Pourquoi voit-on des horloges astronomiques dans des cathédrales ?

Bonjour,

Le premier document mentionnant la présence d'une horloge dans la cathédrale Saint-Jean date de 1379. ("L’horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean de Lyon" publié par par l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne). Alors pourquoi une horloge dans une cathédrale ?

• L'importance de la mesure du temps dans la chrétienté

Dans la construction du monde chrétien, la mesure du temps est fondamentale. David S. Landes le rappelle dans L’heure qu’il est. Selon lui, il est même possible que "l’intérêt pour la mesure du temps [ait] conduit à l’invention de l’horloge".

C’est avec la mise en place du clergé régulier (qui vit selon des règles) que le découpage du temps se doit d'être encore plus précis qu'auparavant. La Règle de Saint Benoit, exemple majeur, organise la vie autour de temps de prière, les offices divins, tout à fait rythmés : laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies pour le service de jour ; matines pour celui de nuit.

Dans Les rythmes au Moyen-Age, Jean-Claude Schmitt rapporte que :

Roland Barthe voyait dans cette Règle [de Saint Benoit] un moment décisif de l'histoire occidentale des rythmes : le moment du triomphe de l'hétérorythmie du pouvoir qu'ont les détenteurs d'une autorité [...] d'imposer aux individus un rythme qui bride et étouffe leur idiorythmie, leur recherche d'individuation dans le le rythme.

Ces régularités de la prière et des autres activités s’étendent au reste de la communauté environnante. «L’horloge et la cloche était un indispensable instrument d’organisation et de contrôle» (David S. Landes).

Antoine Grand, dans "L'horloge astronomique de la cathédrale de Lyon, de 1899, (consultable en ligne sur Google books) rappelle dans une note de la première page :

Il est de tradition que notre cathédrale a possédé de tout temps une horloge destinée à régler l'office public, qui là plus qu’ailleurs, se célébrait avec une pompe et une exactitude infinie.

 

Dans Les rythmes au Moyen-Age, à propos des horloges, Jean-Claude Schmitt précise :

Seules les horloges mécaniques de la fin du Moyen-Age pourront satisfaire à des critères de précision plus rigoureux, qu’aucune urgence politique ou sociale n’imposait encore dans les siècles précédents.

Au passage, il explique que les coqs des sommets des églises sont eux aussi un symbole de la scansion du temps, notamment celui du lever du jour.

• Le prestige

Ces horloges sur de tels monuments avaient également une fonction de prestige.

Toujours le même Jean-Claude Schmitt explique :

A partir du XVe siècle, les rois et les villes principales se font gloire de pouvoir financer de tels mécanismes, fruit de prouesses technologiques sans précédents.

Dans un article publié sur l'ENS-Lyon, on peut lire :

Les grandes villes du Moyen-Âge investirent parfois des sommes considérables pour réaliser sur leurs Hôtels de Ville ou dans leurs cathédrales des horloges monumentales «à rouages» munis d’automates et parfois même de cadrans astronomiques.

• L’horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean : un exemple majeur mais pas unique

L’horloge remarquable de Saint-Jean n’est pas la seule associée à une cathédrale : celles de Beauvais, celles de Münster, celle de Strasbourg, de Cluny, de Bourges, de Besançon, de Saint-Omer sont souvent citées.

Pour approfondir vos connaissance sur l'horloge de Saint-Jean, vous pouvez notamment consulter "L’horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean de Lyon" publié par par l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne.