage à visée ésotérique d’Alexandre Adler Sociétés secrètes, publié en 2007 chez Grasset. Il évoque cette création rocambolesque du Prieuré de Sion, née durant le XXème siècle. Et le rôle joué par l’un de ses instigateurs, Pierre Plantard.
Une page Wikipédia présente ce prieuré, également évoqué par Dan Brown dans son roman le Da Vinci Code.
Cette création littéraire semble débuter à partir de documents conservés à la Bibliothèque Nationale de France : Les dossiers secrets d’Henri Robineau. Cet ouvrage rassemblant de nombreux documents y aurait été déposé anonymement, par le biais du Dépôt légal. C’est de là que part cette aventure, cette mystification historique, dans laquelle Pierre Plantard aura joué un rôle primordial. Vous trouverez de nombreuses informations sur Pierre Plantard et le prieuré de Sion dans l’ouvrage Pierre Plantard, écrit par Arnaud de l’Estoile.
Le Prieuré de Sion est en réalité une association loi 1901, créée le 25 juin 1956 et déclarée à la sous-préfecture de Saint-Julien-en-Genevois. Son but est, comme cité dans le Journal Officiel : « [les] études et [l']entraide des membres». Vous trouverez cette déclaration dans le JO de la république française en date du 20 juillet 1956, page 63.
Vous trouverez en ligne plusieurs listes de grands maîtres successifs de cet hypothétique Prieuré, d’Hugues de Payen au XIIème siècle, au dernier grand Maître, en l’occurrence ce même Pierre Plantard au XXème siècle. Une liste très hétéroclite...Dans cette liste (présentée page 73 de l’ouvrage précité sur Pierre Plantard) apparait en effet Yolande de Bar, supposée grand Maître entre 1480 et 1483. Ce personnage semble correspondre au niveau des dates à Yolande d’Anjou, comtesse de Bar et de Lorraine, décédée en 1483, une des petites filles de Yolande d'Aragon (toutes deux précitées).
Voilà ce que nous pouvons répondre à partir de votre question. Il aurait été intéressant de connaître les sources qui évoquent, si nous comprenons bien, un rôle financier qu’aurait joué Yolande d’Aragon (ou Yolande de Bar) dans l’ordre de Sion…