Est-ce que les propos du Dr David Martin sont vrais ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerai savoir si les propos du Dr David Martin peuvent être entendu comme vrai ou sont des fakes. Ses propos sont relayés sur internet dans des vidéos sur les réseaux sociaux et not. dans cet article de France soir :
Merci pour vos éclaircissements.
Cordialement,
D.P.
Réponse du Guichet
Méfiance, cette personnalité est pour le moins controversée et défend des théories complotistes non fondées scientifiquement. En outre, il importe de souligner que cette conférence, organisée par un groupe de parlementaires européens d'extrême droite, n'invitait que des personnes aux positions clairement conspirationnistes.
Bonjour,
Peu de journalistes semblent avoir réagi à l’intervention faite par David Martin mais si nous en croyons les rares informations trouvées, cette théorie se rapprocherait des théories conspirationnistes.
Le samedi 3 juin 2023, dans la rubrique Cheknews de Libération, Luc Peillon menait une enquête à ce sujet :
Le Parlement européen a-t-il invité un médecin affirmant que le Covid-19 est une arme «de terrorisme intérieur» ?
Présenté comme intervenant «devant le Parlement», l'américain David Martin a en réalité participé à un colloque organisé par des covidosceptiques et antivax dans une des salles de l'Assemblée. Et non pas devant les eurodéputés.
L'hémicycle européen a-t-il accueilli en son sein un docteur américain qui aurait affirmé, sans sourciller, que le virus responsable du Covid-19 a été découvert en 1956 et constituait une arme «de terrorisme intérieur» ? C'est ce que l'on peut croire à la lecture d'un article du site Today News Africa : «Le Dr David Martin, s'adressant au Parlement européen lors du Sommet international Covid III, a fait une affirmation surprenante selon laquelle la pandémie de Covid-19, responsable de millions de décès dans le monde entre 2020 et 2023, était un acte prémédité de terrorisme intérieur.» Le site ajoute : «Le Dr Martin a évoqué l'importance de prendre la parole au Parlement européen, rappelant son engagement antérieur avec l'institution il y a plus de dix ans, lorsqu'il a mis en garde contre les conséquences de la militarisation de la nature contre l'humanité. Il a exprimé sa gratitude pour l'opportunité de s'adresser à nouveau au Parlement, soulignant la sensibilisation et l'engagement accrus du public autour de la pandémie.» Et d'expliquer que l'homme «a commencé son discours en affirmant que le Covid-19 a été isolé pour la première fois en 1965, il y a plus de cinquante ans».
Dans son intervention, disponible sur la plateforme Odyssée , le «docteur» David Martin, qui est en réalité analyste financier , affirme effectivement avoir été «assis dans ce même fauteuil il y a plus d'une décennie, ici, au Parlement européen», pour une rencontre organisée par «les Verts, l'Alliance libre européenne, et d'autres partis» sur la question des brevets sur les matériaux d'origine biologique.
«Liberté de mandat»
Reste que son intervention du 3 mai ne s'est pas du tout faite devant l'assemblée du Parlement, et donc devant les eurodéputés, mais dans une salle annexe du Parlement à Bruxelles, dans le cadre de la troisième session d'un colloque intitulé l'International Covid Summit (ICS). Et comme nous l'expliquions dans un précédent article , la direction de l'Assemblée européenne n'a «ni organisé ni financé» cet événement, auquel «certains députés européens» ont participé, dans le cadre de «leur liberté de mandat». En l'occurrence, des membres d'Identité et démocratie, groupe de parlementaires européens d'extrême droite (dans les rangs duquel on retrouve par exemple les eurodéputés français RN). Parmi les élus derrière l'organisation de ce «sommet international» : l'eurodéputée Christine Anderson, du parti allemand d'extrême droite AfD, ou encore son confrère roumain, le climatosceptique Cristian Terhes.
En tête d'affiche du monde scientifique, comme lors de l'édition de l'année dernière, se trouvait, côté français, Christian Perronne , démis de ses fonctions de chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en décembre 2020, après avoir tenu des «propos indignes de [sa] fonction». Ce médecin était l'un des principaux participants du film complotiste Hold-up, qui assure que le Covid-19 fait partie d'un «plan global [pour] soumettre l'humanité».
