Depuis quand compte-t-on les heures comme des chefs de gare ?
Question d'origine :
Bonjour.
Depuis quand compte-t-on les heures comme des chefs de gare :
8h40, 15h ou 18h15 et non plus 9 heures moins vingt, 3h de l'après midi ou 6 heures un quart ?
Qu'est-ce qui a imposé ce type de décompte horaire ?
Merci de votre réponse
Bernique
Réponse du Guichet
Cette manière de compter l'heure est à mettre en rapport avec l'essor du chemin de fer au XIXe siècle.
Bonjour,
Nous avons déjà été interrogées à ce propos et vous laissons donc les consulter. Dans Etre le même jour et au même moment, nous expliquions ainsi :
il y a l'heure légale définie par chaque pays ou groupe de pays. Elle a été mise en place au moment de l'essor du chemin de fer.
- enfin à l'échelle de la planète, les Etats ont créé le Temps Universel (TU). Le temps universel est une échelle de temps universelle, comme son nom l'indique. Par convention internationale, le temps universel est le temps moyen de Greenwich, augmenté de 12 heures. En même temps que la définition du Temps Unviersel, les états se sont mis d'accord pour définir un temps universel, référence pour tous, et des temps locaux qui ne différeraient que d'un nombre entier d'heures, par la création de "fuseaux horaires".
Nous abordons la question de temps universel dans L’heure dans le monde.
Par ailleurs, Lucien Baillaud,consacre un article « Les chemins de fer et l’heure légale » (Revue d’histoire des chemins de fer, 35 | 2006), à ce propos et met en rapport cette pratique avec l’essor des chemins de fer :
La notion d’heure repose sur plusieurs bases d’ordres très différents : le point de vue de l’astronomie, avec la succession des jours et des nuits ; les modalités de l’adaptation de notre organisme et de la société aux contraintes du cycle jour-nuit, cycle nycthéméral ; un aspect de pure convention, le découpage du temps en compartiments et leur désignation : la numérotation des heures ; la technique de l’horlogerie, avec ses possibilités et ses progrès ; enfin les règlements de la société, la loi, hors laquelle il n’y a pas d’heure « légale ».
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La notion d’heure repose sur plusieurs bases d’ordres très différents : le point de vue de l’astronomie, avec la succession des jours et des nuits ; les modalités de l’adaptation de notre organisme et de la société aux contraintes du cycle jour-nuit, cycle nycthéméral ; un aspect de pure convention, le découpage du temps en compartiments et leur désignation : la numérotation des heures ; la technique de l’horlogerie, avec ses possibilités et ses progrès ; enfin les règlements de la société, la loi, hors laquelle il n’y a pas d’heure « légale ».
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En France, cette évolution, initialement provoquée par les besoins des chemins de fer, conduisait vers l’uniformité de la notation du temps, d’une longitude à l’autre, pour l’ensemble de la société. L’Observatoire de Paris diffusa l’heure parisienne à Rouen (1880), au Havre un an plus tard, puis à La Rochelle, Nancy, etc. ;
(…) Qui a inventé le système des fuseaux horaires et de l’heure standard ? Pour Nordling (1890), « Il serait difficile de dire qui en a eu la première idée, tant elle est naturelle, mais il est certain que ce sont les Américains qui, les premiers, l’ont appliqué en grand
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Une autre question de « temps » intéressait directement les chemins de fer. La tradition était de compter jusqu’à 12 les 12 heures avant midi ainsi que les 12 heures après midi. Les administrations françaises disaient « du matin » et « du soir » ; les télégrammes, en France, portaient, après l’heure du départ, la lettre M (matin) ou S (soir), et de même les cachets postaux. Les anglophones disent ante ou post meridiem, ce qu’ils abrègent en « a.m. » ou « p.m. », sans toujours savoir quels sont les mots ainsi raccourcis. Il y a là une petite complication pour la vie courante et pour les communications.
(...)
La conférence de Washington de 1884 avait recommandé que l’heure universelle soit comptée de 0 à 24. Cela concernait les gens de sciences. Ce n’était pas dans les habitudes du public. La question se posait pour les chemins de fer. Or si le citoyen continuait à toujours lire et énoncer les heures jusqu’à 12, pouvait-on lui demander de comprendre de manière immédiate des indications de 12 à 24 ?
Pour compléter ces premières informations, nous vous laissons lire l’étude suivante :
STUDENY Christophe, « L'emprise de l'heure », Romantisme, 2016/4 (n° 174), p. 10-19.