Que pouvez-vous me dire sur la Pala d’Oro de la basilique Saint-Marc ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai entendu parler de la Pala d’Oro dans un article sur la basilique Saint-Marc.
Pouvez-vous m'en dire plus sur cette oeuvre?
Merci
Réponse du Guichet
La Pala d'Oro est un retable doré décoré de panneaux émaillés, commandée en 976 par le doge Pietro Orseolo.
Bonjour,
Giandomenico Romanelli dans L’art de Venise présente cette merveille :
La pala d’Oro, ce chef d’œuvre de l’orfèvrerie vénéto-gothique, qui remploie des matériaux byzantins provenant de Constantinople, est le fruit de plusieurs interventions et de différentes modifications. La première « pala » (« tableau d’autel »), qui fut commandée à Constantinople en l’an 976 par le doge Pietro Orseolo Ier, fut considérablement enrichie en 1105, à l’initiative du doge Ordelaffo Falier, et en 1209, à la demande du doge Pietro Ziani, qui fit ajouter les sept grands émaux du registre supérieur. Ces émaux qui proviennent selon toute probabilité du monastère du Pantocrator de Constantinople, furent apportés à Venise en 1204, lors de la Ive Croisade. La pala doit son aspect actuel à l’orfèvre vénitien Giovanni Paolo Boninsegna qui créa en 1342, à la demande du futur doge Andrea Dandolo, une grandiose structure gothique en argent doré, agrémentée d’une série d’émaux byzantins et enrichie d’une centaine de pierres précieuses, disposées autour du grand émail représentant saint-Michel archange, lequel est encadré, lui aussi, par une couronne de seize médaillons figurant des saints. Le tout est enchâssé dans un cadre somptueux serti de 27 émaux cloisonnés, œuvres d’artistes grecs actifs à Venise au XIVe siècle.
Par ailleurs, l'auteur revient sur le butin d’œuvres byzantines saisi par les vénitiens lors du sac de Constantinople dont les émaux de la partie supérieure de la Pala d’oro :
L’histoire de la possession de ces émaux, qui représentent six des douze fêtes byzantines ainsi que l’archange saint Michel, est particulièrement intéressante. Les vénitiens s’en emparent en démantelant l’ensemble dont ils font partie. Les fêtes byzantines étaient donc initialement au nombre de douze et non de six et, à l’évidence, n’incluaient pas au centre la représentation de saint Michel. En outre, la disposition de ces six émaux ne correspond pas au déroulement des scènes représentées. Ainsi, la Crucifixion suit la descente aux limbes ; au lieu de la précéder. Certaines scènes des grands émaux apparaissent déjà sur la Pala d’origine, qui date des débuts du XIIe siècle, elles constituent donc une inutile répétition. Ces incohérences laissent penser qu’aux yeux des Vénitiens cette Pala, agrandie des grands émaux saisis à Byzance au cours de la croisade, a acquis une valeur moins liturgique que d’objet de prestige « impérial ». Provenant du monastère de Pantocrator, lieu de sépulture des empereurs, ces émaux sont donc censés conférer un surcroît de splendeur au sanctuaire qui abrite les reliques de saint Marc, symbole de l’État vénitien. Si la date d’arrivée à Venise des autres trésors constantinopolitains reste incertaine, il est très probable que les émaux sont transportés assez tôt pour être placés dans la nouvelle partie supérieure de la Pala en 1209, à la demande du doge Pietro Ziani.
Jacqueline Launay décrit elle aussi cette œuvre d'art dans Petite histoire des Peuples - 5 -: "des Dieux et des Hommes :
Chef d’œuvre d’or et d’argent émaillé exécuté en 1105 à Constantinople, certainement par un important orfèvre byzantin, commandé par le doge Pietro Orseolo (976-978). Les figures évangélistes et la vie de Saint-Marc ornant la partie inférieure de la Pala d’Oro sont datées de 1205-1229.
Il s’agit d’un panneau épais de bois recouvert de feuilles d’argent et d’or, enrichi de pierres précieuses et d’émaux dont une partie provient certainement du monastère Pantocrator à Constantinople, apporté à Venise au 13ème siècle. La forme de la Pala d’Oro a été modifiée en 1345.
Son programme autour d’une théophanie divisée en deux parties principales :
-En haut, 6 des 12 fêtes de l’année liturgique représentées autour de l’archange Saint-Michel : de l’entrée à Jérusalem jusqu’à l’Assomption de la Vierge.
-En bas, le Christ (Pantocrator « le tout puissant ») est entouré des 4 évangélistes.
-La vie de Saint Marc se trouve représentée sur les côtes, dans les deux bandes latérales.
La partie inférieure de la Pala d’Oro obéit à un schéma théologique bien défini : l’ordre de la hiérarchie céleste constitué par les 3 bandes superposées des Anges, des Apôtres et des Prophètes (de haut en bas).
Si vous souhaitez approfondir la question, vous pourrez parcourir ces articles, scientifiques rédigés en italien ou en anglais :
Monographies
- La Pala d'oro Dell'I. R. Patriarcale Basilica Di S. Marco : considerata Sotto I Risguardi Storici, Archeologici Ed Artistici / Bellomo, Giovanni Luigi, 2019.
- La Pala d'oro / a cura di H. R. Hahnloser e R. Polacco. - [Nuova ed.], 1994.
- Il tesoro di San Marco. La pala d'oro / textes. i di W. F. Volbach, A. Pertusi, B. Bischoff, H. R. Hahnloser... [et al.], 1965.
Articles :
- Sara Filippin, "la pala d'oro nella basilica si san marco tra incision e fotografia", Saggi e Memorie di storia dell'arte, No. 40 (2016), pp. 240-259.
- Caselli, Letizia, "I gioielli di Mastino II della Scala e la Pala d’oro", in Oreficeria sacra a Venezia e nel Veneto, 2007, p. 177-189.
- David Buckton, John Osborne, "The Enamel of Doge Ordelaffo Falier on the Pala d'Oro in Venice", Gesta, Vol. 39, No. 1 (2000), pp. 43-49.
- Debra Pincus, "Venice and the Two Romes: Byzantium and Rome as a Double Heritage in Venetian Cultural Politics", Artibus et Historiae, Vol. 13, No. 26 (1992), pp. 101-114.
- Polacco, Renato, "La Pala d’oro di San Marco dalla sua edizione bizantina a quella gotica", Sculture, tesoro, arazzi, 1998, p. 368-379.
- Taburet-Delahaye, Elisabeth, "Gli arricchimenti apportati alla Pala d’oro nel 1342 - 1345 e le oreficerie di confronto", in Sculture, tesoro, arazzi, p. 352-367.
- Goffen, Rona, "Il paliotto della Pala d’oro di Paolo Veneziano e la committenza del doge Andrea Dandolo", in San Marco, 1996, p. 313-333.
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