Quelle est la nature grammaticale de "LE" ?

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Le 29/05/2023 à 19h14 280 vues

Question d'origine :

Bonjour

Question de grammaire

Dans les Fausses Confidences de Marivaux, la suivante dit : "J'étais son ennemie; je ne LA suis plus." J'en déduis qu'un personnage masculin aurait dit "Je ne LE suis plus" et plusieurs personnages "Nous ne LES sommes plus."

En français moderne, on dirait "Je ne LE suis plus" et ce propos pourrait être tenu aussi bien par un homme que par une femme et resterait inchangé au pluriel : "Nous étions ses servantes. Nous ne le sommes plus."

Quelle est la NATURE grammaticale du "LE" moderne qui ne prend ni le genre ni le nombre et se comporte comme un mot neutre ?

Réponse du Guichet

P.L - Département : Langues et Littératures

Le 02/06/2023 à 15h50

Vous souhaitez connaître la nature grammaticale du "LE" moderne qui ne prend ni le genre ni le nombre. C'est tout simplement un pronom personnel de forme conjointe en attribut du sujet.

Bonjour,

Vous avez pu constater que le pronom personnel le dans une phrase de type "j'étais son ennemie, je ne le suis plus" ne s'accorde ni en genre ni en nombre.

En effet, le pronom personnel varie selon la personne, le genre, le nombre et la fonction. Dans Le bon usage par Maurice Grévisse (article 673), il est spécifié que pour représenter soit un nom précédé de l'article indéfini ou d'un déterminant démonstratif, possessif ou interrogatif, soit un nom propre sans déterminant, la langue écrite emploie comme pronoms attributs le, la , les en accord avec ce nom. Mais pour représenter soit un adjectif, soit un nom construit sans déterminant ou avec un autre déterminant que l'article défini, le démonstratif et le possessif, on emploie comme pronom attribut le, neutre.

ex : "Ma soeur est une enfant et je ne le suis plus" (Musset, A quoi rêvent les jeunes filles)

La variation du pronom est anormale aujourd'hui.

C'est Vaugelas qui a nettement établi la règle de le attribut neutre. Cependant, elle ne s'est imposée que longtemps après lui. Au XVIIe et même au XVIIIe siècle, on faisait encore varier couramment le pronom.

ex : J'étais née, moi, pour être sage, et je la suis devenue" (Beaumarchais, Le mariage de Figaro)