Qu'est-ce qui existait à l'emplacement de l'hôtel Tolozan avant sa construction ?
Question d'origine :
Bonsoir,
pourriez-vous me dire ce qui existait à l'emplacement de l'hôtel Tolozan avant a construction ?
D'avance mercvi. Cordialement.
Réponse du Guichet
Le bel hôtel Tolozan, témoin de l’architecture du XVIIIe siècle fut construit en 1765 par l’architecte Ferdinand Delamonce sur le port Saint Clair pour en faire la demeure de Louis Tolozan de Montfort, prévôt des marchands soyeux de Lyon et son siège de ses affaires. Auparavant, cette partie de la rive droite du Rhône était ensablée et souvent inondée. Une chapelle et sa recluserie Saint Clair était autrefois installée en bas d’un escalier conduisant à la rue des Fantasques, consacrée à Saint-Clair pour la guérison des maladies des yeux. C’est en 1749 que le Consulat créa le quartier Saint Clair sur les terrains conquis du Rhône. A partir de cette transformation, on vit s’installer dans de magnifiques immeubles sur le quai Saint Clair de nombreux négociants lyonnais. Pendant longtemps, il y eu là sur le Rhône des moulins dont le dernier disparut en 1894.
Les plans parcellaires de Lyon (1861-1995), les cartes et plans de Lyon (vers 1550-1985) numérisés par les Archives municipales de Lyon, ainsi que le cadastre napoléonien établi à partir de 1807 présent et numérisé aux Archives départementales du Rhône ne permettent pas de trouver des emplacements d’immeubles antérieurs au 19e siècle.
En effet, le plan parcellaire au 1:500e localisant la place Tolozan (secteur 120) remonte au plus loin à l’année 1880. A cette époque, l’hôtel Tolozan appartient au Comte de Lambry. Il en va de même pour la recherche sur la place Tolozan dans la base de recherche sur les plans de Lyon.
Aussi nos recherches se portent dans les ressources documentaires dont nous disposons à la bibliothèque sur ce quartier du bas de pentes de la Croix-rousse en rive droite du Rhône. Voici la liste des sources consultées:
Lyon, connaître son arrondissement : Le 1er / par Jean Pelletier, 2009
La colline de la Croix-Rousse / par Josette Barre, 2007
Dictionnaire de lyonnaiseries : les hommes, le sol, les rues : histoires et légendes. Tome IV / Louis Maynard
Dès 1512 les Pentes appartiennent à Lyon. Aux côtés des cultivateurs et des jardiniers s’installent dès la fin du XVIe siècle des congrégations religieuses, dont les premiers, les Chartreux en 1584. En moins d’un siècle, jusqu’en 1665 les Pentes vont ainsi attirer 13 communautés religieuses; ils détiennent ainsi la majorité des terrains.
La rive droite suscite aussi un intérêt nouveau depuis qu’en 1749 les architectes Sofflot, Millanais, Morand et Rater ont obtenu le droit de relier à la terre ferme une île située en aval du bastion Saint-Clair. Sur ces terrains, ils ont édifié le nouveau quartier saint Clair avec ses immeubles de style classique. Un quai neuf facilite désormais la circulation jusqu’au bastion. A partir de 1769 sera créé une nouvelle route de Bresse, le futur cours d’Herbouville. L’architecte Antoine Rater chargé des travaux possède des terrains qu’il fera lotir (montée Rater).
Aussi, n'ayant pas pu déterminer avec exactitude la nature de l'occupation sur l'emplacement de l'hôtel Tolozan avant sa construction en 1765, nous vous proposons de poursuivre vos recherches en demandant aux archives départementales du Rhône la consultation des minutes des notaires de la ville de Lyon (1380-1946) qui vous permettront peut-être de confirmer ou pas l'existence de biens immobiliers antérieurs à la construction de l'hôtel Tolozan dans un secteur où comme nous l'avons vu les congrégations religieuses et le clergé étaient largement propriétaires à cette période. Nous vous conseillons également de vous rendre aux archives municipales de Lyon pour approfondir vos recherches sur des cartes et plans avec l'aide des archivistes.
Quant à l’hôtel particulier Tolozan dressé sur la petite place du même nom au n°19, dans le premier arrondissement au bas des pentes de la Croix-Rousse, il fait partie d’un ensemble d’immeubles de rapport construits en pierres de «choin» de couleur blanche et différent totalement de ceux de la Renaissance par l’apparition d’escaliers monumentaux incorporés aux bâtiments. Leurs dispositions intérieures sont aussi différentes avec la multiplication des pièces qui sont, sauf en haut, munies de cheminées; les fenêtres sont ouvertes vers la rue plus que sur les cours intérieures et munies à l’étage de balcons en saillie avec balustrades en fer forgé.
Dans cette vaste bâtisse demeure le souvenir de Joseph Fouché qui a été le véritable organisateur de la répression qui s’est abattue sur Lyon au cours de l’hiver 1793, sur ordre de la Convention. Il y séjourna pendant 5 mois avec son épouse lorsqu’il fut dépêché à Lyon par le Comité de salut public afin de veiller au rétablissement de l'ordre dans cette ville ayant osé se dresser contre le pouvoir jacobin et ses représentants sur place.
Sources:
- Article « Chef d’orchestre de la Terreur », Joseph Fouché avait séjourné à l’hôtel Tolozan / Le Progrès du dimanche 22 janvier 2017
- Article Wikipédia sur Louis Tolozan de Montfort avec une photo sur l’entrée de l'hôtel particulier au n°19 place Tolozan à Lyon ainsi que des nombreuses références d’archives.
- Une photo d’ensemble de l'hôtel Tolozan sur la base Photographes en Rhône-Alpes : prise par Pierre Clavel (1924-2009)
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