Je souhaite avoir des informations sur l'ascenseur mis en place par Louis XIV à versailles
Question d'origine :
Suggestion de titre (non contraignante, lol) L'ascenseur de Louis XIV
Bonjour.
Je me rappelle d’une intervention de Gérard Loussine, comédien français lors du jeu télé l’Academie dès neuf (1982-1987).
Il y racontait que le roi Louis XIV avait instauré (désolé pour mes descriptions triviales mais je veux faire concis) un système « d’ascenseur » au château de Versailles pour ne plus avoir à monter les escaliers.
(Je n’en sais pas plus, je n’en ai jamais su plus), je crois qu’il sortait par la fenêtre d’un étage sur un madrier retenu par des cordages et un systeme de poulies servait à l’élever à la fenêtre de l’étage où il souhaitait se rendre.
Comme vous pouvez le constater, je n’en sais pas beaucoup, ça m’a toujours intrigué et je voudrais en savoir le plus possible.
Sait-on pourquoi les rois suivants n'ont pas continué ? Leurs épouses et maitresses ont été enceintes à Versailles également
Réponse du Guichet

L'ascenseur du château de Versailles a été installé sous Louis XV par le machiniste Blaise-Henri Arnoult afin de faciliter l'accès aux étages de Mme la duchesse de Châteauroux puis de Mme de Pompadour.
Bonjour,
L'ouvrage Versailles pour les nuls de Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson, publié en 2011, fait mention d'un ascenseur qui aurait été installé sur la demande de la marquise La Tournelle, une des favorites de Louis XV et non pas Louis XIV :
Enfin Louis XV jette son dévolu sur la cadette, la marquise de La Tournelle, qu'il titre duchesse de Châteauroux. [...]
Logée somptueusement dans un appartement situé juste au-dessus du château, elle fait, avec l'approbation du roi, installer un vrai ascenseur – œuvre de Blaise-Henri Arnoult, mécanicien et machiniste du roi – pour éviter d'avoir à gravir les étages.
Cet extrait est consultable en ligne via Google livres qui nous donne également une information contenue dans le n°369-370 de L'Architecture française, mai-juin 1973. Il serait question de cet ascenseur dans Un Versailles inconnu : les petits appartements des Roys Lous XV et Louis XVI au Château de Versailles d'Henry Racinais. Toujours grâce à Google Livres, nous pouvons commencer à valider cette indication entérinée par la consultation des chapitres intitulés Les petits appartements du roy : de 1741 à 1742 inclus, p. 60 et Les petits appartements du roy : de 1743 à 1744 inclus, p.66 de cet ouvrage :
Le cabinet de la grande bibliothèque, celui de garde-robe, et le passage à la suite, font place à une seule grande pièce qui devient l'antichambre de la salle à manger et qui communique avec le nouveau degré d'Épernon ou degré Public, construit en 1742. C'est par cette communication que le Roy aura accès, dès 1743, à la machine des Petits Appartements, comme on appelait alors ce qui n'était qu'une "chaise ou fauteuil volant", sorte d'ascenseur, qui sera décrit ultérieurement.
L'emplacement de la machine des Petits Appartements est indiqué par les deux petites cages situées sur le palier du degré d'Épernon.
Dans l'étroit emplacement compris entre le nouvel escalier d'Épernon et le lavoir de la cuisine de Mme de Châteauroux, fut aménagée, dans les six premiers mois de l'année 1743, une "chaise volante" dont font mention les registres des magasins des Bâtiments du Roy du Service d'architecture du château de Versailles, sous l'appellation Machine des Petits Appartements (fig. 41 C).
Les dispositions du plan de l'appartement de Mme de Châteauroux (cf. fig.n°40, lettre B) indiquent que la "chaise volante" était uniquement à la disposition de la duchesse. Par la suite, en 1745, puis en 1748, elle servira à la marquise de Pompadour. C'était un véritable ascenseur, manœuvrant au moyen d'une roue et d'un contrepoids équilibré, évoluant dans une cage de l'escalier public d'Épernon, lesquels étaient empruntés par le service des cuisines des Petits Appartements.
De son Grand et de ses Petits Appartement, le Roy avait accès à la chaise volante, comme le prouvent les plans des figures n°s 16 et 17.
Les registres des magasins des Bâtiments du Roy du Service d'architecture du château de Versailles confirment ce qui vient d'être exposé, pour les années 1743 et 1744.
