Comment analyser le paradoxe entre investissement responsable et financement des énergies fossiles ?
Question d'origine :
Bonjour le guichet,
Je mène un travail sur le paradoxe des intermédiaires financiers (Principalement Banques, assurances et Asset managers) qui prônent l'investissement responsable tout en continuant de financer les entreprises des énergies fossiles (Pétrole, gaz, charbon...).
Je me penche plus particulièrement sur les obligations des énergies fossiles face aux obligations vertes. J'aimerai comparer les performances financières des deux secteurs (est-ce qu'un type d'obligation est plus performante que l'autre ?) afin de comprendre pourquoi les investisseurs continuent de financer les énergies fossiles alors que la tendance est au vert. Cependant, je ne sais pas quels indices boursier obligataire comparer pour que mon analyse soit pertinente.
Auriez-vous des idées ?
Et pourriez-vous m'aider à trouver plus de données qui pourraient m'aider à analyser ce paradoxe ?
Et pourriez-vous m'aider à comprendre pourquoi de manière générale ce sont les banques qui sont accusées de financer les énergies fossiles et non les assurances et asset managers (alors qu'elles le fond tout autant) ?
En vous remerciant d'avance pour votre réponse !
Réponse du Guichet

Pour analyser le paradoxe des structures prônant l'investissement responsable tout en finançant des entreprises investies dans les énergies fossiles, vous pouvez consulter le rapport Banking on Climate Chaos et les nouveaux indicateurs de la Banque centrale européenne. Les obligations vertes rapportent à peu près autant que les obligations traditionnelles.
Bonjour,
Concernant le financement de projets dans les énergies fossiles par des banques communiquant sur l’investissement responsable, nous vous conseillons de consulter le rapport Banking on Climate Chaos qui classe les soixante principales institutions bancaires mondiales selon leur participation au financement de projets liés aux énergies fossiles.
En outre, les nouveaux indicateurs de la Banque centrale européenne pourraient également constituer des données intéressantes pour votre recherche. Ces indicateurs ont été conçus pour évaluer les liens entre le changement climatique et le secteur financier.
Dans un article sur le sujet, Les Echos indiquent
D'autres indicateurs portent sur les émissions de carbone financées par les institutions financières. C'est-à-dire l'intensité carbone des portefeuilles de titres et de prêts des institutions financières, ou leur exposition à des contreparties très émettrices de CO2. Les premières données suggèrent que les activités les plus intensives en carbone sont financées par le secteur bancaire, souligne la banque centrale.
Ce financement des activités particulièrement intensives en carbone par les banques explique peut-être le fait que les banques soient particulièrement accusées de financer les énergies fossiles.
Nous n’avons pas trouvé de document comparant les avantages financiers des obligations spécifiquement liées aux énergies fossiles et des obligations vertes, toutefois, Julien Lefournier, cité par Le Monde, dans l’article Le mirage de la « finance verte » propose une comparaison entre une obligation verte et une obligation traditionnelle
Faut-il pour autant rejeter l'ensemble de la « finance verte » ? Après tout, une obligation verte qui aide à financer des éoliennes ou des panneaux solaires n'est-elle pas une bonne chose ? M. Lefournier n'y croit pas : soit ces investissements sont rentables, et les investisseurs seraient venus, de toute façon; soit ils ne le sont pas, et la finance n'ira pas, affirme-t-il. Il en veut pour preuve le prix des obligations vertes, qui, aujourd'hui, est exactement le même que pour les obligations traditionnelles.
Les chiffres de l'Association des marchés financiers en Europe le confirment. Entre avril et juillet, une obligation verte rapportait en moyenne... 0,01 % de plus qu'une obligation traditionnelle. Autrement dit, rien. L'écart avait brièvement atteint 0,09 % à l'acmé de la pandémie, mais l'effet n'a pas duré. A l'évidence, les investisseurs ont la même exigence de rentabilité, ESG ou pas.
Pour approfondir le sujet
dans la collection de la bibliothèque
La finance face aux limites planétaires, Dominique Bourg, Philippe Zaouati, 2023
La finance verte, Jean Boissino, 2022
L'illusion de la finance verte, Alain Grandjean, Julien Lefournier, 2021
Placements verts, mythes et réalités, Guillaume Sommerer, 2021
en ligne
La finance verte, une impasse ?, avec Alain Grandjean et Lorette Philippot, La terre au Carré, 2021
Les pâles promesses de la finance verte, avec Dominique Plihon, Julie Evain, Jacques Igalens, Cultures Monde, 2021
Finance « verte » : greenwashing en cours,Youness Bousenna, Socialter, 2022