Pourriez-vous m'en dire plus sur la notion d'acceptation radicale ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai entendu parler de la notion d'acceptation radicale, dans des discussions autour de la santé mentale. J'ai vu qu'elle avait été popularisée par un livre de Tara Brach.
Pourriez-vous m'en dire plus sur les fondements d'une telle notion ? D'où cette idée tire-t-elle ses origines (philosophique, psychologique, spirituelle...) ? Est-ce que cela fait l'unanimité ou est-ce sujet à controverses, notamment dans le champ de la santé ? Qu'en pense la communauté scientifique et médicale ?
Merci beaucoup pour vos lumières.
Réponse du Guichet
La théorie de l'acceptation radicale se fonde sur la philosophie bouddhiste et on la retrouve dans la thérapie ACT, forme de psychothérapie développée par Steven C. Haye.
Bonjour,
Tara Brach est psychologue clinicienne et professeure de méditation bouddhiste. Elle a publié en 2003 : Radical Acceptance : Embracing Your Life With the Heart of a Buddha. Inspirée du bouddhisme et de son propre vécu professionnel, elle a élaboré cette théorie de l'acceptation radicale consistant à affronter la situation telle qu'elle est pour la dépasser.
"Radical Acceptance est un traité sur la façon dont l'intégration de la spiritualité bouddhiste et des pratiques méditatives peut s'associer à la psychothérapie occidentale, pour nous aider dans la guérison et le développement personnel." (source : Briefer)
On en trouve une présentation dans cet article :
N'imaginez pas un instant que l'ouvrage prône la passivité ou la résignation ! Au contraire, il milite en faveur de l'acceptation du réel comme préalable à toute action réfléchie, lucide et efficace.
Grâce au déroulé d'un raisonnement, où se mêlent méditations guidées et anecdotes personnelles, Tara Brach indique comment prendre le temps d'observer le réel et de réfléchir à son impact. Problème, rappelle le psychiatre et essayiste Christophe André, dans la préface du livre, il est difficile d'accepter... la violence, l'injustice, la guerre, la torture.
La doxa ambiante n'enjoint-elle pas de se battre autant contre le monde tel qu'il est que contre la réalité de difficultés personnelles ou professionnelles, d'une maladie, d'un handicap, du vieillissement ? Certes, mais « ne pas accepter conduit à la colère, au conflit, à l'énervement et à l'épuisement. (...) Refuser le réel est presque toujours toxique, et provoque une dose supplémentaire de souffrance qui est une double peine : la souffrance du réel qui nous heurte, et la souffrance que nous nous infligeons en ne l'acceptant pas », prévient Christophe André. Au contraire, l'acceptation radicale de soi et de l'environnement réel nous rendrait enfin capable de regarder bien en face ce qui nous plaît et nous déplaît et cette capacité pourrait bouleverser notre vie. Car, en « nous adaptant d'abord à la marche du monde », nous serions ensuite en capacité de comprendre si nous pouvons y changer quelque chose, et comment le faire.
source : L'été pour s'accepter... radicalement / Muriel Jaso - Les Echos Business - 11 juillet 2016
On retrouve cette posture d'acceptation radicale dans la thérapie ACT :
La thérapie d'acceptation et d'engagement (en anglais, acceptance and commitment therapy ou ACT) est une forme de psychothérapie qui prend son origine dans les thérapies cognitivo-comportementales et correspond à la troisième vague de celles-ci. Cette psychothérapie fut élaborée par Steven C. Hayes et fut testée par Robert Zettle en 1985, mais elle fut réellement développée et finalisée fin des années 1980. Il existe une grande variété de protocoles qui dépendent de la cible thérapeutique.
L'objectif de cette thérapie n'est pas la suppression des sensations de difficulté, mais plutôt d'apprendre à faire face à ce que la vie nous amène et d'évoluer vers des comportements recherchés. Cette thérapie demande aux patients de s'ouvrir aux émotions déplaisantes et à apprendre à ne pas sur-réagir à celles-ci, ainsi qu'à ne pas chercher à éviter les situations qui les font surgir. Pour y parvenir, cette thérapie fait la promotion de la flexibilité psychologique qu'elle définit selon 6 processus : la défusion, l'acceptation, la pleine conscience, le soi observateur, les valeurs et les actions engagées.
[...]
L'ACT a été étudiée et validée sur de nombreuses pathologies, dont :
- le trouble de l'anxiété sociale ;
- la dépression ;
- la réduction du stress et l'amélioration du bien-être sur les patients atteints de cancer ;
- l’arrêt du tabac ;
- la prévention de la ré-hospitalisation de patients psychotiques.
source : Wikipedia
Pour aller plus loin :
- L'acceptation radicale / Tara Brach est disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon : L'acceptation radicale
- Un esprit libéré : le guide de la thérapie d'acceptation et d'engagement (ACT) / Steven C. Hayes
- Passez à l'ACT : pratique de la thérapie d'acceptation et d'engagement / Russ Harris
- Faire face à la souffrance : choisir la vie plutôt que la lutte avec la thérapie d'acceptation et d'engagement / Benjamin Schoëndorff ; préf. Christophe André et Steven C. Hayes
- La thérapie d'acceptation et d'engagement / François Bourgognon, Claude Penet
- The Strength of Self-Acceptance Theory, Practice and Research, ouvrage qui propose un article sur Self-Acceptance in Buddhism and Psychotherapy
- STEELE Kathy, BOON Suzette, VAN DER HART Onno, « Chapitre 1. La dissociation comme non-réalisation », dans : Traiter la dissociation d'origine traumatique. Approche pratique et intégrative, sous la direction de STEELE Kathy, BOON Suzette, VAN DER HART Onno. Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, « Carrefour des psychothérapies », 2018, p. 23-55.
Bonne journée