16 novembre 1743. — Soudure livrée au sieur Lucas, plombier, employée à faire des nervures et attaches aux terrasses neuves à côté de la Machine des Petits Appartements ............. 105 livres
26 novembre 1743. — Soudure livrée aux sieurs Lucas et Denis, plombiers, employée à faire les nervures du balcon du Roy, de la terrasse de la cuisine basse de Mme de Châteauroux et soudures et attaches et cassures de plombs au-dessus de chez Mmede Lauraguay ............. 263 livres
20 décembre 1743. — Vieux plomb donné pour la cuisine de Mme de Châteauroux au poids de tournebroche ............. 147 livres
29 janvier 1744. — Carreaux de glaces blanches donnés au sieur Bonnet pour la Machine des Petits Appartements, 6 de 13 po sur 10 po ............. 6 glaces
30 janvier 1744. — Sortie pour la Machine des Petits Appartements une porte à deux parements de 7 po 4 po sur 2 po 1/2 et quatre toises de lambourdes et 4 po de plinthes ............. Menuiserie
3 mars 1744. — Donné au sieur Clicot, menuisier, une porte de 6 po 1/4 sur 3 po pour la Machine des Petits Appartements
15 mais 1744. — Donné une vieille chaudière en cuivre, venant des bains de Mlle de la Roche-s.-Yon, pour les bains de Mme la duchesse de Châteauroux ............. Chaudière
Les extraits de devis, mémoires, comptes, des Archives nationales donnent la date de la construction de la Machine des Petits Appartements, ainsi que celle d'une réparation effectuée en 1745 :
Carton 011813. — " De l'ordre verbal de Monseigneur Orry, et nous Ange Gabriel, avons procédé à la réception des ouvrages et fournitures d'une chaise volante contenue au présent mémoire faits pour le service du Roy au château de Versailles, pendant les six premiers mois de l'année 1743 par le sieur Arnoult, machiniste, desquels ouvrages nous avons dressé notre procés-verbal et arrêté le mémoire à la somme de 4.892 livres."
Carton 011814. — "Nous, conseillers du Roy, intendant et contrôleur général, etc., certifions que les ouvrages de réparations contenus au présent mémoire ont été faits pour le service du Roy pour le rétablissement d'une chaise volante dans la cour des Cerfs au château de Versailles, pendant l'année 1745 par le sieur Arnoult, machiniste, lequel mémoire nous avons arrêté à 328 livres."
Fait à Versailles, le 15 mars 1746.
Signé : Gabriel.
La figure n°41A représente l'élévation de la façade du nouvel escalier d'Épernon, construit sur la petite cour du Roy (cf. plan général de la figure n°35) avant l'augmentation faite la même année pour contenir la Machine des Petits Appartements.
Cette augmentation est représentée par la figure n°41B. La tourelle coiffant la cage de la "Machine" se raccorde à une petite pièce, soutenue dans le vide de la courette par un plancher, qui n'est autre que le lavoir de la cuisine de Mme de Châteauroux et Mme de Pompadour.
On remarque au rez-de-chaussée, derrière la pile en pierre portant l'encorbellement de la façade de l'escalier, l'ancienne façade présentant une baie de fenêtre. Jusqu'au bandeau couronnant le premier étage, l'architecture, en harmonie avec celle des autres façades de la cour, est en pierre et fausse brique peinte ; les élévations au-dessus sont construites en pan de bois ravalé en plâtre.
Le départ du nouvel escalier se situe dans le bâtiment en retour, comme l'indique la coupe du document.
La figure n°40, lettre B ne figure pas dans le deuxième volume du livre Un versailles inconnu : les petits appartements des Roys Lous XV et Louis XVI au Château de Versailles réunissant les planches mais voici les autres dans l'ordre où elles sont citées :
fig. 41 C
fig. n°41A
fig. n°41B
Le site La France pittoresque cite également l'ouvrage Le Château de Versailles sous Louis XV, paru en 1898, rédigé par l’historien et poète Pierre de Nolhac qui "évoque l’existence du premier ascenseur ayant équipé la royale demeure et offrant au monarque de rejoindre aisément Madame de Pompadour" :
Nous lisons ainsi, page 204 : « Ne quittons pas le premier appartement de Mme de Pompadour sans emprunter encore au rapport du 8 août 1748 le détail assez curieux que voici : Le fauteuil volant est en état d’aller, mais il ne sera possible de coller de la toile dans le pourtour intérieur de sa cage, pour la propreté, que pendant Fontainebleau, à cause de l’humidité des plâtres. Il est ici question d’un véritable ascenseur dont les plans sont conservés et qui fut démonté en 1754. Le duc de Croy parte en 1760 d’un appareil de ce genre qui fonctionnait à Chantilly et le nomme la chaise à se guinder, mais je ne crois pas qu’il y en ait eu à Versailles d’autre exemple que celui de Mme de Pompadour ».
L'ouvrage Versailles secret et insolite : le château, ses jardins et la ville de Nicolas Jacquet serait également susceptible de contenir des informations qui pourraient vous intéresser.
Bonne journée