Outre Christian Perronne, d'autres intervenants français étaient au programme. Comme Louis Fouché, ancien médecin réanimateur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et fondateur du site Reinfo Covid . Jouissant d'une très grande popularité chez les personnes opposées à la vaccination anti-Covid, générant même, par sa figure de «gourou»,des inquiétudes quant à de possibles dérives sectaires, il anime désormais d'étranges conférences payantes , comme le révélait CheckNews en novembre. A ses côtés, Amine Umlil, ancien responsable de la pharmacovigilance à l'hôpital de Cholet, révoqué de ses fonctions pour «des actions de propagande anti-vaccinale durant la crise sanitaire». Annoncé dans un premier temps, Didier Raoult , pour sa part, avait finalement renoncé.
Thèse de l'entente entre fabricants de vaccins et médias
Côté international, des intervenants américains comme le controversé Robert Malone , pionnier de l'ARN messager, qui multiplie les prises de parole sur les «risques» des vaccins s'appuyant sur cette technologie, en utilisant des arguments particulièrement contestables . Ou Pierre Kory, médecin dont un article sur l'ivermectine a été rétracté de la revue scientifique dans laquelle il avait été publié car s'appuyant sur des données erronées. Mais aussi Rosanna Chifari, médecin italienne qui dit avoir récemment «constaté» des stigmates christiques chez une femme qui auraient «guéri spontanément lors du Vendredi saint», et qui appelle de ses voeux une commission du Vatican.
C'est donc dans ce cadre que David Martin a tenu ses propos relevant d'une forme de complotisme. «[Le coronavirus découvert en 1965] a été utilisé dans le cadre d'une expérience biologique transatlantique de manipulation humaine. [...] Il s'agit là d'un événement préparé depuis longtemps, affirme-t-il. En 1967 ont été réalisés les premiers essais d'inoculation de coronavirus modifiés à des êtres humains. N'est-ce pas incroyable ? Il y a cinquante-six ans», a-t-il notamment ajouté. Et d'assurer que le premier coronavirus dangereux pour l'homme (Sras de 2003 , découvert en Chine) est issu non pas d'une zoonose (milieu animal) mais de la manipulation d'anciens coronavirus bénins, afin de «s'attaquer à des êtres humains».Avant de suggérer un lien de filiation, et donc une origine également humaine pour le Sars-Cov-2 découvert en décembre 2019, pour finalement évoquer une entente entre fabricants de vaccins et médias dans le cadre d'un «terrorisme domestique prémédité», un «acte de guerre biologique et chimique».
B814, le premier coronavirus bénin
Pour rappel, si l'origine du virus responsable de la maladie de Covid-19 n'a pas encore été établie, et que la piste d'un accident de laboratoire ne peut être exclue à ce stade, les affirmations de David Martin ne s'appuient, à ce stade, sur aucune démonstration sérieuse. Si des expériences dites de gains de fonction sur des coronavirus ont bien été menées, sur financement américain et notamment à Wuhan, en Chine, comme nous l'avons déjà écrit , rien n'indique que le Sars-Cov-2 ait pour origine une manipulation humaine, et encore moins à partir de la souche de 1965.
Par ailleurs, ce n'est pas le Covid-19 qui a été découvert en 1965, comme l'a écrit le site Today News Africa, ou le «corona», comme l'affirme le site d'extrême droite Egalité et Réconciliation, mais bien le premier des sept coronavirus susceptibles d'infecter l'espèce humaine, dénommé B814. Et celui-ci est effectivement bénin, comme le rappelle le blog Réalités biomédicales , à la différence des trois types beaucoup plus sévères identifiés plus tard (Sars-Cov-1 en 2002, Mers-CoV en 2012 et Sars-Cov-2 en 2019).
A noter, enfin, que le «docteur» David Martin a été au centre, dès 2020, d'un documentaire complotiste sur la pandémie, où il expliquait que le nouveau coronavirus a été créé par l'homme et intentionnellement diffusé dans la population, comme le relevaient nos confrères américains de FactCheck.org.
Cet article est paru dans Libération (site web)
Par ailleurs, le site logicallyfacts.com souligne, lui aussi, la proximité de David E Martin avec les mouvances complotistes (traduction effectuée d’après deepl) :
David E. Martin, un conspirationniste connu pour diffuser des informations erronées sur le COVID-19 et les vaccins sur une chaîne YouTube dédiée. Il a également utilisé cette chaîne pour attaquer les vérificateurs de faits pour leurs démonstrations relatives à la pandémie. En mai 2023, il a affirmé, lors d'un sommet international Covid organisé au Parlement européen à Bruxelles, que le coronavirus avait été "intentionnellement libéré" en tant qu'arme biologique par les États-Unis à Wuhan afin de déclencher une pandémie et d'accroître l'acceptation des vaccins par le public, une affirmation souvent répétée qui ne repose sur aucun fait.