Quelle est la méthode pour calculer le nombre de manifestant.es ?
Question d'origine :
Bonjour, pourquoi y'a t'il toujours un si grand écart entre les estimations du nombre de manifestants par les autorités et les organisations syndicales ? Quelles sont les méthodes de calcul ?
Réponse du Guichet
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Les méthodes de comptage créent de nombreuses polémiques. Celle utilisée par la police semblerait la plus fiable.
Bonjour,
Le comptage de manifestants n’est pas près de faire l’unanimité… et risque d’être encore un vrai casse-tête, opposant police, syndicats et… désormais technologies numériques !
L’internaute, le 18 janvier 2023, revient sur «le comptage par ligne chez les syndicats» :
Lors des grèves et des manifestations tous les syndicats envoient certaines de leurs forces aux abords des cortèges pour compter les manifestants. Tous, ou presque, procèdent de la même façon et recourent au comptage par ligne. A ces points de passage les syndicalistes comptent le nombre de personnes sur une ligne puis le nombre de lignes qui passent devant eux. Il suffit ensuite d'une simple multiplication pour obtenir un résultat qui n'est qu'une "estimation". Chez la CGT ou FO, la méthode est utilisée depuis des années.Le comptage étant manuel et réalisé par l'humain, tous les syndicats regroupent et comparent leurs estimations pour arriver à un nouveau chiffre moyen du nombre de manifestants. Ce résultat, qui est la moyenne de plusieurs autres moyennes, est aussi quelque peu "remonté" par les syndicats. Lesquels attendent toujours de disposer des chiffres des préfectures ou du ministère de l'Intérieur avant d'annoncer leur propre décompte.
Pour les policiers, un comptage similaire mais plus fiable ?
Les forces de police calculent également le nombre de manifestants manuellement sans drone ni vue aérienne et avec une méthode et des règles de comptage bien définies."Pour faire un comptage équilibré, nous prenons position sur des points en hauteur et nous établissons des lignes", expliquait la police à BFMTV en 2018. Chaque ligne équivaut à dix personnes et le nombre de lignes est comptabilisé à plusieurs points du cortège. A chaque passage, les policiers actionnent un compteur qui s'occupe des calculs. Les données des différents compteurs permettent ensuite d'obtenir une moyenne. Une méthode, pas si éloignée de celle des syndicat, mais qui "rend la chose très fiable" aux yeux des policiers. Une fois le nombre de manifestants arrêté c'est au préfet ou au ministère de l'annoncer.
Le décompte des manifestants par la police semble avoir l'avantage auprès des institutions. En avril 2015, une commission d'experts chargés de réfléchir à de nouvelles techniques de comptage avait conclu dans un rapport que "les méthodes de la police sont bonnes et sont les seules possibles", comme le rapportait Le Figaro.
Le Parisien consacre un article le 31 janvier 2023 à ce sujet : "Comment les manifestants sont comptés".
«Syndicats, ministère de l'Intérieur, cabinet indépendant... Chacun a sa propre méthode. Et aucune n'est véritablement infaillible.
Il y a toujours une bataille de chiffres. Tout dépend des méthodes de comptage... » Elles varient entre syndicats, ministère de l'Intérieur et cabinet privé.
Les organisations syndicales utilisent une technique « très artisanale », juge Stéphane Sirot. Elles estiment, notamment, le nombre de personnes par la surface couverte par l'ensemble du cortège. « Ce n'est pas très élaboré et ça repose surtout sur la perception de ceux chargés de compter », appuie l'expert. De son côté, le ministère de l'Intérieur détermine un périmètre, avant de recenser le nombre de manifestants à l'intérieur de celui-ci. « Et les forces de l'ordre le dupliquent selon la longueur du cortège », précise Stéphane Sirot.
Deux capteurs reliés à un ordinateur
Le cabinet indépendant Occurrence a recours à une technologie « utilisée dans les aéroports ou centres commerciaux » pour un chiffre pertinent. « Nous nous positionnons à 8 m de haut pour couvrir la largeur d'un boulevard, les deux trottoirs compris. Deux capteurs, reliés à un ordinateur, tracent une ligne. À chaque fois qu'une personne la franchit, elle est comptabilisée », explique Occurrence sur son site Internet.
Quoi qu'il en soit, « aucune technique n'est infaillible », juge Stéphane Sirot. L'expert relève que l'important n'est pas tant le chiffre exact, que « la dynamique ». « Pour cette journée, le ministère de l'Intérieur et les syndicats tombent d'accord sur une chose : il y a davantage de monde dans les rues, appuie-t-il. La tendance est ascendante, c'est ça l'enseignement majeur. »
La sollicitation d’une agence indépendante Occurrence, qui utilise une nouvelle technologie et dont les chiffres se rapprochent de ceux de la police ne fait donc pas non plus l’unanimité.
La presse régionale (consultable via Europresse) s’intéresse au problème et aboutit aux mêmes conclusions.
En guise de conclusion, nous vous laissons parcourir ce reportage :
Bonne journée.